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« La soirée a été tellement longue que maintenant Avatar se passe dans le passé », s'est écrié Steve Martin, au côté de Kathryn Bigelow, qui semblait
au bord de l'évanouissement tant elle n'en revenait pas d'avoir battu son ex James
Cameron 6 à 3 dans cette longue bataille entre The
Hurt Locker et Avatar.
Certes, si la réalisatrice se rappellera cette soirée-là tout
le reste de sa vie – c'est pas tous les jours qu'on remporte un oscar et qu'on
défonce un plafond de verre comme le rappelait ma consoeur Josée Legault dans
son entrée de blogue sur les Oscar -, ce n'est sans doute pas le cas du commun
des mortels. C'est vrai qu'elle était longue cette 82e cérémonie des
oscars ! Et surtout, elle comportait peu de surprises. À un moment donné,
je me suis demandé si ce n'était pas une reprise des Golden Globes.
Heureusement, il y avait un peu de suspens quant à savoir qui
remporterait le plus grand nombre de prix entre le percutant drame de guerre
indépendant de Bigelow et le colossal film à effets spéciaux 3D de Cameron. Du
côté des surprises, je ne croyais pas que Up in the Air du Montréalais Jason Reitman, que
plusieurs de mes confrères ont adoré (contrairement à moi) reparte bredouille,
pas plus que je ne m'attendais à voir triompher El Secreto de sus ojos comme meilleur film en langue étrangère. Je meurs d'impatience de voir
ce film que les membres de l'Académie ont trouvé supérieur au Prophète de Jacques Audiard et au Ruban blanc de Michael Haneke.
Contrairement à l'année dernière, où nous pataugions encore en
pleine récession, je m'attendais à ce que l'édition 2010 soit plus éclatante.
De fait, dès le lever du rideau, les 10 acteurs mis en nomination
resplendissaient sur scène, seule la jeune Gabourey Sidibe semblait vraiment
savourer ce moment (« Work it girl ! », comme dirait un célèbre
blogueur américain). Ils ont toutefois fait bientôt place à Neil Patrick Harris
(oui, oui, le docteur Doogie !), qui a poussé la chansonnette et fait
quelques « steppettes » entourées de danseuses couvertes de plumes.
Wow ! La soirée sera digne de l'âge d'or de Hollywood, ai-je naïvement
pensé…
Sont enfin arrivés Steve Martin et
Alec Baldwin, les deux animateurs de la soirée, qui
ont profité du numéro d'ouverture pour lancer quelques gentilles vacheries à la
doublement oscarisée Meryl Streep, que tous deux
courtisaient dans l'horrible comédie romantique It's Complicated : « Elle détient le nombre record de mises en nomination et du
coup, elle est l'actrice ayant perdu le plus grand nombre de fois » ont-ils rappelé.
J'avoue avoir bien ri de leurs plaisanteries, mais je m'attendais à ce qu'ils
soient encore plus décapants. L'an prochain, peut-être.
Du côté des présentateurs, mes préférés ont été sans contredit
l'hilarante Tina Fay (SNL, 30 Rock) et le plus que suave Robert
Downey Jr., qui expliquaient les attentes des acteurs
et des scénaristes les uns envers les autres. J'avoue aussi m'être bidonnée en
voyant Ben Stiller déguisé en Na'vi : « À la répétition, ça semblait
être une bonne idée… Le plus ironique dans tout cela, c'est qu'Avatar n'est pas mis en nomination pour les meilleurs maquillages. J'aurais
bien mis des oreilles de Spock, j'en ai d'ailleurs deux paires autographiées
par Leonard Nimoy, mais ça aurait fait trop geek… »
Mon moment préféré de la soirée : l'hommage au regretté
réalisateur John Hugues. Je ne suis pas nostalgique de nature, mais j'avoue
être retombée avec délice en adolescence en voyant le Brat Pack arriver sur scène sur Don't You Forget About Me de Simple Minds. Petite confession : je ne peux m'empêcher de
regarder The Breakfast Club lorsqu'il repasse à la
télé… Toutefois en observant les effets du temps sur les visages de Molly
Ringwald, de Judd Nelson, d'Ally
Sheedy et cie, j'ai eu un petit pincement au cœur.
