« La grande majorité des Québécois souhaitent autre chose. Ils rêvent de prospérité,
de stabilité et de paix sociale ».
–André Pratte, 31 août, La Presse
Comment trouver le mot juste pour parler des élections?
En 1888, Octave Mirbeau en parlait ainsi
« Je comprends qu’un escroc trouve toujours des actionnaires, la Censure des défenseurs, l’Opéra-Comique des dilettanti, le Constitutionnel des abonnés, M. Carnot des peintres qui célèbrent sa triomphale et rigide entrée dans une cité languedocienne; je comprends M. Chantavoine s ‘obstinant à chercher des rimes; je comprends tout. Mais qu’un député, ou un sénateur, ou un président de République, ou n’importe lequel parmi tous les étranges farceurs qui réclament une fonction élective, quelle qu’elle soit, trouve un électeur, c’est-à-dire 1’être irrêvé, le martyr improbable, qui vous nourrit de son pain, vous vêt de sa laine, vous engraisse de sa chair, vous enrichit de son argent, avec la seule perspective de recevoir, en échange de ces prodigalités, des coups de trique sur la nuque, des coups de pied au derrière, quand ce n’est pas des coups de fusil dans la poitrine, en vérité, cela dépasse les notions déjà pas mal pessimistes que je m’étais faites jusqu’ici de la sottise humaine, en général, et de la sottise française en particulier, notre chère et immortelle sottise, ô chauvin! » [Mirbeau, La grève des électeurs]
C’est très méchant, n’est-ce pas? Et quand on est méchant, ça fait pleurer le p’tit Jésus.
Laissons donc Mirbeau tranquille…
Et si on en parlait plutôt à la manière d’Albert Libertad?
« Tu es le volontaire valet, le domestique aimable, le laquais, le larbin, le chien léchant le fouet, rampant devant la poigne du maître. Tu es le sergot, le geôlier et le mouchard. Tu es le bon soldat, le portier modèle, le locataire bénévole. Tu es l’employé fidèle, le serviteur dévoué, le paysan sobre, l’ouvrier résigné de ton propre esclavage. Tu es toi-même ton bourreau. De quoi te plains-tu ?
Tu es un danger pour nous, hommes libres, pour nous, anarchistes. Tu es un danger à l’égal des tyrans, des maîtres que tu te donnes, que tu nommes, que tu soutiens, que tu nourris, que tu protèges de tes baïonnettes, que tu défends de ta force de brute, que tu exaltes de ton ignorance, que tu légalises par tes bulletins de vote, – et que tu nous imposes par ton imbécillité ».[Libertad, Le Culte de la charogne, 1906]
Ouf… Mais c’est qu’il est très méchant lui aussi! Méprisant même. Si on était plus poétique, comme dans les années soixante, où on chantait ceci
« Je vote je vote
Car je suis un veau »
Ishhh… Non! Décidément, les électeurs n’ont pas que des amis. On ne parle plus comme ça de nos jours, ce n’est pas très « démocratique » comme attitude.
Manque de talent
Nous manquons probablement de talent, mais ne désespérez pas : nous trouverons certainement un jour le mot juste pour parler de cette incroyable illusion qui mène encore l’électeur à croire, après 150 ans d’électoralisme, que la démocratie libérale sert bien ses intérêts.
Nous trouverons même les mots pour décrire cet étrange phénomène qui mène des millions d’individus à oublier systématiquement les promesses rompues et les trahisons répétées.
Nous saisirons enfin pourquoi des gens pensent que la stratégie du « moins pire » peut nous faire
avancer vers le « meilleur ».
