C’est reparti… À l’Université de Montréal, des policiers antiémeutes obligent des enseignants à donner leur cours, filment les étudiants, font des menaces, des séquestrations et des arrestations[1]. Ils prennent même en souricière une assemblée générale et interdisent l’accès aux journalistes. Ceux et celles qui ont suivi la grève de près ont désormais l’habitude de ces scènes… Pourtant, et nous connaissons également très bien cette rhétorique de larbins, ce sont les étudiants qu’on accuse, encore une fois, de « violence et d’intimidation ».
Dans cette espèce de circulaire qui tache les doigts, le Journal de Montréal, on affirme ce matin
« À l’UdeM, malgré la présence policière aux abords du pavillon Jean-Brillant, au moins quatre cours ont été perturbés par des groupes de manifestants.
Un groupe d’étudiants s’est même barricadé dans un local de l’établissement.
Le SPVM a dû intervenir en vertu du Code criminel, puisque des allégations de méfaits ont été
rapportées aux autorités. Dix-neuf personnes ont été placées sous surveillance policière » [2].
Et dans les pages du bulletin officiel du Parti libéral, La Presse
« Dans le cadre de la rentrée universitaire, le SPVM est aussi présent à l’UQAM pour assurer le bon déroulement de la reprise des cours.
Lundi, la rentrée a donné lieu à des scènes rares et désolantes : des policiers forcés d’investir les couloirs d’université. C’est ce qui s’est produit à l’Université de Montréal où le SPVM est intervenu, en vertu de la loi 12, à la demande de la direction, pour arrêter 18 personnes [3]. »
Pourquoi un groupe d’étudiants s’est-il « barricadé » dans un local? L’histoire ne le dit pas, mais
c’était fort probablement parce qu’il s’y trouvait quelque chose à « perturber », à « violenter » ou à « intimider ».
Pourquoi le SPVM est-il intervenu à l’intérieur des murs de l’université? C’est une drôle de question : il « a dû intervenir », les policiers ont été « forcés » d’intervenir. Et pourquoi? Mais franchement: « pour assurer le bon déroulement de la reprise des cours ».
Passer ou ne pas passer
Vous connaissez le test du passeur?
Il se base sur cette petite histoire…
Une jeune femme s’attarde trop longuement chez son amant. Si elle n’entre pas dormir, son mari la battra à mort. Elle doit retourner chez elle au plus vite. Pour ce faire, elle doit traverser une rivière. Or, autour du pont rôde un assassin qui s’en prend à tous ceux qui osent s’y aventurer.
Par chance, un passeur, moyennant rétribution, escorte ceux et celles qui désirent traverser.
La jeune dame n’a pas d’argent. Elle demande à son amant de lui en prêter. Il refuse, il veut la garder jalousement à ses côtés. Elle demande alors à des amis, qui refusent aussi, par avarice. Elle supplie alors, en dernier recours, le passeur, qui refuse à son tour, car elle ne peut payer la totalité de la somme.
Finalement, la jeune dame tente de traverser seule.
Et l’assassin la tue.
Qui est responsable de sa mort ? Le passeur? Son mari qui la battait? Son amant? Ses amis trop avares? Un peu tout le monde?
Généralement, les gens oublient la responsabilité de… l’assassin. Ce dernier, au même titre que la rivière qu’on ne peut traverser sans pont, est considéré comme une donnée naturelle dans l’équation.
Au Québec
C’est à ce test qu’est soumis le Québec depuis quelques mois. Et force est d’admettre que les réponses confirment la pertinence de cette petite fable.
Tout comme la figure de l’assassin dans le test du passeur, la violence policière incarne une
« donnée naturelle ». Généralement, le mot « violence » n’est même pas utilisé pour parler des « opérations » policières. Le terme employé est plutôt celui de « maintien de la paix ». Pire encore : non seulement on refuse d’attribuer la responsabilité de la violence à celui qui en détient le monopole, on accuse celui qui la subit d’en être le vecteur.
Autrement dit, à la question « qui est responsable de la mort de jeune dame? », on répond… la jeune dame.
