Cet après-midi, peu après la projection de presse de Vic+Flo ont vu un ours, Denis Côté, Pierrette Robitaille, Romane Bohringer et Marc-André Grondin ont rencontré des journalistes de la presse internationale. Comme l’a fait remarqué Martin Bilodeau du Devoir, pour ceux qui ne la connaissaient pas, Pierrette Robitaille est surtout connue pour ses rôles comiques. Il était donc surprenant que de la voir évoluer dans l’univers de Denis Côté, un cheminement qui n’a sans doute pas été de tout repos…
« Le chemin est assez simple, a raconté l’actrice. Juste le fait que Denis m’ait demandé pour jouer dans ce film-là, c’était déjà pour moi une façon de changer complètement de jeu. Il sait très bien ce qu’il veut lorsqu’il tourne. Il savait comment me parler, j’ai cru comprendre ce qu’il voulait et fait du mieux que j’ai pu. Il n’y avait pas d’autres choix possibles, je voulais vraiment correspondre à ce que lui imaginait, ce qu’il voulait de moi. Je ne sais pas s’il a eu un cheminement à faire pour me retrouver, mais moi, c’est celui que j’ai fait. »
Après que Denis Côté ait affirmé avoir écrit le rôle pour Pierrette Robitaille et reconnu avoir tiré beaucoup de plaisir à la transformer et la reconstruire, Romane Bohringer a voulu ajouter son point de vue de « petite Française » : « Je ne connaissais pas Pierrette, j’arrive donc sans a priori. Quand j’arrive à Montréal, pour moi, Pierrette est immédiatement Vic, je l’ai vue comme Denis l’avait écrite. Je vois une femme avec un regard plein d’humanité, un sourire magnifique. Les actrices peuvent souffrir de l’image qu’on a d’elles. »
Visiblement émue, Pierrette Robitaille a ajouté :« Ce n’est pas toutes les comédiennes qui ont cette chance de pouvoir exploiter tout ce qu’elles ont. C’est vrai qu’on est cantonnées, qu’on nous distribue dans des rôles un peu connus; on finit par être des spécialistes et les gens ont peur d’aller ailleurs. J’apprécie beaucoup et je remercie Denis d’avoir osé parce que ça brise une image et ça prouve qu’on a tort de classifier les gens, surtout les acteurs et actrices, car on peut tellement faire plein de choses. Merci, Romane. »
Ayant déjà tourné sous la direction de Côté, Marc-André Grondin s’est senti pour sa part en terrains connus : « On a fait un petit travail Denis et moi. On a rencontré une agente de probation, on a parlé un peu de son day to day, des histoires qu’elle avait. C’était plus par curiosité qu’autre chose parce que le personnage était assez bien défini dans le scénario. En plus, je sortais d’un film qui avait eu lieu dans le milieu carcéral (L’affaire Dumont de Podz), donc j’avais un minimum de connaissance sur le milieu, sur le genre d’histoires auxquelles ces gens-là peuvent faire face. Je connais beaucoup le cinéma de Denis; on était en confiance, je savais un peu ce qu’il voulait voir de moi et je pense qu’il savait que je le savais. Du coup, on n’était pas trop nerveux. Au final, ce qui était important, c’était de faire transparaître de ce personnage-là une certaine droiture et une tentative d’avoir l’air plus sérieux afin d’imposer une sorte de respect. On imagine qu’il commence dans le métier; il est très droit, très straight. Au début, devant ces femmes-là, il décide d’avoir l’air encore plus autoritaire; ca le rend presque antipathique à leurs yeux, puis, il se ramollit tout en gardant sa droiture face à elles parce que je pense qu’il s’attache un peu à Vic et Flo. »
Séduite par l’aspect genre du film et sa finale qu’elle trouve folle et surprenante, Romane Bohringer se souvient de sa réaction en lisant le scénario :« Mon côté un petit peu sentimental m’y a fait voir une histoire d’amour malgré tout, malgré le côté genre. C’est mystérieux, l’écriture de Denis. Quand j’ai reçu le scénario en France, je ne le connaissais même pas. Il y a une sorte de marginalité chez ces deux femmes qui sortent d’un milieu carcéral, qu’on retrouve ensuite dans cette cabane, qui est aussi un lieu marginal. Pour moi, elles restent solitaires, il n’y pas vraiment d’échappatoire pour elles. On dirait que derrière les murs, il y a encore des murs. Et que derrière ça, il y a de la tragédie, une fatalité. On dirait qu’elles n’arrivent pas à conquérir la vraie liberté, la lumière. »
Les frais du voyage à Berlin ont été payés par Téléfilm Canada.