Ce n’est pas que l’on se plaigne
De se faire traiter de mangeux de beignes
De bœufs, de porcs, de gros chiens sales!
Au caractère un peu brutal
À la longue on s’y fa’
Parce qu’au fond c’est un peu vra’
– Rock et belles oreilles, « Bonjour la
police »
L’histoire de la police, c’est celle de la violence, de la haine et de la peur…
C’est en 1838 que le premier service de police moderne voit le jour en Amérique du Nord, ici même à Montréal. Elle a pour objectif de prévenir le crime et de surveiller les activités politiques des rebelles. La première police provinciale est pour sa part formée en 1869. Son objectif est d’intervenir lors d’émeutes – très nombreuses à l’époque – et de veiller au respect des nouvelles lois fédérales et provinciales. Quatre ans plus tard, c’est au tour de la North-West Mounted Police (la Gendarmerie montée du Nord-Ouest) de voir le jour. Sa mission est claire : l’ouest canadien doit devenir « blanc, anglais et protestant ». Il faut mater les métis et voir à ce que les Canadiens français n’étendent pas leur « revanche des berceaux » jusque dans l’ouest. Fidèle à sa noble mission, cette organisation participe à l’écrasement de nombreuses révoltes autochtones et ouvrières tout au long de la deuxième moitié du 19ème siècle.
La police montée devient la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) en 1919, suite à la grève insurrectionnelle de Winnipeg. Si la peur du communisme n’en est encore qu’à ses tous débuts, elle n’en est pas moins intensifiée par la montée en influence du syndicalisme. Certains agents, comme John Leopold, alias Jack Esseilwein, qui espionne le Parti communiste pendant de nombreuses années, deviennent, avec le concours des gouvernements, de véritables héros nationaux.
En 1938, le gouvernement de Maurice Duplessis réorganise la police provinciale et adopte la « Loi du Cadenas ». Cette loi – qui ne définit aucunement ce qu’est le « communisme », car le communisme selon Duplessis, « ça se sent » – permet la fermeture de tout établissement soupçonné d’héberger des activités subversives ou communistes.
Jusqu’en 1980, la peur des rouges est constante. Ce sont des milliers d’individus qui sont épiés, voire intimidés, simplement parce qu’ils étaient de gauche. Un programme du gouvernement – le
PROFUNC (Prominent Functionaries of the Communist Party) – prévoit même l’internement de jusqu’à 3000 sympathisants communistes. Pour ce faire, huit camps d’internements sont mis sur pied.
La poussée de la « Nouvelle gauche » allonge la liste noire encore une fois. Aux communistes, on ajoute les noirs, les homosexuels, les féministes, les étudiants, etc. Le « séparatisme » devient une des figures menaçantes de l’ordre et la sécurité du Canada. Les forces de l’ordre mènent contre cet ennemi intérieur une lutte sans merci, à un point tel que les actes illégaux mis en lumière par les commissions Keable et Macdonald – vols de banque, dynamitages, incendies criminels, mensonges, chantages, menaces… – forcent des réformes majeures dans les années 1980.
Ces réformes mènent à l’apparition du Service Canadien de Renseignement et de Sécurité (SCRS), en 1984. Nombre des activités menées dans les années soixante dans la guerre au FLQ sont désormais encadrées par la loi, sans pour autant – faut-il le rappeler? – devenir illégales. Le SCRS, à partir de ce moment, devient officiellement la police politique du pays. Il guette la gauche et, surtout à partir de 2001, les groupes « islamistes ».
*
Amérindiens, métis, communistes, féministes, artistes, homosexuels, indépendantistes, immigrants : autant de cibles privilégiées afin de « nous servir et de « nous protéger ».
En ce sens, la conversation qu’eut l’Agent 728 avec son supérieur est tout sauf étrange. Il y a des lustres qu’une part de la population est traitée comme des « rats », des « osties de trou de cul », des « caves », des « gratteux de guitare » et des « osties de carrés rouges » de « mangeux de marde » par les forces de l’ordre.
Cela, loin d’être « anormal », est en fait nécessaire. Aucun être humain sensé ne pourrait arrêter, frapper, poivrer, gazer, crever des yeux, provoquer des commotions cérébrales et emprisonner des individus sans défense sans d’abord les considérer comme des représentants du « Mal ».
Cette haine et cette violence sont une tradition nécessaire à l’ordre et à la sécurité. Elles sont la déclinaison la plus visible de la violence de l’État, sa pointe la plus grossière et détestable.
Elle ne constitue pas du tout une « exception » à la règle et à la norme : elle représente la règle et la norme.
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Références
Jean-François Leclerc, « La Sûreté du Québec des origines à nos jours: quelques repères
historiques», Criminologie, XXII, 2, 1989.
Richard Cléroux, Pleins feux sur les services secrets canadiens: Révélation sur l’espionnage au pays, Montréal, Les Éditions de l’homme, 1990.
Francis Dupuis-Déri, « Broyer du noir: manifestation et répression policière au Québec », Les Ateliers de l’éthique, vol.1, no 1, printemps 2006, p.58-80.