Après tout, il est normal que son amant veuille être à ses côtés, c’est son droit, qui a été confirmé par un jugement en cour. D’ailleurs, le fait qu’elle ait un amant nous en dit beaucoup sur sa conception de la fidélité. Ses valeurs seraient-elle en contradiction avec celles de notre démocratie? Les honnêtes gens ne sortent pas la nuit, tout le monde sait ça, et ils ne portent de masques s’ils n’ont rien à cacher.
Quant à son mari qui supposément la bat, qu’est-ce qui nous dit qu’il ne s’agit pas d’automutilation? On a vu ça souvent… D’ailleurs, si elle était réellement battue, il existait des recours légaux. Elle n’avait qu’à porter plainte. Vous vous souvenez de ce jeune homme qui a perdu un œil suite à l’émeute de Victoriaville? Eh bien figurez vous donc, chers amis, que nous n’avons toujours aucune preuve que cet accident ait été causé par les forces de l’ordre. Qu’est-ce qui nous dit que ce n’est pas un Black bloc qui lui a arraché un œil? Enfin, soyons patients et modérés, justice sera rendue : l’enquête policière menée par la police nous dira bientôt si les actions de la police étaient conformes aux codes de déontologie policière.
Tout est en ordre.
Ajoutons que les amis de la jeune dame n’étaient pas obligés de l’aider, c’est à chacun de prendre ses responsabilités. Elle veut vivre dangereusement une vie d’aventures? Grand bien lui fasse… Seulement, elle n’a pas à brimer les autres pour ses propres choix. C’est sa responsabilité.
Quant au passeur, il est tout à fait normal qu’il demande rétribution pour ses services. Tout travail mérite salaire et tout le monde doit faire sa « juste part », surtout par les temps qui courent.
Quant à l’assassin, il n’existe tout simplement pas. En démocratie, les assassins sont sous les verrous. La jeune amante a probablement inventé cette histoire afin d’attirer l’attention sur elle.
C’est typique des femmes de son âge.
Notes
[1] De nombreux témoignages le confirment, dont celui-ci : http://me.voir.ca/blandineparchemal/2012/08/28/lettre-au-recteur-de-luniversite-de-montreal/
[2] Journal de Montréal, 27 août 2012.
[3] La Presse, 28 août 2012. À noter que La Presse se trompe: le SPVM n’est pas intervenu à l’UQAM.
Les vraies victimes sont les étudiants qui tente d’accéder à une éducation supérieure et qui se le font empêcher par des votes de « grève » avec des taux de participation inférieurs à 10%.
Bin ils ont juste à y aller aux assemblées et voter contre! Si c’est vraiment une majorité silencieuse il vont gagner leur cause et ont en parlera plus! Les absents ont toujours tord!
Il y a effectivement contradiction dans cet argumentaire qui revient beaucoup trop souvent, malgré le fait qu’il soit sans cesse réfuté.
Si une minorité décidait à elle seule de faire la grève, cela voudrait dire qu’elle contrôle la majorité. Il y aurait donc quelque chose qui empêche la supposée majorité d’aller voter contre la grève aux assemblées…
Alors, démontrez le. Qu’est-ce qui les empêches???
Le travail? Les stages? Certains ont peut-être une vie tsé. Surtout l’été. Peut-être aussi qu’ils en ont assez de suivre les péripéties des carrés rouges qui manifestement n’ont que ça à faire de leurs journées, planifier des grèves et des manifs.
Ah ça c’est la meilleur… Parce que tu crois que les grévistes n’ont pas de vie? Tu crois qu’ils ne travaillent pas? Qu’ils n’ont pas des projets de vie? Ben mon vieux, ça va te prendre des belles statistiques pour me faire avaler ça… jusqu’à preuve du contraire, gréviste et non-gréviste ne peuvent pas être différenciés avec ces critères là.
Il est effectivement intéressant de voir le traitement que les médias traditionnels ont accordé à ces deux évènements. Vous parlez du Journal de Montréal mais La Presse et Le Devoir n’ont pas à rougir de la comparaison.
Ce qui frappe c’est non seulement la faiblesse du contenu de ces articles (aucune mise en contexte, aucun questionnement quant au bien fondé d’une intervention policière au sein d’une université) mais aussi le retour à une approche sensationnaliste de la question étudiante qu’on avait presque oublié depuis le début des vacances.
