Les étudiantes et étudiants qui reprennent leur session d’hiver cet automne n’ont pas fini de subir la violence du système. Les images pénibles de policiers intervenant sur les campus universitaires, d’étudiantes et d’étudiants menottés dans les couloirs ainsi que de journalistes à l’affût du moindre mouvement en apparence brutal pour convaincre la population que la grève est une plaie sociale ne sont que des aspects visibles de cette répression. Un aspect beaucoup plus pernicieux mais non moins efficace du système de domination capitaliste se profile déjà : la violence financière.
En effet, par décret du Ministère de l’Éducation, aucun étudiant et aucune étudiante fréquentant une institution touchée par le mouvement de grève des derniers mois ne recevra d’aide financière aux études (AFE) en septembre puisque l’année d’attribution se termine en août. Le calendrier de retour en classe inclus dans la loi 12, qui repousse la session d’hiver 2012 à la mi-août, n’a pas prévu d’allonger la période couverte par les prêts et bourses, de sorte qu’aucune aide ne sera versée en septembre.
De plus, des coupures seront à prévoir à la session d’automne pour les étudiantes et étudiants ayant « trop » travaillé pendant la grève et l’été, selon les critères de l’AFE. Or, les étudiantes et étudiants qui devront travailler plus en septembre pour subvenir à leurs besoins, parce qu’ils ne recevront pas de prêts et bourses, feront face à des coupures encore plus importantes. Ces mesures risquent fort de mettre en jeu la possibilité pour plusieurs étudiantes et étudiants de poursuivre leurs études, faisant face à une situation financière excessivement précaire.
Ce sont évidemment les étudiantes et étudiants les plus pauvres qui seront les plus touchés par cette répression financière, affaiblissant encore un peu plus le principe démocratique d’accessibilité aux études.
Dans le but de venir en aide à ceux et celles qui éprouveront de graves difficultés financières, des étudiantes et étudiants de l’UQAM ont mis sur pied le Fonds de solidarité inter-UQAM visant à récolter des dons et denrées non périssables pour les redistribuer là où les besoins sont les plus criants.
Afin de soutenir cette initiative, l’APAQ-Rosemont-Petite-Patrie fera une collecte (aliments non périssables, shampoing, savon, fournitures scolaires, argent, etc.) ce samedi, 1er septembre, entre 9 heures et 18 heures, au marché Jean-Talon, près de l’entrée principale. Ils s’occuperont d’acheminer vos dons au Fonds de solidarité inter-UQAM.
(Avec la collaboration de Félicie Matteau)
Un système brutal en effet et un rappel très juste des différentes formes de répression à la disposition des institutions du pouvoir. L’esprit revanchard qu’une telle décision laisse transparaitre n’est pas digne de gens qui prétendent avoir l’intérêt de la population à coeur.
Devoir en arriver à créer des banques alimentaires pour les étudiants les plus pauvres qu’on sanctionne de leur participation à la grève nous remémore douloureusement les raisons des luttes sociale passées (droit du travail, droit de grève,…) et la nécessité de les perpétuer.
Merci de faire passer l’information sur cette collecte.
En effet, cette situation est déplorable et témoigne du piètre état dans lequel notre société s’enlise. Nos droits sont de plus en plus révoqués, nos revendications ignorées et méprisées par le pouvoir, le pire étant que le pouvoir arrive à justifier sa violence aux yeux d’une grande part de la population.
Il se trouvera toujours des gens pour crier avec les loups et s’en prendre, l’écume aux lèvres, à toute forme de contestation sociale (qu’ils ne peuvent, par essence, ni comprendre ni admettre).
Il se trouvera toujours des gens comme vous pour leur opposer une résistance à la fois intellectuelle et culturelle, à la fois passionnée et réfléchie.
Ce sont les systèmes auxquels il faut s’attaquer, pas aux gens qu’ils créent et encouragent. Le délitement de la solidarité sociale, de la compassion envers la souffrance d’autruie et du respect de la chose publique sont le résultat d’un patient travail de sape idéologique. Il ne tient qu’à nous d’inverser la vapeur.
Comme le disait si bien Camus: « Ce n’est pas la révolte en elle-même qui est noble, mais ce qu’elle exige ».