J’appelle expérience
un voyage au bout du possible de l’homme. Chacun peut ne pas faire ce voyage,
mais, s’il le fait, cela suppose niées les autorités, les valeurs existantes,
qui limitent le possible. Du fait qu’elle est négation d’autres valeurs,
d’autres autorités, l’expérience
ayant l’existence positive devient elle-même positivement la valeur et
l’autorité
– Georges Bataille
Cette grève est historique. Jamais une grève étudiante n’a été aussi massive et turbulente. Après avoir courageusement confronté la violence des forces de l’ordre, la désinformation médiatique, les propos méprisants des chroniqueurs, le délire des étudiants réactionnaires, les injonctions des administrations et le paternalisme parfois pathétique de notre élite, les grévistes ont désormais la capacité de transformer, ne serait-ce qu’humblement, notre société.
Non seulement cette grève a le pouvoir de faire reculer le gouvernement sur la question des frais de scolarité, mais elle pourrait ébranler sérieusement le consensus néolibéral qui règne sans partage au Québec depuis trente ans.
Utopie critique
La révolte étudiante actuelle, dont les frontières ne se limitent aucunement à celles de la belle province, porte en elle une critique des dogmes sur lesquels repose notre société. Elle est chargée d’une part d’utopie, d’idéal. Par son bouillonnement d’idées et d’actions, elle questionne les formes de notre vivre-ensemble, notre conception de la connaissance, de la démocratie, de l’argent et de la loi.
Mais la conscience heureuse de notre société ne peut saisir cette critique. Il faut dire que notre époque n’en est pas une comme les autres : elle est la plus prétentieuse et satisfaite qui n’ait jamais existé. La « fin de l’histoire », concept un brin ridicule emprunté au sinistre économiste Francis Fukuyama, semble avoir été pris au sérieux par notre élite. L’horizon du possible est désormais fermé à double tour. Plus personne dans l’espace public ne remet en question les croyances qui donnent forme à la société marchande [1]. Idéologiquement, nous valsons entre trois déclinaisons d’une idéologie unique et plurielle: le néolibéralisme (dont les libertariens incarnent la frange la plus dégénérée), le social-libéralisme (que les nostalgiques appellent encore « social démocratie ») et le conservatisme (cette éternelle et indémodable idéologie réactionnaire).
Sauvegarder le statu quo
C’est pour cette raison que le message porté par cette grève ne peut être entendu sans être préalablement réduit à sa portion compatible avec les lois divines du marché. Les adversaires des étudiants misent d’ailleurs sur ce « manque de réalisme » afin de discréditer le mouvement. Un chroniqueur du Journal de Montréal, après avoir condamné les actions perturbatrices des grévistes, affirme que la solution se trouve dans une augmentation des frais des soins de santé. Un de ses éminents collègues ajoute simplement que le mouvement ne revendique pas de changement, mais bien « le beurre et l’argent du beurre, comme leurs parents » et qu’il « faut augmenter » les frais graduellement. Dans la même veine, un populaire animateur de radio affirme que l’on doit ignorer ces « indigents cérébraux » qui ne font que « protéger leur privilège » et que la solution se trouve dans une modulation des frais en « fonction des savoirs » [2].
À la rescousse de son parti, un autre chroniqueur objectif soutient, cette fois-ci dans les pages du journal La Presse, que
« Si l’idée d’une négociation n’est pas réaliste, c’est parce que le mouvement étudiant est relativement informe, que le mandat de ses leaders n’est pas clair, que la contestation à été récupérée par les éléments les plus radicaux, dont l’objectif avoué est la gratuité. Très difficile de négocier un ralentissement des hausses des droits de scolarité avec des gens qui veulent les baisser! » [3]
Plusieurs chroniqueurs, pourtant sympathiques à la grève, participent également à ce
rétrécissement de la vue. Marie-Andrée Chouinard du Devoir, après avoir rappelé les différentes manières réalistes d’augmenter les frais, affirme que le gouvernement et le mouvement étudiant doivent faire des concessions [4]. Patrick Lagacé, qui conseille aux manifestants de s’asseoir devant les policiers, de ne pas faire de grimaces devant les caméras (il paraît que c’est malpoli), de réprimer l’action directe et le port du masque, affirme, comme si ce n’était pas assez
« […] fichez-nous la paix avec la gratuité à la scandinave, ça n’arrivera pas. Cherchez la solution mitoyenne. Une hausse graduelle, calquée sur l’inflation, par exemple. Soyez pragmatiques. Soyez le camp qui proposera un compromis » [5].
