Chaque année, je me demande pourquoi j’assiste à la conférence de presse du jury puisque chaque année, chaque membre du jury répète sagement que c’est un honneur que de siéger sur le jury d’un si prestigieux festival et qu’il n’aime pas juger les films mais plutôt célébrer le cinéma avec d’autres gens du milieu.
Cette année n’échappe pas à la règle et, entre nous, j’y suis allée parce que j’avais envie de respirer le même air, ne serait-ce qu’une demi-heure, que Steven Spielberg, l’air radieux en président du jury, Ang Lee, Cristian Mungiu, Daniel Auteuil, Christoph Waltz, Vidya Balan, Naomi Kawase, Lynne Ramsay et Nicole Kidman. Évidemment, rien de spectaculaire n’est vraiment sorti de cet exercice sympathique; sans doute serait-il plus intéressant d’assister en cachette aux rencontres de ce jury joliment disparate…
« On est toujours en train de critiquer les films qu’on voit, alors siéger sur ce jury, c’est un peu la même chose. Tout le monde juge nos films, maintenant, c’est notre tour. Le cinéma est la langue commune qui nous unit. Le festival de Cannes est un lieu de rencontres de plusieurs visions du monde, de différentes cultures. Pour moi, il ne s’agit pas d’une compétition, mais d’une célébration », a lancé Spielberg lorsqu’on a demandé aux membres du jury comment ils se sentaient de juger ainsi le travail de leurs pairs.
« Je n’ai pas peur de juger les films en public, a confié le réservé Ang Lee. Pour moi, être sur ce jury, c’est une façon de contribuer à la communauté et c’est un honneur que d’être ici. »
Dans le même esprit, Nicole Kidman a poursuivi : « Au fond, il ne s’agit que de l’opinion de neuf personnes, l’important, c’est que ce festival soit une plate-forme pour célébrer le cinéma. J’avais envie de faire partie de ce groupe parce que je souhaitais pouvoir passer deux semaines avec Steven Spielberg. »
« Lorsqu’on m’a demandé de faire partie du jury, s’est souvenu Daniel Auteuil, je suis allé faire un tour sur le net pour voir la liste des films ayant reçu la Palme d’or. Beaucoup de ces films ont forgé mes goûts de spectateur. Je considère donc que c’est une chance de contribuer à cette tradition et j’ai envie de découvrir avec mes camarades quel sera ce prochain film. Nous sommes tous là pour ce désir pour le cinéma. »
« Il s’agit de ma première fois à Cannes et de ma première expérience comme jury. Comme le festival souligne les 100 ans du cinéma indien, je me sens très honorée d’être ici », a confié Vidya Balan.
« Il y a deux ans, lorsqu’il y a un désastre au Japon, a raconté Naomi Kawase, nous avons eu le soutien du festival, qui a le pouvoir de s’adresser au monde entier. Hier soir, Stephen nous a dit que même si nous ne faisions pas le même métier, nous partagions tous cette passion pour le cinéma. »
« Pour moi, ce sera comme une psychanalyse et j’espère que la relation entre l’analysé et l’analyste se déroulera bien. Le prix sera le résultat de ces discussions avec ces grands artistes. Lorsque j’ai monté les marches tout à l’heure et suis allé au photocall, j’ai oublié que j’étais membre du jury tant les souvenirs sont encore frais. Je promets de me concentrer », a déclaré Christoph Waltz qu’on a découvert à Cannes grâce à Inglorious Basterds de Tarantino.
Enfin, lorsqu’on lui a demandé s’il avait une stratégie pour présider le jury, Spielberg a simplement répondu à la blague : « Je vais devoir revoir 12 Angry Men de Sidney Lumet lors des derniers jours de délibération! »