Mon pire moment de la soirée : j'adore les comédies musicales,
mais le numéro de danse qu'on nous a offert pour présenter les meilleures
trames sonores m'a ennuyée au plus haut point. Un peu plus de panache la
prochaine fois, svp ! À part cela, j'ai trouvé les extraits de films
beaucoup trop longs à chaque catégorie et c'est bien sympa de voir les grands
du merveilleux monde du cinéma rendre hommage à leurs pairs concourant pour les
prix du meilleur acteur et de la meilleure actrice, mais pour nous petites gens
qui n'allons pas au bal des Gouverneurs après le gala et qui travaillons le
lendemain, c'est un peu long. Pourriez-vous faire ça plus court l'an prochain,
svp ?
Sur ce, voici en vrac mes commentaires sur les principaux
gagnants de la soirée :
Meilleur acteur
Choix: George Clooney, Up in
the Air
Prédiction: Jeff Bridges, Crazy Heart
Gagnant : Jeff Bridges, Crazy Heart – presque 40 ans d'attente
pour savourer ce moment. The Dude le mérite
bien !
Meilleur acteur de soutien
Choix: Christoph Waltz,
Inglourious Basterds
Prédiction: Christoph Waltz,
Inglourious Basterds
Gagnant : Christoph Waltz,
Inglourious Basterds – natürlich !
Meilleure actrice
Choix: Carey Mulligan, An
Education
Prédiction: Sandra Bullock, The
Blind Side
Gagnante: Sandra Bullock, The Blind Side – Serge Losique serait-il
donc visionnaire ? Rappelez-vous le prix qu'il lui avait accordé pour
l'ensemble de sa carrière en… 1998 !
Meilleure actrice de soutien
Choix: Mo'Nique, Precious
Prédiction: Mo'Nique, Precious
Gagnante: Mo'Nique, Precious – J'espère bien qu'on la reverra
dans de bons films et non des inepties du genre Beerfest ou Welcome Home Roscoe Jenkins…
Meilleur film d'animation
Choix: Coraline
Prédiction: Up
Gagnant : Up – ça vous
étonne ?
Meilleure réalisation
Choix: Kathryn Bigelow, The
Hurt Locker
Prédiction: Kathryn Bigelow, The
Hurt Locker
Gagnante : Kathryn Bigelow, The
Hurt Locker – quelle belle surprise… moi qui craignais
que l'Academy couronne, à l'instar des Golden Globes, James Cameron.
Meilleur film
Choix: Inglourious Basterds
Prédiction: Avatar
Gagnant : The Hurt Locker –
pauvre Quentin Tarantino ! Avec ce dernier prix, le score final est 6 à 3
pour le film de Bigelow.
Meilleur scénario adapté
Choix: In the Loop
Prédiction: Up in the Air
Gagnant : Precious –
l'adaptation n'est pas à la hauteur de ce grand roman de Saphire, que je vous
recommande chaudement !
Meilleur scénario original
Choix: A Serious Man
Prédiction: Inglourious Basterds
Gagnant : The Hurt Locker –
j'espère que le scénariste Mark Boal n'aura pas trop de problèmes avec le
neutralisateur de bombes qui le poursuit pour plusieurs millions sous prétexte
qu'il lui notamment aurait volé les expressions « hurt locker »
et« blaster one ».
Meilleur film en langue étrangère
Choix: Un Prophète, France
Prédiction: Un Prophète, France
Gagnant : El Secreto de sus ojos – ah ben, parlez-moi d'une surprise ! Bonne nouvelle : ce
film de l'Argentin Juan José Campanella (El hijo de la novia) et mettant en
vedette le séduisant Ricardo Darin (eh oui, c'est l'un de mes nombreux
maris !) prend l'affiche au Québec le 16 avril.
Espérons que la soirée
des Jutra sera plus haletante…
Suis-je le seul à être choqué de voir Hurt Locker gagner quoi que ce soit!