Qu’ont en commun Richard Peña, Rajko Grlić, Maria Hatzakou, Makram Khoury, Joanna Kos-Krauze, Ivo Mathé et François Papineau? Cette semaine, ils ont la chance et l’honneur de former le grand jury du 47e Festival International de Karlovy Vary, une expérience que l’acteur québécois qualifie d’étrange, intéressante et harmonieuse.
« Je n’appréhende pas le débat, confie-t-il. On a déjà eu des échanges sur les quatre premières projections, ça s’est super bien passé. Je ne pense pas qu’il y a des gens qui vont vouloir que ça s’éternise, on va chercher le consensus relativement facilement. C’est parfois intimidant quand tu regardes les CV de chacun, surtout qu’il y en a qui savent s’en servir. »
Avant Papineau, l’autre Québécois à avoir siéger sur ce jury a été le producteur Rock Demers en 2003 :« J’étais ici il y a deux ans pour présenter Trois ans après la mort d’Anna de Catherine Martin. J’avais rencontré la programmatrice de l’époque Anna Novotna, qui venait aussi à Montréal pour visionner les films et rencontrer les gens; je l’y ai rencontrée l’avant-dernière fois qu’elle est venue. Je lui avais dit que si jamais elle avait besoin de quelqu’un disponible qu’elle pouvait m’appeler. J’ai reçu une demande officielle et me voilà ici. »
Ne pouvant rien dévoiler sur ce qu’il pense des films en compétition, François Papineau peut tout de même témoigner de la réception de Camion de Rafaël Ouellet: « Ce n’est pas un film à grosses réactions, mais le public a eu une belle réaction et, évidemment, un gros choc au début lorsque l’événement se produit. J’ai seulement vu les films en compétition, mais je dirais qu’ici le réactions sont respectueuses et chaleureuses. Il y a quand même des gens qui sortent de la salle, discrètement, mais moins que dans d’autres festivals. En fait, le public de Karlovy Vary est plus chaleureux que celui de Toronto, mais moins que celui de Rouyn. »
Questionné sur ses goûts en cinéma, il cite Les Plouffe de Gilles Carle comme son film québécois préféré, l’acteur livre cette étonnante réponse : « Je ne me considère pas comme un cinéphile, je consomme assez peu de culture, je ne vais pas souvent au théâtre et je suis toujours en retard dans mes lectures. Je ne suis pas un gros dictionnaire de références. J’aime plein d’affaires. Je pense que ma sensibilité par rapport au jeu sera mon apport dans ce jury. »
Parmi ses coups de foudre, pour ne pas dire chocs, cinématographiques, François Papineau évoque spontanément Antéchrist de Lars Von Trier etThe Last Temptation of Christ de Martin Scorsese, deux films mettant en vedette Wilem Dafoe : « C’est drôle, ce n’est pourtant pas mon acteur fétiche. Peut-être qu’inconsciemment je m’identifie à lui. Ce n’est pas nécessairement l’inteprétation des acteurs qui me touche en premier dans un film. Des fois les ficelles peuvent être assez grosses, mais si l’histoire est bien contée, bien construite, je vais embarquer. Pour moi, Daniel Auteuil est dans le top de mes inspirations. Je trouve ça assez fascinant comment il fait vraiment oublier que c’est lui. C’est un grand acteur. Dans La reine Margot de Patrice Chéreau, c’était hallucinant de voir le parcours troublé de cet homme-là. Rares sont les acteurs qui vont pousser aussi loin la faille. »
Bien qu’il ne rêve pas d’une carrière internationale, François Papineau apprécie le fait que les films dans lesquels il joue voyagent d’un festival à l’autre, lui permettant ainsi de connaître la perception du cinéma québécois à l’étranger : « Quand je suis allé à Lille, je présentais Papa est à la chasse aux lagopèdes de Robert Morin, le film avait d’ailleurs gagné le Papillon d’argent, l’impression avait été forte même si le film avait été tourné avec peu de moyens. À Lille, festival sympathique comme celui de Karlovy Vary, t’as l’impression d’être au Québec. Je sais que les gens aiment l’aspect, rural, ça crée un buzz d’éloignement, un effet western moderne, comme Camion avec ses fusils. »