Premier film de Brad Bernstein, Far Out Isn’t Far Enough : The Tomi Ungerer s’avère un portrait vivant et original d’un artiste à la fois adulé et controversé. Né en 1931, à Strasbourg, d’un père horloger et d’une mère actrice, Tomi Ungerer, lauréat du prix Hans Christian Anderson (l’équivalent du Prix Nobel en littérature jeunesse), est très tôt déchiré entre ses racines mi-françaises mi-allemandes.
Ayant perdu son père très jeune, enfant de la guerre, l’artiste torturé et paranoïaque s’installe à New York où il rencontre l’éditrice Ursula Nordström. En 10 ans, il publiera 90 livres pour enfants, dont Les trois brigands, adapté au cinéma par Hayo Freitag en 2007 pour lequel Ungerer a assuré la narration. Pacifique convaincu, il dénonce dans ses percutants dessins satiriques les atrocités de la guerre du Vietnam. Par la suite, il se lance dans une série d’illustrations à caractère érotique et pornographique. Et puis, silence radio pendant près de 25 ans…
Ponctué de séquences d’animation inspirées de l’œuvre d’Ungerer, Far Out Isn’t Far Enough divertit autant l’œil que l’esprit. Alors que l’artiste livre ses confidences tantôt avec son humour si singulier, tantôt avec une vive émotion, Bernstein met brillamment en lumière le génie de cet artiste unique, pétri de contradictions, dont les propos sur les traumatismes de l’enfance et l’identité donnent à réfléchir.
Ce mercredi, à 17h15, à la salle Claude-Jutra de la Cinémathèque québécoise