Nous découvrirons quelle est la formule magique qui fera de Québec solidaire et d’Option nationale des partis différents une fois au pouvoir – comme cela risque de prendre encore quelques centaines d’années, nous soumettons l’hypothèse qu’il s’agit d’une formule qui nous arrivera du futur…
Nous comprendrons peut-être même pourquoi la démocratie libérale est devenue cette espèce de dieu spectaculaire tant vénéré; pourquoi plusieurs s’obstinent encore à croire que le parlement est à leur service malgré sa soumission légendaire au monde des affaires; pourquoi on peste, crie, rage et déteste avec tant de sincérité ceux à qui on donne volontairement le pouvoir une fois tous les cinq ans; pourquoi on considère que les « abus » des politiciens sont le résultat de leur seule vanité alors qu’ils se répètent systématiquement depuis toujours…
Cela nous aidera sans doute à saisir cette fascinante capacité qu’ont les humains à tisser la toile dans laquelle ils se plaignent pourtant d’être emprisonnés. Qui sait, cela nous permettra peut-être même de comprendre comment, après tant de sacrifices pour transformer réellement la société par la grève et la contestation, on a repris si spontanément le pas cadencé du statu quo. Cela nous aidera sans doute, finalement, à saisir pourquoi ceux et celles qui ont été poivrés gazés, épiés et matraqués par l’État se soumettent, et pratiquement dans la joie, au processus qui précisément justifie qu’ils aient été poivrés, gazés, épiés et matraqués.
En attendant, et on le dit respectueusement, que les électeurs fassent comme bon leur semble… Pour notre part, comme nous avons été si copieusement traités de « crottés » et de « pouilleux » dans les mois tumultueux qui viennent de s’écouler, nous profiterons de cette journée d’élections pour faire une belle grosse corvée de ménage… Les planchers, les murs, les vitres : rien ne résistera à notre volonté de transformer le monde!
De cette manière, nous sommes certains qu’au moins une partie de la province aura changé le 5 septembre au matin.
Un être libre est capable d’avancer quand même dans le système à peu près comme il l’entend sans chialer et brailler sans arrêt… La révolution? Ça fait un temps, puis l’autoritarisme, si c’est pas le totalitarisme, prend rapidement le dessus pour la bonne raison que justement c’est une minorité de gens qui sont capables d’être libres. Les autres demandent un CHEF pour leur donner des ordres et leur dire ce qu’ils doivent faire et penser. Le monde est ainsi fait. Ça vous dit de vous battre pour la révolution et de finir par vous faire massacrer par ceux-là même que vous vouliez libérer? Histoire101.
Personnellement je préfère une liberté imparfaite que pas du tout. Et avancer, petit à petit, avec parfois des reculs, mais avancer.
Autant mettre le criss de X où ça a le plus de chance de se rapprocher de ce que l’on souhaite.
Je me demande bien quelle idéologie révolutionnaire vous décrivez ici. Elle ressemble assez au bolchévisme de par sa « dérive » totalitaire. Toutes les révolutions sont-elles bolchéviques? N’avions nous pas eu raison de faire la révolution en 1789, en 1936? N’est-ce pas à force de « mieux » que l’on arrivera à quelque chose de bien?
Les erreurs du passé serviront à sauvegarder les révolutions des récupérations bourgeoises des carriéristes, tribuns et autres professionnels de la politique mais pour cela, il faut faire des essais et toujours continuer.
Je préfère me battre aujourd’hui et demain quitte à renoncer à mon confort personnel d’accommodation au système actuel, plutôt que de savoir que les générations futures connaitrons la même horreur.
Le monde est ce qu’on en fait.
Bon.
À vue de nez le système de réponse est à chier.
@André Volt:
1789: quelques années plus tard, La Terreur. Puis l’Empire.
1936: le fascisme.
Bravo pour les résultats!
« N’est-ce pas à force de « mieux » que l’on arrivera à quelque chose de bien?
Les erreurs du passé serviront à sauvegarder les révolutions des récupérations bourgeoises des carriéristes, tribuns et autres professionnels de la politique mais pour cela, il faut faire des essais et toujours continuer.
Je préfère me battre aujourd’hui et demain quitte à renoncer à mon confort personnel d’accommodation au système actuel, plutôt que de savoir que les générations futures connaitrons la même horreur.
Le monde est ce qu’on en fait. »
ABSOLUMENT !! Et je ne disais pas autre chose!!!
Mais justement! Apprenons du passé!
Ce qui n’empêche aucunement de voter pour le « moins pire » maintenant!
Vous me faites rire avec votre pose romantico-théorique!
Bien sûr qu’un vote n’est pas un aller simple vers le Paradis calvaire!!!
Mais c’est un pas dans la bonne direction.
On peut refuser de bouger en se disant qu’on veut voler et rien d’autre, ou marcher, tout bêtement, et avancer.
Mais c’est moins hot!!!
« 1789: quelques années plus tard, La Terreur. Puis l’Empire.