Tout dans les termes utilisés (« individus masqués »), les photos accompagnant les articles, l’absence de détails sur les accusations portée (« possibilité de voie de fait », « intervention en raison d’actes criminelles ») et surtout ce qui n’est pas rappelé (les piquetages et perturbations concernaient les cours des programmes ayant reconduis la grève) laisse transparaitre une volonté d’influencer négativement l’opinion publique.
Je vais aller relire « les chiens ont soif »….
C’est vrai, ça. L’assassin sera toujours l’assassin, et la police la police. Quand même… le mari aurait pu donner un peu de fric à sa femme pour qu’elle le trompe sans danger. Salaud !
La démocratie ne vas pas seulement d’un côté, elle vas autant pour ceux qui veulent aller à leur cours que ceux qui ne veulent pas y aller. (y compris les syndical-eux)
Donc tu confirmes que la démocratie c’est de respecter le vote qu’il soit pour ou contre la grève? C’est-à-dire que les scabs ne devraient pas être sur place tout comme personne ne fait de piquet de grève pour des associations qui n’ont pas de mandat de grève.
C’est bien beau constamment brailler contre la police Mister Cyr, mais astheure, explique-nous en détail ce que faisait ta bande d’anarchistes à cinq cennes pendant ce temps-là (car ça, habituellement, tu ne l’expliques jamais). Après on jugera.
Ils tentaient de faire appliquer un mandat de grève étudiante.
COMMENT. C’est le comment qui nous intéresse. Ce que tu dis est terriblement vague.
Comment?
1) Discussion rationnelle en AG
2) Vote de grève (à ce stade ci, beaucoup d’étudiants respectent la grève)
3) Piquetage symbolique
4) Si les gens traversent le piquetage, on durcit le piquetage
5) Si ça ne marche pas non plus, on manifeste, on fait du bruit, du tapage.
Ce serait bien que l’on puisse s’en tenir à l’étape 1 et 2…. mais comment faire? Nous n’avons pas de recours légaux. Nous n’avons qu’une volonté politique.
Il y a vraiment de quoi désespérer du genre humain…
À ceux qui veulent un monde plus juste et plus égalitaire, qui se mobilisent pour lutter contre la marchandisation du savoir, contre la montée de l’individualisme, contre l’attaque en règle à l’encontre de l’éducation des citoyens et l’aggravation des inégalités qui en découlera, on répond par une vision égoïste de court terme aux relents anti-démocratiques (revenant encore et toujours sur la question de la légitimité des assemblée étudiantes malgré tout ce qui a pu être répondu à ce sujet).
Des victimes il y en aura effectivement…si l’augmentation des frais de scolarité est entérinée. Celles-là seront bien plus à plaindre encore que ceux qui voient leur session repoussée de 4 mois. Rien ne sera jamais entrepris, rien ne sera jamais possible si les enjeux de long terme, si la volonté d’améliorer le sort commun sont systématiquement sacrifiés sur l’autel des intérêts particuliers.
Oui, je comprends la détresse de ceux qui ont peur de retarder la fin de leurs études, qui ne savent pas encore comment les choses vont s’organiser et qui se sentent lésés. Je leur demande simplement de réfléchir non pas uniquement à leur situation présente mais aussi à leur situation future. Aux enfants qu’ils auront un jour, à la société dans laquelle ils souhaitent vivre, au système politique et économique dans lequel on nous fait vivre et qui est directement responsable de la crise actuelle.
La grève étudiante n’est que la pointe de l’iceberg, la première manifestation d’une société malade qui a fait des inégalités, de la précarité, des données de base et de l’économie la seule vision acceptable des relations entre les Hommes.
Ne frappez pas sur les messagers, sachez reconnaitre que ceux qui se battent le font aussi pour vous, pour cette génération, pour celles à venir, pour le Québec et ce qu’il veut être pour lui-même.
Je suis bien désolé Marie, mais je suis loin d’être convaincu que la plupart des étudiants en grève le sont « pour la société future »…
Ensuite, j’aimerais porter ton attention sur le nombre de facultés d’administration, de gestion ou d’économie en grève. Tu vas te rendre compte que très peu de personnes capables d’évaluer le coût à long terme de la grève font la grève.