Défier la raison instrumentale
La position de notre élite oscille entre l’augmentation des frais de scolarité telle que proposée par le gouvernement et une « autre » forme d’augmentation, graduelle et moins draconienne. S’il n’y a pas unanimité sur les modalités, il y a par contre consensus sur la direction que doit prendre le mouvement étudiant, soit celle du compromis. Autrement dit, non seulement le mouvement étudiant devrait renoncer à la gratuité, au réinvestissement dans les services publics, à la démocratisation des institutions d’enseignement et à la critique de la marchandisation de l’éducation, qui sont tous des éléments qui l’ont poussé à la rue, mais il devrait également renoncer à la revendication centrale au déclenchement de la grève – le gel des frais de scolarité – avant même que ne s’amorcent les négociations!
L’événement de la grève, si les étudiantes et les étudiants le prolongent avec le même courage qu’ils démontrent depuis plus d’un mois, pourrait se transfigurer, telle que l’entend Georges Bataille, en « expérience ». Cette expérience est à la fois la négation et l’affirmation radicale de valeur et d’autorité. Elle revendique une reconnaissance mutuelle qui n’est pas soumise à l’accumulation ou à la possession d’argent. La valeur qu’elle défend, c’est celle de la dignité. Quant à la légitimité de son autorité, par delà le droit et le parlementarisme, elle se fonde sur le pouvoir des assemblées et de la démocratie directe.
Il y a là tout un monde de possibles, les fragments d’une nouvelle trajectoire historique. Reste à voir si notre société réussira à diluer cette expérience collective et cette critique radicale en une formule comptable conforme à la rationalité instrumentale qui est la sienne.
[1] Ceux ou celles qui en doutent n’ont qu’à faire le test : affirmez à vos proches que vous êtes contre le travail, la marchandise ou l’État, vous verrez dans leurs yeux écarquillés à quel point ces concepts sont considérés éternels et naturels.
[2] Cœurs sensibles s’abstenir, ces propos sont ceux, dans l’ordre : d’Éric Duhaime (4 mars), de Richard Martineau (27 mars et 2 avril) et de Normand Lester (17 février).
[3] Alain Dubuc, La Presse, 23 mars.
[4] Le Devoir, 29 mars.
[5] La Presse, le 9 mars.
Bonjour. Simplement un modeste rappel qu’il n’y a pas unanimité chez les chroniqueurs…
http://voir.ca/chroniques/voix-publique/2012/03/21/vous-avez-dit-equite-intergenerationnelle/
Heureusement qu’il a les médias sociaux et les journaux avec des chroniqueurs éclairés tel que vous, parce qu’a la télé… Attention, je ne dis pas que les chefs d’antennes doivent prendre position, mais j’aimerais bien des débats ou la gauche soit représentée équitablement. Ou sont les intellectuels?
Heureusement, il n’y a pas unanimité, mais je dirais qu’il y a concensus, non ? Comme je le dis souvent à Jean Barde: vous êtes l’incarnation d’une nuance.
Il y a consensus, c’est certain…
Et il est vrai que les «nuances» sont en voie de devenir un luxe là où la nature de la bête appelle des positions de plus en plus sensationnalistes pour faire un «bon show», comme on dit…
Il reste que sur cette question des droits de scolarité, la position que je défends, entre autre, dans cette chronique, est opposée à la hausse. Et ce, au nom de la protection d’une équité intergénérationnelle qui, bientôt, n’aura d’«équité» que le nom. En éducation, en santé, etc…
L’éducation n’est pas un «bien» qui se vend ou s’achète. Ce n’est pas une marchandise. Ce n’est pas, non plus, un «investissement» individuel, mais un investissement collectif. C’est pourquoi il importe d’en préserver l’accès sans égard aux revenus des étudiants et/ou de leurs parents.
C’est sur ce principe que porte le véritable débat, pas sur la «juste part» exigée, paradoxalement, de manière aussi injuste…
Merci, ça fait du bien.
– Une étudiante radicale tannée de vivre dans un non-lieu historique.
Hum… très intéressant tout ça… mais, si on commençait d’abord par le commencement?
En d’autres mots, par cette obligation morale et démocratique que tous les établissements dont les étudiants sont actuellement privés de cours tiennent des votes secrets, vraiment secrets, bien supervisés et sans le moindre petit relent d’intimidation dans les parages.
