A l'instar du Bal des actrices, l'actrice, scénariste et actrice Maïwenn se cache derrière une caméra dans Polisse. De fait, elle y incarne une photographe engagée par le ministère de l'Intérieur pour créer un livre sur la Brigade de protection des mineurs, qui tombera dans l'oeil du personnage campé par Joeystarr. De son propre avis, elle ne comprend plus pourquoi elle a écrit ce rôle pour elle.
« Je ne me voyais pas jouer une policière, racontait-elle à la conférence de presse. J'avais envie d'un rôle proche du réel, mais j'ai trouvé dur de tourner. Je suis une erreur de casting ; je n'aurais pas dû jouer. Je voulais raconter une histoire d'amour entre deux milieux opposés. Ce n'est pas une métaphore de ce que je suis ; mon personnage a du mal, il est malheureux. Je me demande vraiment pourquoi je l'ai fait. »
Si elle semble regretter son rôle, devant l'accueil chaleureux que la presse a réservé à son film, Maïwenn ne pourra douter de la qualité de celui-ci pas plus d'avoir été sélectionnée en compétition. D'ailleurs, lorsqu'on lui a demandé ce qu'elle pensait de la présence de quatre réalisatrices, elle n'a pas mâché ses mots : « Je trouve qu'il n' a pas de débat sur la place des réalisatrices. Je trouverais cela déplorable qu'il y ait un quota à respecter. Je ne voudrais pas être choisie parce que je suis une femme, mais parce que mon film a plu. »
Inspirée de Police de Maurice Pialat et de nombreux documentaires sur le sujet, Maïwenn affirmait avoir été séduite lors de son immersion dans la police par la passion des policiers de la BPM pour leur métier : « Ces gens ont construit des paramètres pour se protéger. La BPM est la brigade la moins médiatisée et la moins financée et je trouve incroyable qu'elle soit traitée ainsi. »
Tout comme les autres acteurs du film, Karin Viard n'a plus le même regard sur la police : « Je connaissais la police pour les emmerdes, les PV, les abus de pouvoir, mais ces gens-là sont très dévoués, intelligents et raffinés. En fait, il y a les cow-boys et les autres. »
Entre les interrogatoires, les policiers aiment échanger sur leur sujet de prédilection : le sexe. Actrice et co-scénariste du film, Emmanuelle Bercot a expliqué les deux niveaux de langage de Polisse : « Il y a deux univers : celui du travail et de la vie privée. Entre eux, ils s'expriment de façon crue. Je n'ai pas fait d'immersion comme Maïwenn, mais elle a remarqué qu'ils parlaient beaucoup de cul, qu'ils décompressaient de quelque chose à laquelle ils étaient confrontés. Comme on ne peut pas être approximatifs pour les interrogatoires, on a pu lire les procès-verbaux pour retranscrire
fidèlement les interrogatoires des enfants. »
A propos des enfants, Maïwenn a révélé ceci : « Je cherchais parmi les enfants acteurs, faisais du casting sauvage. Je les recevais, leur parlais pour voir s'ils étaient à l'aise avec le sujet. Ce qui les motivait, c'est qu'il s'agissait d'histoires vraies. Cette solidarité enfantine m'a frappée. »