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Cannes 2013 : Quand la réalité rattrape la fiction inspirée d’un fait réel

Quelques heures après la projection du nouveau film de Sofia Coppola, The Bling Ring, qui s’intéresse aux jeunes devenus les vedettes de la télé-réalité Pretty Wild après avoir cambriolé des résidences de gens riches et célèbres, on apprenait que des bijoux Chopard estimés à plus de un million de dollars avaient été dérobés au Novotel, chic hôtel situé à 15 minutes du Palais des festivals. Qui sait si les cambrioleurs n’ont pas été inspirés par le film de Coppola, où l’on constate avec quelle facilité ces jeunes ont pu s’introduire notamment dans la maison de Paris Hilton à quelques reprises afin d’y faire la fête et lui dérober fringues, chaussures, bijoux, sacs à main et autres objets de luxe bien clinquants. Ils étaient si inconscients qu’ils commettaient ces actes sans masques ni gants. Fiers de leurs trésors, les membres du Bling Ring faisaient paraître sur Facebook des photos d’eux-mêmes portant leur butin.

« Je me rappelais vaguement avoir entendu parler de cette histoire, relatait une Sofia Coppola plutôt laconique en conférence de presse. Après avoir lu l’article du Vanity Fair, The Suspect Wore Louboutins de Nancy Jo Sales, j’ai rencontré cette journaliste qui m’a montré les transcriptions des entrevues. Je me suis alors dit que cela ferait un bon sujet sur la jeunesse d’aujourd’hui.

Sans doute que le sujet était en or, mais le film de Coppola, qui rappelle par endroits le côté pop et bonbon de Marie Antoinette, en est malheureusement contaminé, comme l’était Spring Breakers de Harmony Korine. Certes, on rigole d’entendre et de voir Emma Watson, jeune actrice britannique mieux connue sous le nom d’Hermione Granger, dans le rôle d’une Californienne superficielle dont la culture se limite aux sites à potins à la Perez Hilton, à la télé-réalité et à la mode bling-bling. Ses quatre partenaires, Katie Chang, Claire Julien, Taissa Farmiga et Israel Broussard, lui donnent la réplique avec une telle aisance que l’on croirait par moments une vraie télé-réalité à la The Hills – l’une de leurs émissions préférées : « J’ai essayé de faire le film dans un style collage pour imiter Facebook et la télé-réalité ».

« J’ai regardé les émissions des Kardashians, de Paris Hilton et The Hills afin de comprendre cette mentalité et que Nicki ne soit pas une parodie. J’ai aussi beaucoup travaillé mon accent et appris à maîtriser leur dialecte », confiait Watson, qui a certainement bien fait ses devoirs.

« Il était important pour moi que les personnages ne soient pas caricaturaux ou parodiques. Je voulais voir la réalité de leur point de vue, comprendre aussi leur mentalité. C’était excitant de voir Emma se transformer », a renchéri la cinéaste.

Pour les besoins du film, Paris Hilton, que l’on aperçoit brièvement lors d’une fête à laquelle assiste aussi une certaine Kirsten Dunst, a même permis à l’équipe de tourner chez elle : « C’était intéressant de se retrouver sur les vrais lieux, c’était aussi exotique que de découvrir cet univers. Paris a été très gentille et nous a montré les vidéos de surveillance du Bling Ring », a dit Sofia Coppola.

Bien que le film s’inspire d’un fait divers et Coppola ait rencontré deux des membres du groupe, la réalisatrice a tout de même pris soin de changer les noms : « La raison pour laquelle je l’ai fait, c’est que je ne voulais pas les rendre encore plus célèbres qu’ils ne le sont. »

« J’ai un peu honte de ma génération quand je pense à ces gens, mais je crois que The Bling Ring rappelle ce qu’on ne doit pas faire » a conclu Katie Chang.

Au fait, j’ignore si les bijoux auront été retrouvés au moment où j’écris ces lignes, mais sachez que les bijoux qui seront prêtés aux artistes pour la montée des marches et la Palme d’or sont en sécurité…