Afin de déterminer quel pourcentage est pour le boycott, et combien se prononceraient contre (pour une variété de raisons) si on leur en donnait enfin l’occasion.
Parce qu’à l’heure actuelle les droits de plusieurs se trouvent piétinés. Et les droits de ceux-ci valent tout autant que les droits des autres, il me semble. Et si ces autres qui préfèrent aller marcher avec des pancartes en criant des slogans décident de continuer à sortir par les rues, eh bien qu’ils sortent.
Et laissent aller à leurs cours celles et ceux qui veulent plutôt aller à leurs cours.
Que chacun soit libre d’agir comme il l’entend, sans imposer aux autres quoi que ce soit.
Donc, premier pas important relativement à l’équité, à la justice sociale: des votes secrets démocratiques. Autrement, le mouvement actuel n’a aucune crédibilité et est même passablement suspect.
Ce qui est suspect c’est la place qu’occupe l’argumentaire de droite sur l’espace médiatique, c.-a-d. pratiquement tout l’espace, sauf dans les publications de gauche. Pas de véritable débat de fond sur la question de l’accès, sur les couts de la gratuité scolaire, pas d’invitation d’entrevues télédiffusées aux auteurs des études de l’IREC et de L’IRIS, pas de véritable débat de société en dehors des médias sociaux. Contrôlez l’information et vous contrôlez la population.
Non, mais, si on pourrait agir chacun-e comme bon nous semble, il n’y aurait pas de grève actuellement. Celles et ceux qui voudraient payer pour aller à l’université payeraient et celles et ceux qui voudraient la gratuité ne verseraient pas une cenne. Mais, bien sûr, l’idéologie du laisser-faire individualiste est à géométrie variable, car elle ne sert qu’à défendre les privilèges. Car, celles et ceux qui sont aujourd’hui pour la hausse seraient les premier-e-s à revendiquer de ne rien payer, comme les autres, si on leur donnerait le choix. Mais aucune société ne tiendrait debout si on appliquerait une telle absurdité.
Merci M. Cyr pour ce billet d’une lucidité exemplaire, ce qui n’est malheureusement pas la norme par les temps qui cours. Et bien que cette génération enthousiaste, dynamique et enfin politisée représente l’espoir d’une société plus juste en dehors des schèmes de pensées habituels du conservatisme et du néo-libéralisme, j’ai bien peur que cette grève se fasse écraser par le juridique, instrument privilégié de l’état allant main dans la main avec le politique et la répression. On le voit déjà en regard de 2 jugements rendus depuis peu a l’encontre des étudiants. Nous n’avons pas fini de nous indigner, çà ne fait que commencer. Quand la classe moyenne aura disparue, peut-être comprendront-ils ces supporteurs de Gendron et compagnie. D’ici la, supportons avec flegme les sophismes de la classe politique dirigeante.
Très bon billet. Petite correction, il me semble que Fukuyama est historien. Petit commentaire (qui est en fait une inquiétude): j’ai peur que cette extraordinaire manifestation – historique, je suis d’accord – débouche sur une défaite amère. Après avoir abandonné l’exercice du droit de vote, les jeunes pourraient être désabusés du pouvoir de la rue s’ils perdent sur toute la ligne… C’est pourquoi je propose qu’ils ouvrent la négo avec le gouvernement. Pas pour abandonner leur vision, mais pour faire perdre la face à ce gouvernement qui s’entête. Si le mouvement étudiant est capable de démontrer qu’il veut négocier, il force le gouvernement à ouvrir le jeu. Sinon, cette grève historique fonce dans le mur de l’indifférence et du mépris. Le pourrissement de la situation sert qui? Et puis, s’ils réussissent à diminuer les ardeurs du gouvernement, leur combat n’est pas fini, mais il démontre que c’est possible de faire plier la pire des intransigeances. Et ce combat se transpose ensuite dans les urnes, qu’il faut réapprendre à utiliser. Tout ne se gagne pas dans la rue…
M.Chénier, les étudiant-e-s, d’après moi, ont présentement tout en leurs mains pour gagner, dans la mesure où ils tiennent , bien entendu. Ils doivent aller jusqu’au bout!
Heureux de lire une telle critique du discours dominant. Plier plier: c’est la voix du réel qui nous parle.
Continue ton travail indispensable Marc-André! C’est notre avenir qui le demande!
Le Québec valse dans le néolibéralisme uhh? Mal lu ou mal compris?!