1936: le fascisme.
Bravo pour les résultats! »
Votre lecture de l’histoire me laisse plus que perplexe. Vous attribuez donc, par exemple, l’instauration du fascisme à la révolutionnaire libertaire plutôt qu’à une défaite militaire provoquée par l’affaiblissement des forces contre-révolutionnaire staliniennes et républicaines?
Diou me dane, j’ai tellement de choses à apprendre…
affaiblissement de la révolution par des forces contre-révolutionnaire*
Petite coquille.
@ André Volt
La révolution libertaire a duré quelques mois et le fascisme des décennies. Depuis le début je ne parle que des résultats. Bien sûr que ce ne sont des libertaires qui ont établi la dictature, voyons! Mais ce fut tout de même le résultat.
Nommez-moi une seule révolution libertaire qui ait duré.
……..
J’ajouterai que la radicalisation appelle la radicalisation (radical selon l’époque) et que la liberté n’est jamais gagnante.
Ce genre de raisonnement est totalement incohérent… Il n’y a aucune corrélation entre le résultat de la révolution anarchiste et la défaite militaire qu’a subit le camp républicain provoquée par les staliniens et les républicains eux-même du fait de leur collaboration avec l’URSS !
Quel rapport aussi avec la radicalité ? Peut-être considérez vous l’anarchisme comme une idéologie « radicale » car elle a été placé arbitrairement très à gauche du spectre politique ? Si c’est la base de votre raisonnement, il me fait vraiment peur.
1. *soupirs*
2. J’ai bien ajouté -> radical selon l’époque. Et je vais ajouter: selon la pensée dominante. C’est clair, là?
3. Il y aura toujours des contre-révolutionnaires. Qui ne voudrons donc pas « jouer le jeu ». (voir point 2) Et qui voudrons revenir à « l’ancien régime ». Il faut en tenir compte. On les réforment? Les rééduquent? Les éliminent?…
4. Une société anarchiste qui tient à le rester aussi dans le domaine militaire à de fortes chances de perdre justement parce qu’il n’y a pas de chaîne de commandement.
5. J’emmerde le pouvoir et la hiérarchie, mais l’état est nécessaire comme représentation de la société. Il ne faut pas confondre un gouvernement en particulier et l’état qui est finalement la population plus le territoire quelle occupe. Faut croire à la magie pour penser que l’anarchie pure peut fonctionner. Que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, et que tout va bien aller du moment où on supprime les institutions. Je vous suggère de lire ou relire Hobbes. Le gentil sauvage de Rousseau, franchement je n’y croit pas vraiment…
6. Dans le foutu cas espagnol qui vous obsède, des anarchistes au gouvernement républicain, c’était une contradiction de toute façon!…
La soif du pouvoir fait partie de la nature humaine. Sans « quelque chose » (état, genre) qui sert de rampart, on revient rapidement à la monarchie ou l’oligarchie (sous toutes les formes).
Je pense pas qu’il soit utile de commenter les deux premiers points.
Cependant:
« 3. Il y aura toujours des contre-révolutionnaires. Qui ne voudrons donc pas « jouer le jeu ». (voir point 2) Et qui voudrons revenir à « l’ancien régime ». Il faut en tenir compte. On les réforment? Les rééduquent? Les éliminent?… »
Ce problème a été traité lors des collectivisations de terres en Espagne. La réponse est simple : on les laisse tranquille. Ces individus, coupés de la nouvelle société, verront de fait qu’ils n’ont aucun intérêt à maintenir des modes de vie et de production moins performants que les industries socialisées. De plus ces individus isolés ne peuvent, de fait, de par l’absence de moyens, nuire au reste de la société nouvellement créée. Tel a été l’attitude des révolutionnaires espagnols, et ça fonctionne.
