J’espère que tu vas bien
Alors qu’elle se rend chez un ami, Minou (Marie-Chantal Perron, pétulante) croise Dave (David La Haye, émouvant), confrère acteur qu’elle n’a pas vu depuis 10 ans, qui lui révèle être devenu itinérant. Réflexion douce-amère sur l’amour et l’amitié, cette modeste mais efficace réalisation de Jay Tremblay et David La Haye séduit par sa proposition: improvisation mixte tournée en un plan-séquence. Qui plus est, la complicité des acteurs est si palpable que l’on aurait envie de les suivre longtemps dans les rues de Montréal. Le hic, c’est que le tristounet portrait de la génération X qu’ils livrent à travers leurs propos, tantôt amusants, tantôt bouleversants, tombe trop souvent dans la facilité et la répétition – il est vrai que Dave est amnésique… Prêtant sa voix au conjoint de Minou, Richard Robitaille crée l’effroi au coeur de ce sympathique badinage.
Cinémathèque québécoise, Salle Claude-Jutra, 17h15
Goon : Dur à cuir
Adaptation des mémoires de l’ex-hockeyeur Doug Smith (Goon: The True Story of an Unlikely Journey into Minor League Hockey), Goon de Michael Dowse passe férocement au tordeur les clichés propres à la violence au hockey. Portant sur l’acceptation de soi et la tolérance, ce récit d’apprentissage se décline en une irrésistible comédie politiquement incorrecte où les répliques, corsées et bien crues, font mouche. À des lieues du comique de situation des Boys, Goon propose du temps de glace plus qu’énergique sans ralentir l’histoire. Si Jay Baruchel provoque l’hilarité à chaque apparition et que Marc-André Grondin réjouit la galerie dans un contre-emploi culotté (imaginez un Sid the Kid déchu), Seann William Scott ne fait pas le poids en brute au coeur tendre. Le Slap Shot de 2012? Oui, mais en mieux!
Quartier Latin, 17h30
La mise à l’aveugle
Portée par une faune pittoresque à la langue colorée, laquelle évoque avec bonheur l’univers des Gilles Carle et André Forcier, cette deuxième réalisation de Simon Galiero s’avère un émouvant et nuancé portrait de femme doublé d’une savoureuse peinture de milieu. Si Nuages sur la ville rappelait, par la poésie de ses images noir et blanc, le cinéma des Groulx et Lefebvre, l’utilisation du 16mm confère à La mise à l’aveugle l’aspect rugueux des années 70. D’un réalisme troublant et fort d’une bonne dose d’humour décapant, La mise à l’aveugle permet de mesurer le talent de Galiero qui, s’inspirant d’une célèbre scène de A Woman Under the Influence de Cassavetes, orchestre avec doigté des parties de poker vivantes. Entourée d’interprètes d’un naturel bluffant, Micheline Bernard emporte la mise avec noblesse.
Quartier Latin, 19h45
Le météore
De tous ses films, Le météore de François Delisle (2 fois une femme, Le bonheur c’est une chanson triste) s’avère certainement son œuvre la plus radicale, la plus déstabilisante et la plus hypnotique. Doublement hypnotique même. De fait, le lyrisme envoûtant des images et la beauté de la réflexion sur la vie, la mort et le passage du temps (livrée par un casting vocal impeccable) sont tels que l’on souhaiterait pouvoir dissocier la bande-son de l’image afin d’en savourer pleinement chaque détail, chaque mot, chaque nuance. Rappelant, par son rythme onirique et par sa plastique soignée, La jetée de Marker et les collaborations de Duras et Nuytten (India Song, Son nom de Venise dans Calcutta désert), Le météore illustre sans l’ombre d’un doute que François Delisle est en pleine possession de ses moyens.
Quartier Latin, 19h
Enfin, n’oubliez pas, dès 21h, c’est la Nuit blanche qui commence!