Toute la crédibilité de l’auteur s’est envolée dès que j’ai lu les mots « la violence des forces de l’ordre ». Mais bon, en quelque part, j’admire sa naïveté…
ah oui? pourquoi, alain?
À tous ces ténors suggérons à leurs patrons de diminuer leurs émoluments de trois pour cent pendant les 5 prochaines années juste pour voir comment ils vont aimer la médecine de cheval qu’ils veulent imposer aux autres.
Lundi dernier au Faculty Club de McGill, la féministe Judy Rebick lançait un appel au professeurs et (j’estime) aux intellectuels en général : le moment est historique, le néolibéralisme tire à sa fin, il est temps de choisir votre camp. On peut entendre l’intégrale de son allocution, d’une durée de 1h28 ici : http://chirb.it/c90hex Faites le bon choix! Marc-André Cyr l’a déjà fait. 🙂
M. Alain,
après l’escouade GAMMA, les grenades assourdissantes, qui ont crévé un oeil et faits plusieurs blessés, l’abus des gaz et du poivre pour réprimer des manifestations légitimes, après la répression d’une vigile silencieuse, le matraquage des lignes de piquetages (tout ces faits sont dans mes autres articles, si vous voulez bien vous donner la peine de les lire), je crois que c’est plutôt à vous de démontrer votre « crédibilité » et de nous démontrer que la police fait bien son travail.
J’espère que la gratuité, si elle finit par se produire, permettra aux étudiantes et étudiants de faire moins de fautes que leur professeur ayant droit à son brûlot dans le Voir.
M. Antoine,
Après le déficit zéro, les coupures systématiques dans les programmes sociaux et en éducation, les nombreuses délocalisations, l’AMI, l’ALÉNA, La ZLÉA, l’alignement de tout ce qui est social vers une plus grande marchandisation, l’interdiction pratiquement systématique des grèves, et ce, de la part du PQ et du PLQ depuis trente ans… Je crois effectivement qu’on peut parler de concensus néolibéral.
Si vous êtes un lecteur des libertariens, vous direz sans doute que l’État intervient énormément toujours et encore dans l’économie comme dans la société. Cela est vrai. Seulement, il ne faut pas confondre « État » et « gauche ». L’État est plus présent que jamais , mais c’est parce qu’il est indispensable au soutient de l’accumulation de profit, ce qui n’a rien à voir avec la « gauche » ou le « socialisme », même si cela permet à la droite de nous le faire croire et de pousser son agenda politique.
Bonne journée
Pourquoi faites-vous abstraction des petits baveux qui ne cessent de défier et insulter les forces de l’ordre (des tonnes de vidéos pour le prouver sur Youtube) lors des manifestations? Faire le con, ça a des conséquences.
En passant, à propos de la « déinformation médiatique »… Personne ne semble réaliser que chaque jour apporte son lot d’incongruités autant de la part des étudiants que des supposées « sommités » (je pense aux « fameux » chercheurs de l’IRIS) qui les appuient. Bien dommage à dire, mais ce mouvement est basé sur les demi-vérités, les raccourcis et la pensée magique, des méthodes fort efficaces pour endormir une masse naïve, peu informée et inexpérimentée.
alain! toi qui est informé et expérimenté, peux-tu donner des exemples d’ « incongruités » provenant de l’iris stp?
Incongruités? Vous parlez du gouvernement sans doute. Au nom de quel principe le gouvernement peut-il prétendre réécrire 40 ans d’histoire et en faire porter le coût à la présente génération aux études et à celles qui suivront? Nous avons, les vieux, voté pendant 40 ans pour des gouvernements qui ont gelé les frais de scolarité et nous en avons bénéficié sans remords sachant qu’une fois sur le marché du travail nous rembourserions les coûts bien des fois. Nous avons collectivement fait le choix depuis 40 ans de donner à nos jeunes un système où l’éducation était accessible pour tous. Vous pouvez ne pas être d’accord, cela n’a aucune importance, le choix il était collectif. Rien ne permet de faire maintenant un rattrapage de 40 ans sur le dos de la présente génération étudiante. C’est se défiler de nos responsabilités collective, c’est voler nos enfants. La position du gouvernement est immorale!
La seule proposition moralement justifiable, c’est une indexation au coût de la vie selon l’indice de la RRQ à partir de maintenant. Toute proposition de hausse supérieure est irrecevable et inacceptable. La présente génération d’étudiants ne verra pas augmenter de 75% ses revenus d’emplois d’été d’ici 5 ans. Il n’y a aucune logique et aucune justice dans la proposition du gouvernement.