« 4. Une société anarchiste qui tient à le rester aussi dans le domaine militaire à de fortes chances de perdre justement parce qu’il n’y a pas de chaîne de commandement. »
Un peuple en arme est plus fort qu’une armée justement parce qu’il n’y a pas de commandement. Ce ne sont pas des lignes de chaire à canon, d’appelés. Ce sont des volontaires, encore dans la ferveur révolutionnaire qui leur a permis d’abattre l’ancien système, qui se battent pour leur liberté et sans les restrictions des codes militaires, sans le handicap stupide de la hiérarchie. Ces des hommes et des femmes, organisés en guérilla, en milices (à l’image des colonnes espagnoles toujours) qui ont un mode de combat optimal et tout à fait adapté à faire face à une armée régulière avec un mode de pensée rigide. C’est pour cette raison que les sans-culottes, armées de fourches et de bâtons, ont défait l’armée prussienne armée de militaires professionnels, de fusils et de canons. C’est aussi pour cette raison que les milices confédérales étaient très performantes (guérilla) et arrivaient à faire reculer l’armée fasciste sur plusieurs front avant que la république les oblige à se militariser et provoque ainsi leur défaite. Bref, voilà les faits.
5- J’ai lu Hobbes et Rousseau. Je me suis bien marré sur leur fantasme de l’État de nature qui relève plus qu’une conception religieuse de l’homme qu’autre chose. Ceux-là même qui nous propose, pour éviter la guerre de tous contre tous car l’homme est un loup pour l’homme, de donner un pouvoir immense, via l’État, à certains hommes pour en guider d’autres. Des loups à la tête d’autres loups…
Le désastre de Catarina aux USA nous a bien montré que l’homme n’est pas, par nature, un loup pour l’homme. Sinon il aurait été impossible que 90% des actions faites envers et par les sinistrés soient de nature purement altruiste. Effectivement, comme le dit Kropotkine (dont je vous conseille la lecture), c’est l’entraide qui est le facteur majeur de l’évolution et il est normal que le genre humain ait des prédispositions à avoir des comportement allant dans l’intérêt de son espèce. Mais puisque l’homme est aussi un animal social très fortement influencé par son contexte social, son milieu, et que le modèle économique et culturel actuel est le darwinisme social (une retranscription du chacun pour soi de l’État de nature au niveau économique si on suit ce raisonnement), la loi du plus fort, ça engendre une société malsaine et pourrie.
6-Oui, c’est même une aberration. Le pouvoir corrompt, c’est pas nouveau et on le sait, c’est pour ça que les anarchistes condamnent unilatéralement cette décision. Mais heureusement ils l’ont dit eux même, « au moment où nous somme entré au gouvernement nous n’étions plus anarchistes ». Les erreurs ça existe, les anarchistes ne sont que des hommes.
Le fait final absolu c’est qu’il n’y a toujours pas de « non-état » qui a résisté jusqu’à maintenant.
Comme je le disais dans mon tout premier commentaire et un peu selon vos dires, tant que l’enthousiasme des débuts est là ça va, mais quand il disparaît….
Concernant l’état de nature, vous avez vu le comportement des enfants dans une cours d’école? S’ils ne sont pas élevés, et donc contraints (hon!) c’est des monstres! Pas tous, mais ce n’est pas nécessaire pour tout faire fouarer .
*Désolé pour les réponses par bouts, mais ça me vient comme ça.
Le pire des tyrans c’est un nourrisson. S’il en avait les moyens physiques, il asservirait l’univers entier à ses besoins.
Bien sûr que les humains peuvent s’entraider lorsque c’est à leur avantage! Ils peuvent aussi ne penser qu’à eux lorsque ça les avantage.
L’enthousiasme de départ, comme dans un nouveau couple, ça dure un temps. Quand la routine rattrape, ça prend d’autres incitatifs.
Dans le cas d’un « non-état », l’exercice de la démocratie directe étant exigeant, les gens finissent par se lasser. Et là c’est le bordel, le laisser aller (suivi d’un retour autoritaire) ou bien on paye des gens pour faire la job (incitatif). Ce qui donne des politiciens, des fonctionnaires, des policiers, etc. Donc un état.
J’ai jamais dit que je voulais un état autoritaire, c’est justement ce que je veux éviter. S’agit de choisir ensemble lequel on veut.
Je ne vais pas perdre plus de temps puisque vous êtes manifestement de très mauvaise volonté.
Je n’entendrais donc jamais la cabriole que vous utiliserez pour tenter de créer une corrélation entre un nourrisson et l’État de nature (où le nourrisson est censé avoir les mêmes propriétés que le genre humain, et les adultes avoir les mêmes propriétés que l’État de droit). Dommage, ça aurait pu être drôle.
