Ce soir, à Voir, vous verrez l'entrevue que Marie-Josée Croze a accordée à Sébastien Diaz lors de son bref passage à Montréal pour la promotion de Je l'aimais de Zabou Breitman, d'après le roman d'Anna Gavalda. Pour ma part, j'ai eu le plaisir de m'entretenir avec elle au téléphone la semaine dernière. En attendant de pouvoir lire l'entrevue dans nos pages, voici quelques extraits coupés au montage à propos de…
La nature de son personnage : « Mathilde, c'est une femme amoureuse, qui déborde d'amour pour un homme tout fait normal qu'elle rencontre dans le cadre du travail. C'est juste un coup de foudre. J'ai imaginé que Mathilde avait peut-être eu des histoires comme celle-là dans sa vie, mais que cette fois-là, le coup de foudre va donner lieu de vrais sentiments profonds. Ce que je trouvais aussi payant dans le scénario, c'est que Mathilde passe de l'éblouissement, de la joie de vivre, à quelque chose de beaucoup plus sombre. Pour un acteur, c'est un parcours intéressant. »
Jouer les flashbacks : « Dans les films racontés de cette faon, il faut vraiment soigner les flash-back parce qu'on est la fois dans le monde réel et le monde fantasmé. Celui-ci est toujours un peu stylisé, travaillé d'une autre manière. C'est un rythme, un ton que l'on trouve lors du tournage; je dirais que l'on pousse un peu plus le réel. C'est très fin, subtil, mais on ne travaille pas le réel comme le flash-back ou le rêve. Tout ça a à voir avec la mise en scène, les costumes. C'est sûr que moi, je savais que je jouais les flashbacks, donc dans ce cas-là, on appuie un peu plus sur les choses parce qu'elles sont embellies par le souvenir. On ne peut pas être dans les couleurs pastel, mais dans les couleurs vives. »
Le tournage en Chine : « Ce qui m'a étonnée lorsque nous sommes arrivés en Chine, c'est que personne dans l'équipe chinoise ne prenait d'initiatives, tout le monde restait immobile attendre. Je demandais Zabou s'ils étaient fainéants, pourquoi on ne m'apportait pas de chaise ni ne me demandait si j'avais soif; on tournait 45 degrés, il faisait chaud! Elle me répondait simplement parce que c'était une culture différente. Ce n'est qu la troisième journée qu'ils ont pensé amener une personne qui interprèterait les paroles, de sorte que tout le monde puisse se comprendre. Le problème lorsqu'on tourne à l'étranger, c'est la langue. Dès que l'interprète est arrivé, tout s'est très bien passé. »
Son statut d'actrice en France: « Au Qubec comme partout ailleurs, on peut faire 75 films, mais c'est seulement une petite poigne de cinéphiles qui vont les voir. Ma passion, c'est le cinéma, pour d'autres, le cinéma est un divertissement; le dimanche, je cours la Cinémathèque pour voir des vieux films. Je tourne beaucoup de films d'auteur, c'est pour cela que je suis respectée et connue dans le milieu. J'ai une certaine cote d'amour parce que les gens respectent le monde comme moi. C'est pas une question de courir les tapis rouges, quoique ce n'est pas si grave que d'assister l'ouverture dune boutique. Ce qui finit par être grave, c'est daller faire des gros films ou on est beaucoup payé, qu'on sait dès le départ que ce sera une grosse merde et qu'on sera forcé à promouvoir. Aux yeux des producteurs, tu deviens une fille facile et ils t'oublient. Comme je le disais à Tony Gatlif et à Julie Lopes-Curval, lorsqu'on est venus au FFM, ce qui est formidable au Québec, c'est que les journalistes sont capables de faire la part des choses entre les films de divertissements et les films d'auteur. Avec les petits films artistiques que je fais, je me sens libre d'accepter ou non la promotion. Les gens savent que j'ai une intégrité, que je dis ce que je pense, que je suis très cash. Lorsque je refuse un film, on me propose de faire croire que je ne suis pas libre, moi, je préfère avouer que le projet ne m'intéresse pas. J'ai refusé trois films avec Vincent Lindon, une fois avec Benoît Poelvoorde! Je préfère rester chez moi et me promener avec mon chien. Évidemment, je me ferme des portes aussi… disons que je n'ai pas choisi le chemin le plus facile. »