Ce gouvernement nous déshonore et se comporte en vulgaire voleur et bandit.
Oui, oui et oui… Oui nous sommes nombreux à penser que les étudiants sont menés par une bande de Che Gevara du 450 qui sifflent la bière de papa en préparant le grand soir en exigeant de mamans des pizza-pochette pour les camarades Tanguy. Font chier leurs vieux parce qu’ils ont mal digéré les 3 livres qu’ils ont lus dans des cours donnés par des petits branleurs dans ton genre. Mais, en vérité, tout ceci n’aura pas vraiment d’importaqnce, parceque les contribuables en ont rien à cirer de l’internationale des brailleurs…
Premierement, « Jamais une grève étudiante n’a été aussi massive et turbulente. « …. peut-on preciser… AU QUEBEC svp?
Deuxiemement, question fondamentale. L’acces a l’education universitaire est-elle un droit?
Les gentils progressistes et les méchants réactionnaires…
Tiens. Je suis surpris.
Vous devriez avoir un peu honte, un grand garçon comme vous, de faire ce genre de terrorisme intellectuel; être réactionnaire ou conservateur n’est point un crime et de nombreux génies universels étaient résolument conservateurs ou en tout cas anti-progressistes.
Vous devriez relire Aristote et plus particulièrement la notion de tempérance, de respect des opinions contraires (pour peu qu’elles soient cohérentes, certes) et la nécessité d’avoir un éthos de la discussion.
La bigoterie, quelle drame.
Cette facilité que nous avons de passer du général au particulier le coeur et la tête légères, ça me scie. Achille me met du « Nous » en pleine face alors que j’ai jamais voté pour « son » genre de gouvernement. Monsieur Cyr nous annonce une révolution votée par 20% des étudiants universitaires. Je ne connais aucune révolution digne de ce nom qui ait été votée à main levée dans une école de Haut Savoir. Les vrais révoltes sont spontanées, justement parce qu’imprévisibles et longtemps couvées sous la braise, elle émanent du peuple, parmi les moins éduqués, donc les plus exploités souvent par des tyrans archi-diplômés dans des universités « étrangères » et je n’en connais aucune de ces révolutions qui se soit faite spécifiquement contre l’argent. Contre ses pouvoirs, oui, mais contre l’argent lui-même…Vous êtes contre l’argent, vous, monsieur Cyr??
Or, de quoi est-il question, dans cette grève, dans le fond des fonds, et presqu’exclusivement, depuis une semaine. L’argent, viande à chien, l’argent…
@Jean-Claude Bourbonnais: il n’est que très accessoirement question d’argent, dans cette grève que j’oserais justement qualifier de révolution, Monsieur. Certains médias tentent de réduire cette lutte à sa plus simple expression, mais la vraie question de fond est autrement plus importante parce que sociale et philosophique, c’est-à-dire la conception que nous avons de l’éducation (droit? bien? marchandise?) et la place que nous voulons lui accorder dans ce Québec qui se targue encore d’avoir ces valeurs social-démocrates hérités de la Révolution tranquille mais qui est bien loin de ses prétentions…
Pour en savoir plus sur les véritables enjeux entourant la lutte étudiante, je vous invite à consulter les médias alternatifs comme le journal Voir, certains quotidiens comme Le Devoir et à naviguer sur Internet, notamment à la recherche d’informations sérieuses et non partisanes. Je pense entre autres à celles véhiculées par les chercheurs de l’IRIS.
Mise au point: j’en ai plus que marre d’entendre traiter les étudiants de pleurnichards et d’égoïstes, alors que bon nombre d’entre eux sont prêts à voir leur session compromise, s’il le faut, parce qu’ils ont cette capacité de voir plus loin et plus haut que leur personne. Ils ne se battent pas que pour eux mais pour les générations à venir; d’ailleurs, ils le disent depuis au moins un mois et ils posent des gestes en accord avec ce discours, en invitant les groupes citoyens, syndicaux, communautaires, écologistes, féministes à se joindre à eux, afin que la grève étudiante devienne une lutte citoyenne.
Les étudiants, comme vous les appelez dans une généralisation plus que hâtive, je crois les connaître mieux que vous puisque, en tant que professeure et citoyenne, je milite avec eux depuis 8 semaines, que je me suis sincèrement intéressée à eux, en les écoutant et en débattant avec eux.