J’ai aussi le regret de me passer de l’explication concernant ce passage: « Bien sûr que les humains peuvent s’entraider lorsque c’est à leur avantage! Ils peuvent aussi ne penser qu’à eux lorsque ça les avantage. » Explication comprenant évidemment le rôle de la société dans la condamnation des actes anti-sociaux ou dans leur amplification à travers l’État et le capitalisme via le darwinisme social et la propriété privée.
Je n’aurais pas non plus l’occasion de rire de cette phrase: « l’exercice de la démocratie directe étant exigeant, les gens finissent par se lasser ». Les êtres pleinement politiques qu’étaient les grecs antiques et le plaisir inégalable avec lequel ils s’adonnaient à l’exercice de la démocratie s’en chargeront pour moi.
hahhaha!
Je ne suis pas de mauvaise volonté, je ne suis simplement pas d’accord.
Mais j’oubliais que les anarchistes sont des êtres suprêmes qui ont toujours raison par définition!
Une dernière remarque:
Les grecs antiques n’avaient que cela à faire, les esclaves et les femmes s’occupaient du reste….
Dans le contexte de l’élection actuelle, je suis en complet désaccord avec ce texte et je pense que pour une fois, même les anarchistes abstentionnistes ont intérêt à envisager participer à ce cirque électoral qu’ils et elles dénoncent, aussi paradoxale cette posture soit-elle.
Cette élection n’est pas une élection ordinaire. Elle est le résultat de la plus grande mobilisation populaire des 40 dernières années au Québec. Elle est le dernier refuge d’un gouvernement intransigeant et en fin de règne qui a sous-estimé la capacité de mobilisation du mouvement étudiant et populaire. Incapable de résoudre la crise par la négociation d’une entente à rabais ou par la répression pur et simple, ce gouvernment en fin de règne a choisi la fuite dans des élections anticipées et il est en train d’y laisser sa peau.
Mais qu’on le veuille ou non, le résultat de cette élection deviendra en même temps le verdict final de la lutte du printemps érable. C’est pour cette raison que cette élection n’est pas une élection ordinaire et que tous ceux et celles qui soutiennent le mouvement étudiant doivent envisager, une fois n’est pas coutume, le vote stratégique.
Parce que si ce gouvernement libéral devait réussir à échapper à son destin prévisible le 4 septembre, c’est l’idée même de la mobilisation populaire risque de prendre un sérieux coup pour longtemps au Québec. Le maintient de la hausse des frais de scolarité après cette lutte étudiante historique risque aussi de casser le mouvement pour longtemps.
Qu’on le veuille ou non seule l’élection du Parti Québécois, qui s’est engagé trop profondément sur la question des frais de scolarité pour pouvoir faire marche arrière le 5 septembre, peut à ce moment-ci permettre de bloquer la hausse et donc d’autoriser le mouvement étudiant à crier victoire.
Je ne doute absolument de la réalité de l’orientation néolibérale du PQ. Je ne me fait pas d’illusion sur les politiques régressives que ce parti, une fois au pouvoir, tentera inévitablement de nous rentrer dans la gorge. Quel que soit le résultat de l’élection du 4 septembre, on le sait, nous allons devoir nous mobiliser de nouveau. Je crois cependant que le maintient de la capacité de mobilisaiton du peuple dépend d’une victoire sur la question des frais de scolarité cet automne. Et qu’on le veuille ou non, avec l’extinction de la grève, cette victoire dépend maintenant des résultats du 4.
Les principes ne doivent pas empêcher l’analyse politique et la compréhension de la situation exceptionnelle dans laquelle ces élections prennnent place. Les anarchistes doivent se souvenir que c’est la victoire électorale du Front populaire qui a rendu possible la révolution espagnole de juillet 1936…
« c’est la victoire électorale du Front populaire qui a rendu possible la révolution espagnole de juillet 1936… »
Wow… Heureusement que du là où t’es tu peux pas entendre mon camarade cénétiste gueuler. C’est pas plaisant pour les oreilles mais je le comprend…
Je crois pour ma part que c’est plutôt un réflexe de survie de notre système. Devant cette mobilisation pratiquement sans précédent ici, le législatif (parlement), l’exécutif (conseil des ministres), le judiciaire (la cour) et le monopole de la violence légitime (la police) ont été défiés et traînés dans la poussière d’une façon si large qu’ils en étaient, ne serait-ce que symboliquement, menacés. C’est pourquoi des élections ont été déclenchées, histoire de ramener en son sein le plus de brebis galeuses que possible, et réaffirmer ainsi l’hégémonie de notre belle démocratie. Quant à moi, devant le mépris affiché par celle-ci, je ne la gratifierai certainement de mon vote, et j’espère sincèrement que nous obtiendrons un taux d’abstention historique, dernier défi qu’il nous reste malheureusement à relever en cette invraisemblable fin de grève… jusqu’à la prochaine fois!
