Ne me demandez pas de vous faire un compte rendu critique du show des Breastfeeders de samedi soir parce qu’à part les motoneiges installées devant l’entrée du Petit Théâtre, en guise de clin d’oeil à Chasse au Godard d’Abbitibbi d’Éric Mortin, je n’ai rien vu! Ma déception était encore plus grande lorsqu’on m’a dit que Johnny Maldoror y était furieusement en forme.
Voyez-vous, j’ai été kidnappée par deux habitués du festival qui m’ont emmenée dans un bar mythique de Rouyn, le Bar des chums. Je croyais qu’on allait y passer un quart d’heure, mais on a finalement fermé le bar… sans aller faire un saut chez Morasse Poutine, autre institution mythique de la place. Rassurez-vous, je me suis depuis remise du choc culturel que j’y ai vécu.
Heureusement d’ailleurs, car je n’aurais peut-être pas survécu à la vibrante lettre d’amour à l’Abitibi-Témiscamingue qu’ont offerte le réalisateur Dominic Leclerc et l’acteur Alexandre Castonguay, tous deux reçus comme Quentin Tarantino et Brad Pitt à Cannes par les spectateurs du Théâtre du Cuivre dimanche après-midi. Inspirée de La marche à l’amour de Gaston Miron, dont Castonguay livre une interprétation des plus senties et poignantes, le documentaire Alex marche à l’amour met en scène l’acteur partant sur les routes de sa terre natale alors qu’il mémorise le poème de Miron, lequel aurait été écrit peu après le passage du poète en Abitibi.
« Je ne suis pas toujours facile à suivre, alors j’ai fait un film pour qu’on me comprenne, criss », a lancé le charismatique Alexandre Castonguay à la salle pleine à craquer. J’ignore si cela aidera les gens à mieux comprendre cet artiste à fleur de peau et au regard magnétique, mais une chose est certaine, cet homme est amoureux de son coin de pays.
Qu’il s’adresse directement à la caméra ou aux gens qu’il croise au cours de ce pèlerinage singulier, Castonguay exprime avec éloquence et avec émotion son attachement profond, voire viscéral, à sa région natale et à ses habitants. Quant à Leclerc, qui se fait discret derrière la caméra, il ponctue les propos de Castonguay et de ses interlocuteurs d’images d’une beauté époustouflante qui en mettront plein la vue à ceux qui croient que l’Abitibi n’est qu’un vaste territoire où l’on ne rencontre que des épinettes et des mouches noires.
À peine le générique de fin a-t-il commencé à défiler que la salle s’est levée promptement pour applaudir à tout rompre Leclerc et Castonguay. Prenez note qu’Alex marche à l’amour fera partie de la programmation des prochaines RIDM. À suivre…