Cela dit, la façon de faire du gouvernement libéral dans ce dossier est inacceptable, et il est tout à fait normal de se battre contre cela. Mais le dossier des frais de scolarité ne méritait absolument pas une réaction aussi violente et sans considération qu’une grève générale. Il aurait été beaucoup plus intéressant de militer pour un meilleur système de prêts et bourses, et pour réduire les dépenses inutiles dans le système, que de « chialer » comme des enfants de 4 ans qui ne peuvent obtenir ce qu’ils veulent.
Ce qui est le plus a déplorer, c’est l’attitude des étudiants extrémistes qui empêchent les étudiants qui souhaitent assister à leur cours. Pour des gens qui prônent la démocratie, la liberté, et qui se plaignent sans arrêt de la violence policière, je trouve bien ironique qu’ils rentrent à cinquante dans une salle de classe pour obliger les personnes à sortir…
«je suis loin d’être convaincu que la plupart des étudiants en grève le sont « pour la société future » …»
Peut-être n’est-vous pas convaincue, mais quelle preuve avez-vous? Ce que vous affirmez est gros, vous prétentez savoir pourquoi nous faisons la grève… vous devez donc avoir une grosse preuve…
«Tu vas te rendre compte que très peu de personnes capables d’évaluer le coût à long terme de la grève font la grève.»
C’est vraiment grossier… comme si les seuls capables d’évaluer le coût de la vie à long terme étaient les économistes??? Et les philosophes, et les scientifiques, et les artistes, et les psychologues, et les travailleurs sociaux, et les musiciens, serions nous donc tous dépourvus de vision à long terme??? Quelle preuve avez vous de cela??
«Ce qui est le plus a déplorer, c’est l’attitude des étudiants extrémistes qui empêchent les étudiants qui souhaitent assister à leur cours.»
Oui… c’est le principe d’une grève, ouvrez le dictionnaire. Vous semblez confondre «démocratie» et «droits individuels»… la démocratie suppose un équilibre entre droits individuels et collectifs, ce qui est conforme avec l’idée de grève.
Pour répondre au point amené par Simon.
Rien dans vos propos ne me permet de conclure, preuve à l’appuie, que « la plupart » des étudiants ne sont pas en grève pour notre avenir commun. J’en déduis dés lors qu’il s’agit d’une simple supposition de votre part qu’aucun fait ne vient étayer. Ne nous livrons pas ici à des procès d’intention inutiles. Lorsque j’affirme que les étudiants qui ont donné vie au mouvement le font pour le futur de la province, je me réfère aux discours qu’ils ont tenus, aux actions qu’ils ont posé, aux questions qu’ils ont soulevé tout au long du conflit et aux analyses du mouvement qui ont pu être faite ici comme ailleurs.
Je connais très bien les facultés d’administration et d’économie. Ce que vous ignorez peut être c’est qu’il existe des gens au sein même de ces écoles qui soutiennent la grève. Des gens qui savent parfaitement reconnaitre que les coûts et bénéfices d’un tel mouvement ne se limitent en rien à des données quantitatives de court terme sujetes au point de vue abordé.
Par ailleurs, comme souligné par M. Bengio, les écoles de gestion n’ont pas le monopole de la pensée économique ni celle de la faculté de compter. Il est particulièrement réducteur de sous entendre que les universités en grève sont uniquement peuplées d’étudiants incapables de comprendre ou de considérer les questions monétaires. Les chiffres, notamment ceux des propositions gouvernementales et des budgets alloués aux universités, ont fait l’objet de nombreuses discussions et d’analyses poussées. Des sources variées et documentées, le blogue de l’IRIS, le livre de MM. Ouellet et Martin, les articles de M. Baillargeon… sont venus étailler les propos et alimenter les réflextions.
Quant au sujet des frais de scolarité, on ne peut comprendre l’ampleur de la réaction qu’en la replaçant dans un contexte plus général de ras le bol vis à vis du démantelement des services publics, de la marchandisation de la connaissance et plus globalement des politiques néolibérales menées au Québec depuis les années 90. L’augmenation des droits de scolarité n’a été que l’étincelle qui a mis le feu aux poudres.
Finalement, inutile de rappeler que les perturbations concernaient des cours qui n’auraient pas dû reprendre suite au vote de reconduction de grève dans les facultés concernées.
