Enfant, le cinéaste montréalais John Walker (Passage, A Drummer’s Dream) se prend de passion pour le peuple inuit qu’il découvre à l’école à travers les films éducatifs produits par le gouvernement canadien. À ses yeux, les Inuits incarnent un peuple joyeux s’amusant dans la neige avec leurs chiens de traîneaux. Son père ayant apporté à la maison une sculpture inuit, le jeune garçon est alors attiré par le mystère de cette culture qu’il connaît encore mal. En 1968, à l’âge de 16 ans, armé d’une caméra 35mm, il s’embarque pour le Haut-Arctique.
Ce qu’il ignore, c’est que les Inuits ont été transportés des décennies auparavant dans ce coin de pays hostile par la GRC afin de pouvoir assurer la souveraineté du Canada dans l’Arctique. Souhaitant s’assurer que ceux-ci ne reviennent pas, on a alors imaginé plusieurs façons de les tenir prisonniers de leur nouveau territoire, notamment en massacrant leurs chiens. Lors de sa première visite, le jeune Walker ne savait pas que des activistes inuits luttaient pour la revendication de ce territoire qui allait devenir le Nunavut en 1999.
Plus de 40 ans plus tard, John Walker retrouve les enfants souriants et les courageux militants qui l’avaient si chaleureusement accueilli. À travers leurs témoignages empreints d’émotion, dont celui de cette vieille dame racontant la déportation de sa famille, de superbes prises de vue illustrant la majesté des paysages nordiques menacés par le réchauffement de la planète et de judicieux extraits d’archives, démontrant le décalage entre la propagande et la réalité, le cinéaste raconte le fascinant et bouleversant récit de la création du Nunavut. Fortement instructif, jamais didactique, Arctic Defenders s’avère un précieux rendez-vous avec l’histoire raconté avec empathie et respect. Un must à découvrir le 16 novembre à 17h15 au Cinéma du Parc ou le 18 novembre à 19h à la salle D.B. Clarke de l’Université Concordia.