Ce soir, à Voir (20h, Télé-Québec), pour notre émission spéciale d’Halloween, je parlerai non pas de films d’horreur, mais de trois chefs d’œuvre qui explorent trois de mes plus grandes peurs : celle de mourir, celle de devenir folle (selon certains, c’est déjà fait) et celle de la fin du monde (m’enfin, des cataclysmes). En attendant, je vous offre en reprise (avec quelques ajouts) une liste de films d’horreur m’ayant marquée.
Les Yeux sans visage de Georges Franju (1959): Je ne me rappelle plus quand j’ai vu ce film, mais je me souviens très bien avoir été troublée par cette histoire de chirurgien (Pierre Brasseur) qui veut reconstruire le visage de sa fille (Édith Scob) avec la peau du visage d’autres jeunes filles. La France produit peu de films d’horreur, mais celui-là est une grande réussite du cinéma d’épouvante. En complément de programme, je vous suggère La piel que habito (La peau que j’habite) de Pedro Almodovar, lequel n’est pas sans rappeler ce classique de Franju.
The Exorcist de William Friedkin (1973): J’avais 12 ans la première fois que j’ai vu ce film; mes sœurs, qui avaient alors 9, 6 et 2 ans m’en veulent encore de les avoir forcées à le voir avec moi parce que j’avais trop la trouille de le voir seule. C’est plus fort que moi, chaque fois que je vois le visage tuméfié de Linda Blair, que j’entends sa voix d’outre-tombe, ou que son lit se met à trembler, j’ai envie de faire mon signe de croix… Cela dit, depuis que j’ai vu la version « director’s cut » de 132 minutes, j’ai réussi à surmonter ma peur.
Carrie de Brian de Palma (1976): J’ai vu ce film de vengeance d’une jeune fille douce en famille lorsque j’étais adolescente. Même mon père, qui n’a jamais peur devant un film d’horreur, avait sursauté lorsque la main de Carrie (Sissy Spacek, inoubliable) sort de terre pour saisir celle d’Amy Irving. Seraient-ce les restes de mon éducation catholique qui m’ont tant fait avoir peur de ces images où Brian De Palma, utilisant savamment du split-screen, semble s’être inspiré de l’iconographie chrétienne pour créer une vierge sanglante? Je ne sais trop, mais encore aujourd’hui, la vue de Piper Laurie en mère tyrannique folle de Dieu me saisit. Même si l’idée d’un remake me déplaît, je suis tout de même curieuse de voir ce qu’en aura fait Kimberly Peirce, réalisatrice du bouleversant Boys Don’t Cry… Il faut dire que les excellentes Julianne Moore et Chloë Grace Moretz en sont les vedettes.
Nosferatu de Werner Herzog (1979): Si le Dracula de Francis Ford Coppola est pour moi la plus somptueuse et la plus brillante adaptation du roman de Bram Stoker, je dois dire que c’est le Nosferatu de Werner Herzog qui me donne le plus de frissons… Il est vrai que Klaus Kinski n’est pas des plus rassurants en fantôme de la nuit. Je n’aurais pas voulu être Isabelle Adjani cette fois-ci… Ben oui, encore un remake sur ma liste, sachez que j’aime aussi l’original de Murnau (1922).
The Shining de Stanley Kubrick (1980): Redrum! Redrum! Redrum! Rien qu’en écrivant ce mantra, je revois le visage inquiétant du jeune garçon, sa fuite dans le labyrinthe enneigé, sa rencontre avec les jumelles et, surtout, le visage terrorisé de Shelley Duvall enfermée dans la salle de bain alors que Jack Nicholson défonce la porte à coups de hache en criant « Heeeeeere’s Johnny! » J’ai peur de la chambre 237, bon! Je piétine d’impatience en attendant le documentaire Room 237 qui sera présenté aux RIDM.
An American Werewolf in London de John Landis (1981): De tous les films de loups-garous, celui-ci est de loin mon préféré! Les effets spéciaux y sont percutants, les personnages attachants et l’humour ne nuit en rien à l’horreur. La première fois que le héros (David Naughton) se transforme en loup-garou m’a jetée à terre alors que ses rencontres au cinéma avec son ami (Griffin Dunne) qui se décompose graduellement m’ont fait hurler de rire.
Ju-on de Takashi Shimizu (2002): Ah! Le j-horror et sa narration éclatée, j’adore! Merci Fantasia de me l’avoir fait découvrir! De toutes les créatures rencontrées dans les films d’horreur, celles qui me font le plus peur, à part Linda Blair possédée par le diable, ce sont les fantômes. Dans ce récit de maison hantée par deux esprits vengeurs, une mère et son fils, j’ai été royalement servie. J’ai vu le film toute seule un dimanche après-midi et le soir, j’avais peur que le fantôme de la mère se cache sous mes draps. Immature, moi?
28 Days Later… de Danny Boyle (2002): Étant un tantinet hypocondriaque sur les bords, les films où de dangereux virus se propageant à une vitesse fulgurante ont tendance à me tenir bien droite sur mon siège. Dans ce film mettant en vedette l’intense Cillian Murphy, ce n’est pas tant de voir des gens se transformant en zombies qui m’a effrayée, mais l’atmosphère tendue, l’esthétique trash et la ville de Londres déserte qui m’ont troublée. Quand j’entends parler de grippe (du poulet, du cochon ou du ouistiti), j’ai toujours des images de ce film en tête.
The Ring de Gore Verbinski (2002): Je sais, c’est honteux de ne pas mettre l’original de Hideo Nakata, qui a aussi réalisé l’excellent Dark Waters, mais ayant vu le remake de Gore Verbinski en premier, c’est celui-ci qui me fait le plus d’effet… surtout quand la petite sort dela télé. Moi qui ai l’habitude de me lever la nuit, je suis restée clouée au lit pendant une semaine ayant trop peur de la croiser dans le corridor ou la voir sortir du placard.
A Tale of Two Sisters de Kim Ji-woon (2003): À l’instar des Japonais, les Sud-Coréens proposent un cinéma d’horreur qui vaut la peine d’être découvert. C’est le cas de cette réalisation du réalisateur de I Saw the Devil qui raconte l’histoire de deux sœurs témoins d’incidents insolites. Rarement ai-je vu un film alliant avec tant de brio horreur, psychologie et poésie. À éviter à tout prix : le remake américain The Uninvited de Charles et Thomas Guard.
Let the Right One In de Tomas Alfredson (2008): J’avoue, ce n’est pas le plus effrayant des films de vampires, mais j’adore l’atmosphère glauque et la complexité des jeunes personnages de cette fidèle adaptation du best-seller de John Ajvide Lindqvist. Encore une fois, merci Fantasia! Quant à son remake américain, Let Me In de Matt Reeves, avec Chloë Grace Moretz dans le rôle de jeune vampire, il est bien, mais n’arrive pas à la cheville de l’original.
The Woman in Blackde James Watkins (2012): Ayant grandi avec les films de la Hammer, lesquels mettaient en vedette les légendaires Vincent Price, Christopher Lee et Peter Cushing, j’ai particulièrement aimé ce film d’épouvante de facture classique d’une élégance gothique et ponctué d’effets-chocs fort efficaces. Je me rappelle qu’à la projection de presse de ce film mettant en vedette Daniel Radcliffe, un grand frisson m’avait traversée lorsque le visage du spectre la mère éplorée était apparu en gros plan…