Alexandre Popovic, « Agents provocateurs dans les manifestations: quand le mythe devient réalité»,
http://www.latribuduverbe.com/archives/2007/08/agents_provocateurs_dans_les_m_1.html
Alexandre Popovic, « SCRS et médias (1de5) des informateurs qui se prennent pour des leaders musulmans»,
http://www.centpapiers.com/author/alexandre-popovic/
»Cette haine et cette violence sont une tradition nécessaire à l’ordre et à la sécurité. Elles sont la déclinaison la plus visible de la violence de l’État, sa pointe la plus grossière et détestable. »
C’est tellement vrai que c’est la déclinaison la plus visible, la moins subtil de la violence de l’état.
Une des plus subtils (quoi que…) est de prendre par la force, par la violence, une parti du fruit du labeur des travailleurs pour le distribuer en subventions tous azimuts, en chèque de BS, en financant un système de santé de merde, en financant l’éducation… les universités……… ben attend un peu là…….. calvaire c’est l’histoire du chien qui mord sa queue!
Les carrés rouges réclâme encore plus de financement du gouvernement envers les université pour avoir les études gratuite. Ils réclâme donc encore plus de violences de l’état sur les travailleurs car cette dernière devra prendre l’argent dans leur poches… et par la force! Les travailleurs ne veulent majoritairement pas alors l’état dit non aux carrés rouges. Les manifestations débutent et c’est là que la violence du gouvernement de retourne vers les étudiants….. qui au départ demandaient toujours plus de violences économique envers un autre groupe…. et ainsi va la vie!!!!!
Ce qu’il faut comprendre là dedans, c’est que tant et aussi longtemps que les gens vont avoir la mains tendu vers le gouvernement pour satisfaire leur envis et leur besoins, toute les forme de violence venant de l’état vont continuer.
les étudiants d’aujourd’hui sont les travailleurs de demain mathieu. avais-tu pensé à ça? opposer un groupe à l’autre est absurde, il s’agit du même monde! mais charest, à force de répéter ces mantras, a réussi à t’endoctriner semble-t-il…
aurais-tu aimé ça aller à l’école plus longtemps? pourquoi t’as pas continué mathieu croteau?
Bravo pour ce texte !
Si la « partie historique » diffère un peu, il me semble qu’il en est de même partout … D’où la nécessité des » forces du mal « , trop utiles à ceux qui ne nous veulent que du bien …
@ Martin Croteau : Les lois intrusives sont les principaux outils dont ce sert l’État pour nous contrôler. Le système d’éducation (qui est à revoir de fond en comble) n’est pas un vecteur de violence mais plutôt de conscience. Il n’en tient qu’à l’individu de prendre les connaissances qu’il juge utile à son épanouissement(ou à sa survie).
Donner des chèques aux méchants B.S., ca maintient le trouble hors de westmount…
Excellent billet. Notre meilleure arme contre la culture de la répression « nécessaire » des forces policières à la solde du politique est un IPhone bien chargé.
Avant on disait de la police qu’ ils avaient de gros bras et pas de tête !
Maintenant pourrait-on dire que certains et certaines de ces policiers ont de petits bras et pas de tête !!!!
Honnnn !
16 octobre 2012
Encore les carrés rouges
Imaginez que les seuls qui sont d’accord avec les propos virulents de l’agente du service de police de la ville de Montréal (SPVM) matricule 728 Stéfanie Trudeau qui a procédée à une arrestation violente de quatre personnes sur le Plateau-Mont-Royal la semaine derrière sont les animateurs du matin de radio X Québec.
En effet sur les ondes les animateurs ont mentionnés qu’ils étaient d’accord avec les propos de l’agente lorsqu’elle a criée – «(…) c’toute des osties de carrés rouges là, toute des artistes astie de, de, en tous cas des mangeux de marde (…)».
D’ailleurs cette même policière qui avait en mai, poivré sans préavis des manifestants pendant le conflit étudiant a été suspendue par le Service de police de la Ville de Montréal jeudi midi.
Messieurs les animateurs, je ne suis pas certain que les carrés rouge étaient tous et toutes des «osties de carrés rouges ».
Pas étonnant Jocelyn. Lire Foglia
« On peut bien sanctionner le langage, mais l’opinion? Votre question suggère que ce genre de cons, de connes ne devraient pas avoir le droit de devenir flics. Qu’est-ce qu’ils feraient? Tout le monde ne peut pas être animateur de radio poubelle. »
Ces gérants d’estrades font un tort considérable à la société sous la protection de la liberté d’expression. Hélas, encore trop d’esprits faibles se font embarquer dans les rangs de la haine et du mépris au profits de ces grands parleurs. Dénigrer l’éducation, c’est encore la meilleure façon qu’on peut trouver pour continuer à abuser les populations. Tous les systèmes autocratiques ont compris ça !
J’ai oublié de vous donner le lien
http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/pierre-foglia/201210/13/01-4583050-distanciation.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_meme_auteur_4583689_article_POS3
TOUS les policiers sans aucune exception sont entraînés à haïr, varger et tuer. Si Cyr le dit, c’est clair que c’est vrai.
Charest n’a-t-il lâché lui-même les chiens dans l’arène ? En bon père de famille…