Ici, l’assasin n’est pas la police, mais Charet et son augmentation invraisemblable.
Si on prend le revenu annuel moyen d’un étudiant (il est « coupé » s’il gagne plus) et d’environ 10000$. Une augmentation qui finira par représenter plus de 10% de diminution du budget de l’étudiant… est indécent.
Toute taxe « par tête de pipe », sans tenir compte des revenus… est ce qu’on appelle une taxe régressive… et le gouvernement y ajoute l’agression par police interposé.
Mais jamais les médias n’ont présenté ce point de vue. Si on applique cela à n’importe quel travailleur ou patron… ils vont faire une grève violente…
En passant, une bonne partie des budget d’une université passe dans la recherche… ce qui n’a pas à être subventionné par des gens gagnant 10 000 par année.
Très intéressante cette petite fable!
À Simon: «Il aurait été beaucoup plus intéressant de militer pour un meilleur système de prêts et bourses, et pour réduire les dépenses inutiles dans le système, que de « chialer » comme des enfants de 4 ans qui ne peuvent obtenir ce qu’ils veulent.». Dois-je rappeler que tout le questionnement entourant la classe moyenne, le nombre de prêts par rapport aux bourses, les exemples de mal-gestion ont été soulevés par les étudiants? Exactement pour justifier leur position par rapport à la hausse? Alors je crois qu’ils font partie des personnes qui sont capables d’évaluer le coût à long terme de ces problèmes sur la hausse. Si à chaque fois que quelqu’un se plaint d’une hausse en sortant des chiffres à l’appui on le traite d’enfant de 4 ans…
M. Puke affirme: « C’est bien beau constamment brailler contre la police Mister Cyr, mais astheure, explique-nous en détail ce que faisait ta bande d’anarchistes à cinq cennes pendant ce temps-là (car ça, habituellement, tu ne l’expliques jamais). Après on jugera. »
Dans mon texte, j’avais prévu sa réaction: « Les honnêtes gens ne sortent pas la nuit, tout le monde sait ça, et ils ne portent de masques s’ils n’ont rien à cacher ».
Je passe mon temps à tenter d’expliquer ce que font ceux que vous traitez avec mépris, M. Puke, seulement, vous ne voulez pas le savoir. Continuez de défendre les policiers, les notables et les bourgeois: vous le faites avec tout le courage que ça prend – soit encapuchonné derrière un pseudo un tantinet dégoutant.
Je ne te demande pas quels sont les objectifs de ta gang, je te demande ce qu’elle FAIT ta gang. Gestes concrets, paroles concrètes. C’est à ça qu’on juge la pertinence de la présence policière et de ses interventions. Si tu n’en as aucune idée précise et objective, tu te la boucles solide. Tu chiâleras quand tu sauras exactement ce qui s’est passé, si c’est encore pertinent de le faire. D’ici là, mets ta caricaturale équation de la persécution sur la glace.
Patrick Bengio: «Oui… c’est le principe d’une grève, ouvrez le dictionnaire. Vous semblez confondre «démocratie» et «droits individuels»… la démocratie suppose un équilibre entre droits individuels et collectifs, ce qui est conforme avec l’idée de grève.»
Si vous souhaitez en venir au dictionnaire, aller lire la définition de « grève »… On pourra ensuite continuer de parler du « boycott » étudiant…
Vous voulez des chiffres? Selon les données de la CLASSE, au 22 août, environ 96 000 étudiants sont en grève. Sur un total de 420 000, c’est un maigre 22%. Ne venez pas me dire qu’il ne s’agit pas d’une minorité qui impose sa loi par la force dans les AG…
Oui, évidemment, au 22 aout, alors que les grévistes ont tous peur (avec raison) de perdre leur session…. mais une autre donnée pertinente : le 22 MARS, alors que la mobilisation bat son plein, 300 000 étudiants étaient en grève.
Mais c’est impertinent. Même s’il n’y a que 800 étudiants en grève, cette grève est quand même décidée par une majorité. Majorité relative uniquement à l’Association en grève, majorité présente en assemblée ou qui aura voté en référendum. (à mon asso on a fait les 2)
On ne vote pas à 420 000 étudiants!!! On vote asso par asso.
