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Cannes 2012: De Cap-Rouge au tapis rouge

À l’instar de Xavier Dolan, Chloé Robichaud est de retour sur la Croisette pour la troisième fois dans sa jeune carrière de réalisatrice. En 2010, son court métrage Moi non plus était le coup de cœur du Short Film Corner; en 2011, Nature morte s’est retrouvé dans la sélection de la SODEC; et en 2012, la voilà qui concourt pour la Palme d’or du court métrage avec Chef de meute, présenté une première fois hier avant-midi et qui sera de nouveau projeté samedi en matinée.

« J’en ai rêvé souvent, mais je ne pensais pas sincèrement que ça pouvait m’arriver, confiait-elle peu avant son départ pour la Côte d’Azur. Je n’ai vraiment pas fait ce film-là en me disant que j’allais être sélectionnée à Cannes. C’était au-delà de mes espérances que d’être dans la sélection. On l’a fait avec si peu de moyens; j’ai été chanceuse d’avoir une équipe extrêmement généreuse. J’aime tourner, j’en avais envie. Je voulais envoyer Chef de meute à Cannes parce que je voulais qu’on y voit mon travail. »

La réalisatrice, originaire de Cap-Rouge, se souvient de son premier passage au Marché du film de Cannes :« Je sortais de l’université, j’étais toute petite, et je le suis encore! J’avais l’impression d’entrer dans le monde du cinéma avec un grand C. Ça m’avait permis de rencontrer beaucoup de monde, surtout des Québécois, dont Danny Lennon, qui m’a prise rapidement sous son aile. C’est là que tout a commencé pour moi. Je commence à me sentir plus chez moi à Cannes, mais une partie de moi a l’impression de s’y rendre pour la première fois. Je me compte chanceuse d’y être allée deux fois, car je connais quand même les rouages du festival et que cela me facilitera les choses. »

Comédie sympathique, cocasse et attendrissante, Chef de meute met en scène une jeune femme célibataire (ÈveDuranceau, aux expressions amusantes) qui hérite du  chien de sa vieille fille de tante. Séduira-t-il le président du jury Jean-Pierre Dardenne? Quant à Jackie, star canine de Chef de meute, est-elle éligible à la Palm Dog?

« On m’a dit qu’on ne choisissait pas nécessairement des films parfaits, réalisés par des cinéastes établis. Ils choisissent des courts de cinéastes qu’ils veulent suivre. Je pense qu’en ayant vu mes autres courts métrages, ils ont senti que j’étais prête avec celui-là. C’est un film qui repose beaucoup sur le scénario, sur le jeu des comédiens, sur ma façon de faire avec peu et c’est peut-être ça qui les a charmés. »

Alors qu’elle tournera son premier longmétrage cet été, Sarah préfère la course, qui  mettra en vedette Sophie Desmarais dans le rôle d’une jeune athlète qui se marie pour obtenir des prêts et bourses, Chloé Robichaud ne planifie pas d’abandonner pour autant le court métrage : « Ce ne sera pas mon dernier court. Après le long, je vais avoir hâte d’y revenir, c’est vraiment un médium que j’aime et j’en fais beaucoup. Je trouve que le court métrage est la meilleure école et je ne pense pas que cette école-là le demeure tout le temps. C’est un médium flexible; dans le long, ça peut être dur d’expérimenter pour le spectateur durant une heure et demie; en 10 minutes, ça passe mieux. Pour moi, le court et le long sont deux exercices, deux façons d’écrire, deux médiums. »

En attendant de pouvoir enfin tourner son premier long sur lequel elle travaille depuis trois ans, Chloé Robichaud savourera chaque moment passé à Cannes : « Je crois que cette présence à Cannes demeure une très belle porte d’entrée pour le long métrage, mais ce n’est pas garanti. J’espère qu’ils auront une attention particulière si jamais je leur envoyais mon long. C’est à moi de prendre la balle au bond et d’en profiter intelligemment. »