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Cannes 2011 : Québécois à la Quinzaine

Je reviens de la conférence de presse du documentaire La nuit, elles dansent à laquelle assistaient les réalisateurs Isabelle Lavigne et Stéphane Thibault, la productrice Lucie Lambert et Reda Ibrahim, figure centrale de cette chronique familiale que l'on suit comme une fiction.

« Le point de départ de ce film, a raconté Isabelle Lavigne, c'est une histoire d'amour avec l'Egypte. Après le 11 septembre, nous avons voulu aller à la rencontre d'un autre visage du monde arabe. Aussi il y avait la question universelle des femmes ; dans le monde judéo-chrétien, nous sommes élevées pour devenir de bonnes petites filles. Or, nous devons conquérir notre puissance, sexuelle, corporelle, artistique. C'est un sujet riche et complexe et nous posons des questions qui nous fascinent mais qui demeurent non-résolues. »

De rappeler Stéphane Thibault : « Nous étions désespérés de ne pas trouver de communauté de femmes, de familles de danseuses qui se transmettent leur art de génération en génération. Après quatre mois de recherches, nous avons rencontré Reda pour qui nous avons eu le coup de foudre.

Si l'accueil du public à la projection a éte poli, à la conférence de presse, où il ne restait plus une chaise de libre, il était évident que plusieurs avaient apprécié la sensibilité du tandem de réalisateurs et avaient été subjuguées par Reda, qui, pendant trois mois, a vécu sa vie devant les caméras : « Je suis très contente, très touchée par l'accueil des gens. Je ne m'attendais pas à ce que ma vie puisse en intéresser un si grand nombre. L'idée de dévoiler ma vie ne me faisait pas honte, c'est normal. Je suis plus impressionnée par la salle. »

Parmi les spectateurs, quelques uns ont été surpris de constater que la danse était bien secondaire dans ce documentaire : « Isabelle et Stéphane ont tourné un film sur le hockey où il n'y avait aucune scène de hockey » a souligné Lucie Lambert.

« Le film, qui devient un organisme autonome, rejetait lui-même la danse parce que cela devenait banal » a affirmé Thibault.

Tourné au Caire en 2009, le film a nécessité 24 semaines de montage ; afin d'aider le monteur René Roberge, qui ne parle pas l'arabe, il a fallu sous-titrer en français pas moins de 40 heures d'extraits : « Ce cadre de production très souple, nous le devons à notre productrice atypique » a révélé Lavigne.

L'air radieux, Reda Ibrahim a pour sa part repris le cours normal de sa vie : « Il n'y a pas eu de changement, c'est la vie et ça continue. Je n'ai pas beaucoup pris en compte la révolution, j'ai continué à danser. En fait, je ne connais presque rien de la révolution. »

« J'aimerais être dans la tête de Reda pour savoir comment elle vit sa participation à la Quinzaine », s'est exclamé par la suite Stéphane Thibault aux journalistes québécois venus encourager leurs compatriotes.