BloguesCinémaniaque

Cannes 2012 : Mes prévisions

Je m’envole dans quelques heures pour Montréal. À mon retour, Nanni Moretti et son jury auront déjà remis leurs prix. Comme chaque année, je me suis amusée à faire mon petit palmarès. Et comme chaque année, je me serai sans doute gourée…

Palme d’Or

Amour de Michael Haneke.

Une seconde Palme d’or pour le brillant réalisateur autrichien trois ans après Le ruban blanc? Pourquoi pas! Ce huis clos sans esbroufe ni pathos, d’une précision chirurgicale, où brillent avec une incroyable retenue les magnifiques Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, séduit et bouleverse par sa vision d’une cruelle lucidité de l’âge d’or.

Grand prix du jury

De rouille et d’os de Jacques Audiard

Ce mélo aussi sombre que lumineux porté par deux sublimes acteurs, Matthias Shoenaerts et Marion Cotillard, n’a certes pas la puissance d’Un prophète, Grand prix du jury en 2009, mais ses images gorgées de soleil et l’espoir timide qu’il offre en font l’un des films marquants de la compétition.

Prix du jury

Holy Moto de Léos Carax

Certains critiques lui donneraient sans hésiter la Palme d’or. L’ayant copieusement hué – et je n’étais pas la seule – , je ne peux toutefois m’empêcher de lui offrir  uneplace dans mon palmarès personnel. Oui, le film m’a profondément agacée, mais il m’a aussi fascinée grâce au jeu de Denis Lavant, qui y interprète 11 personnages, et à l’étrange poésie de cette réflexion sur le métier d’acteur en forme de rêve éveillé du réalisateur de Mauvais sang.

Prix du scénario

Au-delà des collines de Cristian Mungiu

Avec ce drame lent, austère et glacial, le lauréat de la Palme d’or pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours s’intéresse une fois de plus au destin malheureux de deux femmes prisonnières d’un monde où règne l’abus de pouvoir, l’incompréhension et l’injustice. La finale est un véritable coup de poing sur la gueule.

Prix de la mise en scène

Cosmopolis de David Cronenberg

Respectant fidèlement chaque mot et chaque virgule des dialogues du roman de Don De Lillo, le réalisateur signe une œuvre hypnotique mais pompeuse qui a particulièrement divisé la critique – le jour où je l’ai vu, les huées ont couvert les applaudissements. Si cette fable sur la chute du capitalisme m’a déçue, les 22 dernières minutes où Robert Pattinson, honnête, affronte l’excellent Paul Giammatti m’ont littéralement transportée.

Prix d’interprétation masculine

Jean-Louis Trintignant

Ayant tourné le dos au cinéma, le grand Trintignant a juré de ne plus y revenir tant il avait souffert sous la direction de Haneke. Ce bref retour aura prouvé que sa présence manquait cruellement au grand écran. L’acteur français n’est cependant pas le seul à s’illustrer. Ainsi le formidable Matthias Shoenaerts et le déchirant Mads Mikkelsen (La chasse de Thomas Winterberg) s’avèrent sans doute ses plus proches rivaux. Et que dire du polyvalent Denis Lavant? Dans un registre plus léger, l’acteur italien Aniello Arena (Reality de Matteo Garrone) s’impose avec son jeu expressif, tout autant que Brad Pitt, d’une désinvolture désarmante dans Killing Them Softly d’Andrew Dominik. Les jeunes Tye Sheridan et Jacob Lofland font également bonne impression dans Mud de Jeff Nichols.

Prix d’interprétation féminine

Marion Cotillard

Chez Audiard, l’actrice oscarisée pour son rôle d’Édith Piaf combine une force tranquille et une sensibilité à fleur de peau. Parmi ses rivales, se retrouvent Emmanuelle Riva, partenaire inoubliable de Trintignant, la généreuse actrice autrichienne Margarethe Tiesel (Paradis : Amour d’Ulrich Seidl), la sulfureuse Nicole Kidman (Paperboy de Lee Daniels) et l’impayable Youn Yuh-jung en mère tyrannique dans L’ivresse de l’argent d’Im Sang-soo.