Le problème c’est que la possibilité qu’il y ait « une prochaine fois » dépend sans doute de ce qu’il adviendra de la hausse après le 4 septembre. Les grèves étudiantes démarent parce que la majorité des étudiantes et des étudiants croit à l’efficacité de ce moyen de pression. Si le gouvernement qui est élu le 4 septembre maintient la hausse des frais de scolarités et que l’immense mouvement du printemps se termine en défaite pure et simple, nous risquons d’attendre très longtemps cette « prochaine fois ». Si au contraire la hausse est annulée, le mouvement étudiant aura remporté la victoire sur sa revendication centrale et prouvé l’efficacité de sa grève pour l’avenir. Voilà pourquoi on ne peut ignorer l’importance particulière de cette élection.
Je ne peux résister à l’envi de citer « transmetropolitan » ici (le roman graphique):
« You want to know about voting. I’m here to tell you about voting. Imagine you’re locked in a huge underground night-club filled with sinners, whores, freaks and unnameable things that rape pitbulls for fun. And you ain’t allowed out until you all vote on what you’re going to do tonight. You like to put your feet up and watch ‘Republican Party Reservation.’ They like to have sex with normal people using knives, guns, and brand new sexual organs you did not even know existed. So you vote for television, and everyone else, as far as your eye can see, votes to fuck you with switchblades. That’s voting. You’re welcome. »
Sans prétendre y adhérer bien sûr.
Encore une fois, le Richard Martineau de la gau-gauche se laisse aller un moment et nous dit ce qu’il pense réellement de la majorité de la population, de ceux et celles qui vont voter. C’est beau à voir. On voit clairement que M. Cyr n’a aucun respect pour la démocratie et les idées contraires aux siennes même si lui et sa gang de révolutionnaires affirment le contraire…
C’est le calinours qui doit patiner… Lui qui mange dans la main de Marc-André depuis des mois vient de se faire dire en pleine face que ses « options valables » (pour reprendre ses propres termes) ne valent pas un clou! Exactement ce que je disais au départ d’ailleurs…
Nous avons marché avec les jeunes qui semblent l’oublier aujourd’hui. Nous avons marché non seulement pour freiner la hausse des frais de scolarité, mais aussi pour l’abolition de la loi 78 et surtout pour la fin de la corruption. Nous ne voulons pas d’un gouvernement qui prône le néolibéralisme. C’est infernal de penser que la CAQ pourrait remplacer le PLQ .
Il n’y a pas que les étudiants qui seraient consternés, nous aussi . Mais, heureusement, le PQ sera le grand gagnant. On croit qu’il sera minoritaire avec tous les obstacles qu’une opposition féroce comme la CAQ lui fera subir. J’ai pris une décision si cette tendance se maintient : je retournerai dans la rue avec autant de détermination si c’est nécessaire. Mon impression est que je ne suis pas la seule à penser ainsi. Je refuse le pessimisme qui paralyse les actions pour améliorer notre monde. Alors, ne venez pas me rapporter des phrases qui célèbrent les défaites, je déteste.
Faut-il aller voter?
Quelle intéressante question, celle-là… Pas que «un» vote puisse habituellement changer grand-chose, ni même «deux» ou «cent», la plupart du temps – mais ça peut malgré tout arriver.
Et pour qui voter?
Ça c’est beaucoup plus malcommode. D’autant plus que certains ne votent pas «pour» quelqu’un mais plutôt «contre» quelqu’un d’autre. Ce qui, en bout de ligne, finit par justifier l’expression «je-n’ai-pas-voté-pour-ça!». Et pourtant…
Et pour quoi voter?
