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RIDM 2013 : L’art d’être grand-mère

« Je suis un érable canadien aux racines profondément enracinées au Vietnam, plus spécifiquement dans le jardin de ma grand-mère », cette jolie phrase, extraite du dossier de presse de Bà Nôi (Grand-Maman), est du réalisateur Khoa Lê (Je m’appelle Denis Gagnon). S’étant rendu au Vietnam pour le Nouvel An avec une équipe de tournage, dont le directeur photo Mathieu Laverdière (Gabrielle de Louise Archambault, Une jeune fille de Catherine Martin), Khoa Lê a profité de cette visite dans sa famille afin de brosser un portrait tendre, intimiste et empreint d’onirisme de sa grand-mère.

Fière et coquette nonagénaire, la dame règne en impératrice un tantinet tyrannique dans son appartement coloré où l’on retrouve un autel érigé à la mémoire de son mari: « Tu es mon seul petit-fils! Tu hériteras de toute ma fortune et de mes dettes! », lance-t-elle ponctuellement au réalisateur, qui se fait très discret à l’écran. Quand elle ne presse pas celui-ci de se marier et de fonder une famille, elle invective ses filles et petites-filles afin de leur rappeler qu’elles ne recevront aucune part de l’héritage familial puisqu’elles ne sont que des filles.

S’il se sent parfaitement à l’aise avec sa double identité, Khoa Lê semble trouver une certaine paix intérieure dans l’entourage de sa grand-mère et ce, malgré la fougue de cette dernière qui ne cesse de lui poser les mêmes questions à propos des repas et de son départ imminent. Chez sa bà nôi, Lê savoure le temps qui passe en se coupant du monde; pendant ce temps, les messages de ses parents, de ses amis et de ses collègues s’accumulent dans sa boîte vocale, tous lui reprochant de ne pas retourner ses appels.

Alors que se superposent les images de sa grand-mère et des festivités du Nouvel An, Bà Nôi paraît illustrer les souvenirs d’enfance du réalisateur qui fait provision de nouveaux souvenirs afin d’enrichir sa mémoire et ainsi ne jamais oublier son pays d’origine ni celle qui lui balance un déchirant cri du cœur : « J’avais 70 ans quand tu es parti. J’en ai maintenant 93. Tu n’es venu me voir que quatre fois ». En résulte une vibrante lettre d’amour doublée d’une nostalgique incursion dans le passé qui n’est pas sans évoquer les émouvants passages sur la grand-mère adorée de Proust dans À la recherche du temps perdu.

À voir le 15 novembre, à 18h30, à la salle Cassavetes, ou le 18 novembre, à 18h, au Cinéma du Parc.

Le film prendra l’affiche le 31 janvier, jour du Nouvel An vietnamien.