Il faut faire ce pas d’entendre les 2 parties en cause avant de juger…
Ce qui me fait le plus rire ce matin, c’est que les étudiants pleurnichent à l’endettement à la fin de leurs études alors qu’ils feront la queue pour s’endetter afin de s’acheter une maison et une voiture de l’année. Qu’est-ce que quelques milliers de dollars de plus sur une dette globale de 100 000$, 150 000$, 200 000$? Rien. Et je le répète : 75% de pas grand chose, ça reste pas grand chose. Aussi, ça me fait rire qu’on tente de dénaturer l’objectif des études supérieures. On essaie de leur prêter des intentions nobles alors que tout ce qui intéresse un étudiant, c’est de trouver un travail qu’il aimera dans son domaine et si possible faire la piasse chemin faisant. La marchandisation de l’éducation, ce n’est pas nouveau, c’est même nécessaire si on ne veut se ramasser avec une bande d’incompétents sur le marché du travail.
Ce qui me fait le plus rire ce matin, c’est que les étudiants pleurnichent à l’endettement à la fin de leurs études alors qu’ils feront la queue pour s’endetter afin de s’acheter une maison et une voiture de l’année. Qu’est-ce que quelques milliers de dollars de plus sur une dette globale de 100 000$, 150 000$, 200 000$? Rien. Et je le répète : 75% de pas grand chose, ça reste pas grand chose. Aussi, ça me fait rire qu’on tente de dénaturer l’objectif des études supérieures. On essaie de leur prêter des intentions nobles alors que tout ce qui intéresse un étudiant, c’est de trouver un travail qu’il aimera dans son domaine et si possible faire la piasse chemin faisant. La marchandisation de l’éducation, ce n’est pas nouveau, c’est même nécessaire si on ne veut pas se retrouver avec une bande d’incompétents sur le marché du travail.
« c’est que les étudiants pleurnichent à l’endettement à la fin de leurs études alors qu’ils feront la queue pour s’endetter afin de s’acheter une maison et une voiture de l’année. »
ridicule procès d’intention.
« On essaie de leur prêter des intentions nobles alors que tout ce qui intéresse un étudiant, c’est de (…) faire la piasse chemin faisant. »
assez puissante-là. un deuxième procès d’intention de suite, alors que tu dénonces cette technique dans la même phrase!!!!!
wow.
« La marchandisation de l’éducation, ce n’est pas nouveau, c’est même nécessaire si on ne veut pas se retrouver avec une bande d’incompétents sur le marché du travail. »
peux-tu expliquer pourquoi, selon toi, si l’éducation n’est pas « marchandisée », on se retrouvera avec des incompétents sur le marché du travail?
Merci pour les insultes, vraiment, ça fait plaisir de savoir qu’on touche les gens à un point tel qu’ils n’ont rien à répondre que des invectives. Aucun argument, que des préjugés petit-bourgeois: paresseux, « branleur dans mon genre », pleurnichards, Che gevara (sic), etc. Le tout avec des commentaires courageusement non signés (et on gage que ce sont les premiers à dénoncer les capuches dans les manifs!) C’est comme disait Malcom X: Si vous lisez les journaux vous apprendrez à détester vos frères et à adorer vos maîtres (enfin quelque chose du genre).
Mais merci (pour vrai) à ceux et celles qui tentent sincèrement d’élever le débat, même s’ils ne sont pas d’accord avec moi mais qui tentent de le faire honnêtement. Je n’ai pas toujours le temps de répondre, malheureusement.
Mon opinion est que ces jeunes n ont pas besoin des cours pour finir leur études ( ??? ) Seuleument des vraies examens sans choix multiple bidon . Aujourd hui tu peut faire des maitrises à l internet ( Voir des cours offerts même en ingenierie ) .Leur examen peut contenir seuleument 3 à 5 questions avec tout leur livres petit et grand Robert et Gaston à côté.
C est vrai faisons notre révolution pas des taxes pour payer des policiers qui savent donner des contraventions pour des ARRET dites americains mais pas pour des imbeciles qui bloquent la circulation . Pas des taxes pour des politiciens qui savent voter des lois bidons : stops deviennent arrêts et construisons un amphitheatre pour amuser le peuple…..Pas des taxes pour payer des profs qui disent aux étudiants : tu ne travaille pas assez ( voir la confusion dans leur esprit )
Freha