Justement, venons-en à l’essentiel. Car procéder au changement de la garde, comme dans voter «contre» quelqu’un, c’est très insuffisant et même très irresponsable. Que martèlent donc les partis qui nous demandent notre appui? Que va-t-on (ou «menace-t-on» de) faire si élu?
À deux jours du vote, il apparaît que le gros enjeu de cette élection est de décider si nous désirons très prochainement un troisième référendum ou non.
Mme Marois a malheureusement cédé (au printemps) la réelle gouvernance qu’aurait un PQ élu majoritairement à une marginale frange d’adeptes intransigeants d’un jusqu’au-boutisme pressé vers la souveraineté. Ces référendums d’initiative populaire, auxquels la chef devra se résoudre, nous conduirons très rapidement vers un troisième référendum. Inévitable.
Désirons-nous procéder au changement de la garde pour ce faisant confier notre itinéraire à quelques marginaux n’ayant probablement rien à cirer du programme de Mme Marois, ne s’intéressant pour leur part qu’à l’idée de référendums d’initiative populaire, ce qui les conduira vite au véritable référendum?
Qu’on ne se méprenne pas sur ce que j’écris. Il ne s’agit aucunement d’un jugement de valeur. Je ne fais que mettre le doigt sur l’élément fondamental dont il est impératif de tenir compte en votant. Un PQ majoritaire nous mènerait en courant à un troisième référendum. Incontournable.
Une porte de sortie?
La seule issue que j’entrevois qui puisse nous diriger collectivement vers des lendemains plus équilibrés (à défaut d’être véritablement sereins…) consiste à élire un gouvernement minoritaire. Peu importe la formation qui le dirigerait. Car un gouvernement minoritaire oblige à la collaboration.
Qu’on me permette d’ajouter – pour aider à l’appréciation (négative ou positive) de mon commentaire – que les derniers sondages dont j’ai pris connaissance accordent 32% au PQ, 28% à la CAQ, et 26% au PLQ.
Or, tant la CAQ que le PLQ martèlent au moins un message commun: «nous ne voulons pas d’un troisième référendum».
Considérant que ces deux formations recueillent ensemble 54% (28%+26%) des intentions de vote, il semble déjà clair qu’une majorité d’électeurs ne veut pas de nouveau référendum.
Pourtant, advenant un PQ qui serait élu majoritairement, le mécanisme des RIP obligerait malgré tout Pauline Marois à tenir ce référendum…
Il est vivement à espérer que le prochain gouvernement sera minoritaire, obligeant du coup toutes les formations à collaborer. Autrement, ça risque – peu importe qui serait au pouvoir – de déplaire le plus souvent à la majorité, d’une décision à l’autre…
« Considérant que ces deux formations recueillent ensemble 54% (28%+26%) des intentions de vote, il semble déjà clair qu’une majorité d’électeurs ne veut pas de nouveau référendum. »
Sans oublier ceux qui votent pour des partis souverainistes juste pour avoir une vision différente au pouvoir, sachant très bien qu’un référendum sur la souveraineté ne passerait pas de toute façon. J’aurais bien aimé voir Aussant se démener pour le Québec dans un tel contexte.
Je ne comprend pas toutes ses histoires de peur avec ce fameux référendum proposé par Pauline Marois? Ce qui me semble évident c’est que cette »promesse » a été mise dans le programme du P.Q pour satisfaire une certaine branche du parti qui lui reprochait de s’éloigner du but premier qui a fondé le Parti Québécois soit de faire du Québec un pays. Mais je suis personnellement convaincu qu’une fois au pouvoir Pauline va retarder cette démarche le plus longtemps possible. Il serait pourtant intéressant d’essayer de régler cette question une fois pour toute. Avec le temps, on a tellement démoniser l’idée de l’indépendance et d’un référendum en faisant peur au monde avec toutes sortes d’épouvantails. Il faudrait peut-etre se décider d’assumer ce que nous sommes quelque soit le résultat.
« CyrMarc #spvm : plus facile de taper sur les étudiants que d’arrêter un tireur fou, braves soldats! »
Pathétique comme message Marc-André. Tu devrais avoir honte.
@Pascal
Alors pourquoi répéter ce message ???
Pour le bénéfice de ses admirateurs.
tu es incohérent pascal. mais c’est pas grave.
As-tu déjà songé à te chasser toi-même?