Bien que Jodie Foster a monté les marches en 1975 et 1976, année où Taxi Driver a remporté la Palme d'or, il s'agit ici de sa première présence cannoise à titre de réalisatrice. Tourné quelques 15 ans après Home for the Holidays, The Beaver n'était pourtant pas destiné à Jodie Foster : « Je trouvais le scénario de Kyle Killen brillant, relatait Foster à la conférence de presse où Mel Gibson brillait par son absence, et je souhaitais qu'il arrive quelque chose au metteur en scène parce que je voulais bien le remplacer. »
Destiné d'abord à être une nouvelle, The Beaver met en scène Walter Black (Gibson), homme d'affaires ayant sombré dans une profonde dépression. Un soir où il souhaite mettre fin à ses jours, il revient à la raison grâce à une marionnette en forme de castor s'exprimant en anglais avec l'accent cockney.
Jodie Foster parle ainsi de sa fascination pour la psychologie : « Les acteurs aiment la psychologie et c'est pour ça qu'ils sont acteurs. Je suis fascinée par les liens familiaux et mes films portent sur des crises spécifiques. J'aime les observer sous l'angle de différents personnages afin de mieux comprendre la vie. Faire des films a donc pour moi une valeur thérapeutique. »
Réalisé de façon on ne peut plus conventionnelle, pour ne pas dire à la manière d'un movie of the week, The Beaver de Jodie Foster menace à tout moment de sombrer dans le ridicule. Il est vrai que de voir Mel Gibson s'engueuler avec un castor en peluche fait sourire. Cependant, il embrasse son rôle avec une telle conviction que l'on finit par se laisser toucher par le drame de cet homme dont le fragile équilibre mental menace celui de sa famille.
Ne voulant pas commenter les frasques récentes de l'acteur, Foster soutenait ainsi le choix de Gibson dans ce rôle d'homme à la dérive : « Ce qui importe lorsqu'on réalise un film, c'est de trouver le bon acteur pour le rôle. Mel Gibson était le premier sur ma liste. Il comprenait très bien l'humour, la tendresse et le combat du personnage. Certains acteurs ont tendance à n'aller que dans le comique ou que dans le drame, tandis que Mel peut très bien aller de l'un à l'autre. »
Côté scénario, le drame du fils, touchant Anton Yelchin, craignant de ressembler à son père n'est pas assez étoffée pour offrir un intéressant contrepoint au récit du père. C'est également le cas de l'intrigue de la jeune première de classe, éthérée Jennifer Lawrence, plus qu'accessoire qu'utile au dénouement du récit.
Dans The Beaver, l'on retrouve aussi Foster devant la caméra dans le rôle de la femme de Walter : « C'est assez facile de jouer dans son propre film, car on connaît bien le scénario et on obtient ce que l'on veut. Le seul bémol, c'est qu'il n'y ait pas de surprise », conclut celle qui fut forcée de s'exprimer en anglais alors qu'elle s'exprime si bien la langue de Molière.