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Tomboy : Un film queer?

L’an dernier, l’excellent Tomboy de Céline Sciamma remportait le Grand prix du jury aux Teddy Awards de Berlin, lesquels saluent depuis 1987 les films évoquant de façon positive la communauté LGBT. Lorsque je l’ai rencontrée au Rendez-vous d’Unifrance en janvier dernier, j’ai osé lui demander si elle craignait que son film ne soit ainsi «ghettoïsé», risquant de lui faire perdre des spectateurs peu attirés par la culture queer. Voici ce qu’elle m’a répondu:

«Le film est soumis à plusieurs interprétations, il est très ouvert et c’est sa façon d’être politique que de ne pas s’adresser à une communauté, mais au contraire de créer des liens. À l’inverse, si jamais la communauté LGBT n’arrivait pas à connecter au film, j’en aurais été fort triste parce qu’elle est la première concernée officiellement par cette thématique. Je suis ravie qu’elle puisse s’approprier le film, mais je ravie qu’elle n’en soit pas la propriétaire. Ça prouve justement que le film est utile, qu’il est un refuge pour plein de gens. Le film a plusieurs couches, il  parle aussi des petits garçons, le public masculin s’identifient beaucoup à ce personnage de fillette se faisant passer pour un garçon. C’est là où il y a de la subversion.»

Ayant déjà traité de l’ambiguïté sexuelle chez les adolescentes dans Naissance des pieuvres, Céline Sciamma a ensuite avoué qu’elle délaisserait l’univers des enfants: «Je ne veux pas que ça devienne un créneau, je souhaite maintenant passer aux jeunes adultes et de toujours exploiter les ambiguïtés, le trouble, surtout chez les personnages féminins… et peut-être à travers cinéma de genre.»