La grève politique, la grève sociale, est-ce que ça existe? Une grève ne concerne-t-elle que les travailleurs syndiqués? Un boycott ne suppose-t-il pas quelque chose d’individuel? Et puis… on les a payés nos cours, un boycott ne supposerait-il pas que l’on arrête tout simplement d’aller à l’université?
Donc les grévistes ont peur de perdre leur session? Ce qui justifie un nombre très réduit de grévistes? Wow, tu parles d’une solidarité et de faire quelque chose pour la société…
Si tu persiste dans ton idée de grève, alors par définition, les grévistes renoncent à leur salaire, qui dans ce cas serait leurs notes/cours. Un gréviste qui veut des mesures de rattrapage et qui n’est pas prêt à perdre des cours est donc un lâche qui veut le beurre et l’argent du beurre.
Justement, c’est le problème, de voter asso par asso. En quoi s’est représentatif des étudiants? Si un étudiant se trouve dans une association de sciences humaines, par définition, il est presque certain que son vote contre la grève n’a aucune importance. J’ai entendu plusieurs étudiants se plaindre du système politique en place et souhaitent un mode représentatif… Difficile à défendre vu la façon dont ça se passe en AG…
Et puis justement, on les a payés nos cours!!! De quel droit obligez-vous des gens qui payent pour un service à ne pas y avoir accès? Parce que vous en avez tout simplement décidé ainsi ? Essayez-ça, pour le plaisir. Choisissez un produit de consommation, aller vous placer à l’entrée d’un centre commercial, et chaque fois que quelqu’un sort du magasin avec le produit, vous l’entourez avec une ligne de piquetage, et le forcez à abandonner le produit… J’ai l’impression que vous ne serez pas très bien reçus.
« Choisissez un produit de consommation »
L’éducation n’est pas un produit de consommation.
Your argument is invalid 😉
« c’est le problème, de voter asso par asso. En quoi s’est représentatif des étudiants? Si un étudiant se trouve dans une association de sciences humaines, par définition, il est presque certain que son vote contre la grève n’a aucune importance. »
Vous êtes donc contre le vote par circonscription? Diantre! Mais il faut en parler au gouvernement alors! Il se pourrait que sa légitimité soit sérieusement remise en cause ainsi que celle de tous les élus de l’Assemblée Nationale.
« qui n’est pas prêt à perdre des cours est donc un lâche qui veut le beurre et l’argent du beurre. »
Jamais entendu parler du droit de grève? Vous serait il apparu qu’il a été inventé et qu’il est encadré justement pour éviter les sanctions à l’égard de ceux qui protestent (une mesure commode pour s’assurer de la servilité et du muselement de tous).
Marie:
Vous-même, vous avez dit que je manquais d’arguments et de preuves suite à un de mes commentaires, et maintenant, votre argument est « Non, c’est pas ça »? Vive la logique…
Ceci dit, en quoi l’éducation n’est pas un produit de consommation? Il faut payer pour obtenir le service. Pour moi, c’est pas mal ça. Au pire, disons qu’il s’agit d’un investissement, mais l’argument reste le même. Essayer d’empêcher quelqu’un de mettre son argent à la banque ou de s’acheter une maison, on verra la réaction.
Certainement, j’ai entendu parler du droit de grève. Et vous, avez-vous entendu parler des droits individuels? Du droit de dissidence? Les étudiants qui s’opposent aux décisions d’AG n’ont droit à aucun support de leurs associations, sont constamment décriés par les militants. Si le système utilisé par les assos était en place au gouvernement, chaque personne n’ayant pas vôté pour Charest n’aurait aucun droit. Tu ne votes pas pour moi? Ok, pas d’accès à l’éducation, pas d’accès à l’hôpital, marche dans les champs, les rues sont pour nous…
Pardon, je n’avais pas compris qu’il était nécessaire de préciser en quoi l’éducation était différent d’un paquet de lessive. Mais puisque vous m’invitez à entrer dans les détails, allons-y joyeusement. L’éducation est ce que la science économique (vous savez, les gens qui savent compter) dénomme un bien public, c’est-à-dire un « bien » qui répond aux principe de non exclusion et de non rivalité. Un bien public, par essence, n’est pas un produit de consommation et ne peut se voir attribuer de valeur monétaire réelle (« la façon dont ce prix sera réparti entre les différents financements dépend de considérations macro-économiques ou idéologiques, et non de calculs ou d’algorithmes irréfutables »). Sa valeur ajoutée est par ailleurs gratuite (plaisir de savoir, liberté intellectuelle, capacité de raisonnement accrue…). On touche là au concept de sphère publique.
