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Vous, Madame Marois

 Le gouvernement Marois met sur pied une « Commission spéciale d’examen des événements du printemps 2012 ». L’objectif, vous l’avez sans doute deviné, n’est pas de répondre aux demandes d’enquête concernant la brutalité des policiers, mais bien de voir à ce qu’une révolte de cette ampleur ne se reproduise jamais.

La grève, la manifestation et la désobéissance civile sont des modes d’action efficaces. Ils permettent à la population de s’occuper de ce qui la regarde. Ils sont en fait les seuls moyens qui sont à sa disposition afin d’être réellement un acteur social et historique.

Le peuple devenant autre chose qu’une longue série de X anonymes ? Le peuple devenant autre chose qu’un sondage plus ou moins orienté? Le peuple devenant autre chose qu’un spectateur de son existence? Il faut définitivement voir à ce qu’un tel désastre ne se reproduise plus, le gouvernement l’a bien compris.

Pourquoi la révolte étudiante ? Pourquoi tant de gens en colère? Notre classe dirigeante est si prétentieuse, si habituée à se complaire dans ses contes fantastiques qu’elle refuse de voir ce qui est pourtant une évidence éclatante comme le soleil.

Si les gens se révoltent, Madame Marois, c’est à cause de vous.

Vous et tout ce que vous représentez.

Vous et votre « carré rouge » de circonstance.

Vous et votre hypocrisie prévisible.

Vous et Léo Bureau-Blouin.

Vous et les coupures qui saignez notre bien-être depuis plus de trente ans.

Vous et les banquiers au service de l’accumulation infinie d’argent.

Vous et les technocrates gestionnaires de la destruction de notre environnement.

Vous voulez vraiment savoir pourquoi les gens sont en colère? Ne pointez pas du doigt les Libéraux, ils sont exactement comme vous. Regardez-vous plutôt dans le miroir, Madame Marois. Vous n’êtes pas une alternative. Vous êtes faits du même matériel corrompu. Vous êtes trempée dans la même sauce mercantile.

C’est vous et vos amis, Madame Marois, l’absence d’idée que vous incarnez qui nous poussent à la rue.

Vous et les fabricants d’opinions serviles.

Vous et votre langage mort, votre langue de vinaigre.

Vous et Jean Charest, la peste ou le choléra.

Vous et votre gestion sans idéal et sans idée.

Vous et votre police protégée, violente, brutale, stupide, lâche et conne.

Vous et votre mépris des pauvres.

Vous et votre ersatz de souveraineté vide de contenu.

Vous, vos mots, vos actions et vos inactions.

Il n’est pas à la mode d’employer ces mots. Ils sont trop chargés de sens pour notre époque qui n’en a plus, mais c’est pourtant bien de cela dont il s’agit. Vous êtes comme tous les autres, Madame Marois. Vous êtes une bourgeoise. Une bourgeoise à son propre service.

Une bourgeoise qui incarne à la perfection la médiocrité et la dégénérescence de nos institutions politiques.

«  Pas de pitié. Vous êtes des incolores » – Claude Gauvreau