Les problèmes d'élocution de Georges VI, père d'Elizabeth II, devenu roi lorsque son frère aîné Édouard VIII (Guy Pearce) abdiqua pour les beaux yeux de Wallis Simpson, ça vous intéresse? Spontanément, je répondrais que nenni! Et pourtant, j'ai suivi avec beaucoup d'intérêt The King's Speech de Tom Hooper (The Damned United).
Mettant en vedette Colin Firth, bouleversant dans le rôle du roi bègue, ce film relate la surprenante histoire d'amitié entre le souverain surnommé Bertie et Lionel Logue, interprété avec finesse par Geoffrey Rush, acteur australien raté se faisant passé pour un spécialiste de la diction qui l'aida au cours de son règne à livrer des discours, dont celui diffusé sur les ondes de la BBC durant la guerre.
Sujet oblige, l'ensemble a des allures guindées, désuètes, rigides, mais grâce au grand talent des acteurs – on retrouve Helena Bonham Carter en jeune reine-mère – The King's Speech parvient à toucher le spectateur tant les désarrois du souverain dépassé par ses nouvelles fonctions s'avèrent palpables. Étrangement, c'est lorsqu'ils ne parlent pas que les personnages se révèlent des plus émouvants tant les acteurs sont expressifs tout en demeurant subtils. Je pense notamment à cette scène où Rush savoure discrètement les applaudissements de la foule saluant la famille royale au balcon.
D'une petite page d'histoire, Tom Hooper a réussi à signer non un grand film mais, à l'instar de Stephen Frears avec The Queen et John Madden avec Her Majesty, Mrs. Brown, un sensible portrait humain d'un personnage historique pétri dans les conventions et traditions.