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Cannes 2011 : voir des films, débattre, voter

 

On peut difficilement parler de films qu'on n'a pas encore vus et c'est sans doute ce qui explique pourquoi la conférence de presse du jury fut si peu intéressante. Il faut dire que Robert de Niro, président du jury, n'est pas réputé pour être loquace. Et pourtant l'homme se rend à Cannes régulièrement depuis 35 ans, alors il aurait pu pouvoir s'étendre sur le sujet. Or, chacune de ses réponses était plutôt laconique et lorsqu'un journaliste de Canal+ lui a posé à la blague deux questions – « Are you talking to me ? » et « Did you fuck my wife ? », il n'a fait que rire timidement plutôt que de jouer le jeu.

« Je ne sais pas ce que je cherche ; je regarderai les films et après, on verra. Je suis très impatient de les voir, c'est un peu des vacances, un privilège. Je viens ici depuis 35 ans, c'est un festival unique, merveilleux », a-t-il notamment dit tandis que les autres membres du jury, dont UmaThurman, Jude Law et Martina Gusman, ont répondu qu'ils étaient honorés d'être de la partie.

Quant à sa méthode de travail, elle se résume à ceci : « J'ai hâte de voir comment ça va se passer, je n'ai pas de méthode précise : on va voir les films, débattre et voter. »

Et les erreurs de jugement là-dedans ? « Il y a neuf sensibilités différentes, a expliqué le
réalisateur Olivier Assayas, nous tenterons de trouver les films les plus forts et les plus stimulants. Fatalement, on ne peut pas plaire à tout le monde. Il y a toujours des erreurs dans les palmarès, mais ces erreurs ne sont pas les mêmes pour tout le monde. »

A une journaliste chinoise qui leur demandaient s'ils étaient étonnés que deux membres du jury étaient chinois alors qu'aucun film chinois n'avait été sélectionné en compétition, la productrice Nansun Shi a répondu « qu'en Chine comme ailleurs il y avait des hauts et des bas, qu'il y avait de nombreux facteurs en cause, des questions de dates », tandis que le réalisateur Johnnie To a dit que « la Chine tourne de nombreux films, trop nombreux peut-être. En retrouvera-t-on l'an prochain ? Peut-être. »

A un journaliste lui demandant si étant la seule critique et romancière du jury elle ne s'intéressait qu'au scénario, Linn Ulllann, fille de Liv Ullmann et d'Ingmar Bergman, a fait remarquer que « le cinéma est un ensemble, qu'il y la photo, la mise en scène, la réalisation. »

Quant à savoir si les films se faisant le miroir du monde avaient plus de chance que les autres, Mahamet Saleh Haroun a avancé ceci : « Les films nous documentant sur le monde nous intéressent, mais j'attends des émotions, de nouvelles écritures pas forcément reliées à l'actualité."

Lauréat du prix du jury l'an dernier pour Un homme qui crie, le réalisateur tchadien a fait savoir que sa seule présence à Cannes avait fait rouvrir un cinéma au Tchad et que bientôt une école de cinéma y serait ouverte : « Être ici est une chose extraordinaire parce que Cannes est un temple sacré et j'espère qu'il y aura des vocations chez les jeunes Tchadiens. »