Fan de Mathieu Amalric depuis Rois et reine d’Arnaud Desplechin, où l’intensité de son regard me rappelait un jeune Polanski, je trépignais d’impatience à l’idée de voir son quatrième film, Tournée. N’ayant vu aucun de ses autres longs métrages (Mange ta soupe, Le Stade de Wimbledon et La Chose publique), je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Toutefois, comme il est l’un des piliers de la famille Desplechin, l’un de mes réalisateurs préférés, je m’attendais, naïvement sans doute, à un grand moment de cinéma.
Hélas! C’est plutôt un grand ennui que j’ai ressenti à la vue de ce film encensé par la critique française, conspué par la critique américaine (“c’est là qu’on voit les différence entre ces deux pays” m’a lancé avec un clin d’oeil Roland Smith du Cinéma du Parc croisé au Marché du Film).
Je dois dire en partant que je ne suis pas folle du burlesque et autres Dita von Teese de ce monde. Or, je ne crois pas que ce soit le fait de voir des danseuses américaines affichant fièrement leurs belles rondeurs pendant près de deux heures qui m’a le plus ennuyée. Tout le long de cette tournée dans des petites villes françaises où Mathieu Amalric, dans le rôle d’un ex-producteur de télé ayant fui son passé aux Etats-Unis, fait miroiter aux danseuses de la troupe de “New Burlesque” d’aller se produire à Paris, je me questionnais sur la présence de ce film dans la compétition officielle.
Non pas que le film soit un ratage. De fait, quelques scènes d’un humour rafraîchissant ont fait mon bonheur. Je pense notamment à la scène de drague entre Amalric et la préposée d’une station d’essence. Extrait du dialogue:
Elle: “Vous allez où?”
Lui: “Tuer quelqu’un.”
Elle: “Vous avez de la chance, ça doit faire du bien.”
Il y a aussi cette scène à l’épicerie où une caissière peu affriolante veut passer une audition devant Amalric et Mimi LeMeaux; devant le refus de ce dernier, la pauvre femme pète les plombs.
Parmi les qualités de Tournée, il y a aussi l’aspect cinéma direct qui m’a plu. J’ai apprécié de voir les danseuses, dont Roky Roulette, Dirty Martini et Julie Atlas Muz, papoter tout en se maquillant et se costumant sans pudeur. Avec leurs airs de travestis et de pin ups des années 50, elles ont un je ne sais quoi de touchant et une joie de vivre contagieuse.
Ce qui a eu raison de ma patience, c’est l’intrigue piétinante. On ne compte plus le nombre de fois où l’on voit Amalric fumer clope sur clope en coulisses alors que se trémoussent sur scène les filles de la petite troupe. Antipathique jusqu’au bout des ongles, son personnage et son passé trouble n’arrivent guère à susciter l’intérêt. A la fin, je me suis sentie comme les danseuses, déçue des prétentions d’Amalric de nous amener ailleurs.