Pour en apprendre plus sur le sujet, je vous enjoins la lecture de ceci :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bien_public
Par ailleurs, les droits individuels ne sont pas en contradiction avec les droits collectifs (ou droit créance comme on les surnomme aussi). À ce sujet, vous serez intéressé par la définition qui leur est donnée :
« Parmi les droits collectifs reconnus, on dénombre le droit d’être syndiqué, le droit de grève et implicitement, d’autres droits tels que la liberté d’association. »
La décision de grève ayant été prise selon un processus démocratique, oui, je répète, un processus démocratique, elle ne peut être circonvenue au nom du droit individuel. Droit individuel que vous décrivez d’ailleurs très vaguement.
Lorsque l’Unesco parle d’accessibilité à l’éducation, il se réfère aux obstacles monétaires (tiens, tiens), logistique (refus de construire des écoles) et politiques (interdiction pour certaines catégories sociales et/ou démographique d’accéder aux études) qui ne devraient pas se dresser sur le chemin des enfants. Ces situations n’ont absolument rien à voir avec une décision de grève décidée en assemblée de façon majoritaire (oui, oui, majoritaire) par les étudiants.
Au plaisir
« Continuez de défendre les policiers, les notables et les bourgeois: vous le faites avec tout le courage que ça prend – soit encapuchonné derrière un pseudo un tantinet dégoutant. »
Trop comique ce commentaire venant de la part d’un fervent défenseur des brutes masquées qui intimident les jeunes voulant assister à leurs cours. Quoique les méthodes étaient comparables, au moins les S.A. durant les années 1920 agissaient à visage découvert!
Je vous invite tous à vous renseigner sur ce qu’est un sophisme. Ensuite, à relire le texte de m. Cyr.
Eh boy…. Amalgame avec les S.A (ils auraient matraqué la grève M.) incitation à me fermer la gueule (M.puke parle comme une police, vous avez remarqué?), accusation de sophisme sans argument… Bonne journée tout le monde!
Je ne vois pas l’accusation dont vous parlez, Marc-André….
Vous avez peut-être raison, Bob: peut-être voulait-il dire que mon texte dénonçait le sophisme présent dans les médias, mais je l’ai compris comme une accusation voulant que mon texte mette de l’avant un sophisme. Serais-je devenu trop sensible? 😉 Peu importe…
Mais mes excuses à M.Jean si tel est le cas.
Mr Cyr,
Je ne compte pas contester ou même discuter de ce qui s’est produit dans les université. Je tiens seulement à revenir sur votre parabole, qui vient malheureusement biaiser tout votre argumentaire.
Le jeune femme n’a pas été dupée. Elle savait que son mari la battrait s’il apprenait son infidélité, elle savait que le passeur exigerait son du pour lui permettre de passer le pont, elle savait qu’un assassin rôdait. Elle connaissait tous ces risques avant même de quitter sa maison pour rejoindre son amant. Elle est donc, en ce sens, responsable de ses actes, et de leurs conséquences. Vous ne pouvez pas lui enlever cette responsabilité, au risque de l’infantiliser, d’en faire une victime.
Je pense que les étudiants, et plus largement une certaine proportion de la population, ont fait preuve de beaucoup de courage, de persévérance, d’imagination et de ténacité. Je ne crois pas que de les traiter en victimes ou encore de les infantiliser soit leur faire honneur. Ils méritent mieux que ça.
Ils méritent qu’on rapporte fidèlement, le plus objectivement possible, les abus du système (qu’il s’agisse du gouvernement, par les lois adoptées, ou des forces policières, dans leur application). Ils méritent qu’on démontre que, partis de bonne foi, en sachant les risques qu’ils encouraient, ils sont tout de même allés au front, et qu’on a bafoué leurs droits.
Traitons-les en adultes qu’ils sont, en citoyens responsables. C’est le plus grand honneur qu’on puisse leur faire.