« We will be safest from the right hand of repression and the left hand of recuperation when everyone is thoroughly confused as to whether we are frightening or loveable. » – A.G. Schwarz
Chez les chroniqueurEs de foutaises en tout genre de nos mass médias, le soleil se lève tous les 15 mars sous le sigle du règne du chaos et de l’anarchie de banlieue. Le festival de la violence et de l’intimidation contre ces pauvres agents de la paix étouffés sous le poids de leur riot suit s’ouvre pour ceux et celles qui préfèrent les rapports de force aux négociations. Les commerçantEs barricadent leurs boutiques dès l’aube, terroriséEs, éprouvéEs par les pertes de profits dues aux strates les plus pauvres de la société, et par conséquent, des non-consommateurs et non-consommatrices, sans pouvoir d’achat, qui foutent le bordel dans l’économie en tordant le bras de la main invisible du marché. Les citoyens et les citoyennes, écœuréEs de payer, doivent rivaliser d’imagination pour éviter de croiser les marcheurEs, manifestantEs, protestataires, casseurEs, enfin, tous ceux et celles qui ne sont pas des citoyenNEs-payeurEs-de-taxes-et-impôts-clientèle-cible-des-cochonneries-made-in-Taiwan-family-sized-pis-toute qui, comble de malheur, ont l’indécence de ne même pas donner leur itinéraire. En tout état de cause, le 15 mars, c’est l’Apocalypse, la fin de la démocratie et de la paix sociale, le jour où les boules de billard, cocktails Molotov, couteaux, balles de neige, roches, feux d’artifices et toutes autres armes de destruction massive sont dissimulées dans des poussettes, où bébés et vieilles madames se transforment en boucliers humains, où la loi et l’ordre disparaissent mystérieusement par combustion spontanée : bref, le 15 mars, tout est mis en place pour une charmante partie d’étalement urbain.
Mais qui sont donc les putains de Babylone de cette journée apocalyptique, s’il en est une?
À écouter les dires de notre élite bien pensante, force est de constater que ce ne sont que des anarchistes qui se rendent à cette manifestation dans le cadre de la Journée Internationale contre la Brutalité Policière. De toute évidence, personne n’a jamais souffert d’avoir perdu unE proche, victime de violence policière; aucunE étudiantE ne s’est fait poivrer, matraquer ou arrêter aléatoirement; personne n’a perdu un œil ou des dents pour s’être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment; personne ne se fait harceler, marginaliser, criminaliser par les agents de la paix parce qu’ils n’ont pas la bonne couleur de peau, parce qu’ils n’ont nulle part où aller ou parce qu’ils n’ont pas un look répondant aux critères de la bienséance normative; etc. C’est bien simple, la brutalité policière, ça n’existe pas : c’est un mythe créé par les anarchistes afin de provoquer leur propre répression de manière à hurler que le fascisme existe toujours.
Mais qui sont donc ces vilains vilains anarchistes?
C’est à croire que nos joyeux, joyeuses, chroniqueurEs n’ont même pas les capacités intellectuelles nécessaires pour lire une page Wikipédia. S’il est vrai que l’utilisation péjorative du terme « anarchie » ne date pas d’hier, cette utilisation vise à préserver les préjugés que l’organisation hiérarchique capitaliste se complaît à entretenir, ne serait-ce que pour s’assurer de la pérennité de son pouvoir. L’anarchie a peu à voir avec le chaos, c’est plutôt une manière d’affirmer qu’une société peut se structurer autrement que par une hiérarchie verticale où une poignée de personnes domine les autres. Une façon de repenser l’organisation d’une communauté d’individus sans rapport de force ou de domination d’un individu sur le groupe par l’autogestion et la démocratie directe, par exemple. N’en déplaise aux Ravary, Martineau, Duhaime et autres, nous ne sommes pas des groupies de Castro, de Chavez ou de tout autre homme ou femme d’État. En fait, nous sommes par définition opposéEs à l’État et au gouvernement : nous avons en horreur l’autorité et la hiérarchie. Nous croyons au potentiel de chaque être humain, il est donc clair que nous méprisons les cultes de la personnalité et l’héroïsation de certains individus, comme d’autres le feraient, assis devant leur télé à regarder des reality shows merdiques, entrecoupés de publicités où Quebecor ne cesse de se mettre en abîme.
Nous sommes peu, et pourtant, on nous craint. Ce n’est pas surprenant puisque nous préférons l’éthique aux lois, et que l’absence de lois arbitraires, inutiles et répressives, est invariablement synonyme de chaos dans l’esprit infiniment manipulable du « citoyen moyen ». Les lois, on le sait tous et toutes, sont un mal nécessaire, puisque si le meurtre n’était pas interdit, tout le monde s’y adonnerait à cœur joie. Toutes nos pulsions éclateraient au grand jour si elles n’étaient pas sauvagement réprimées par l’autorité suprême du « système », ce grand mot fourre-tout qui permet de nous accoler l’étiquette de théoriciens du complot, puisque, faute de vouloir le renverser — ainsi que le suggère la rumeur à notre endroit — nous cherchons à le repenser entièrement et totalement.
Dans l’ignorance parfaite de ce qu’est l’anarchie, nous, les anarchistes, sommes les boucs émissaires parfaits pour justifier les arrestations de masse, la brutalité policière, la répression préventive, l’interdiction de manifester et tout ce qui peut métamorphoser la journée du 15 mars en coït interrompu.
Blâmez les anarchistes. Profitez même de cette offre exclusive qu’est le 18 mars, journée de l’anniversaire de la Commune de Paris, pour les blâmer un peu plus. N’allez surtout pas à leur salon du livre, évitez leurs événements comme la peste, ne mangez pas la nourriture qu’ils et qu’elles partagent gratuitement, ne lisez rien de ce qu’ils et qu’elles écrivent, ne leur adressez surtout pas la parole, changez de bord de rue si vous en croisez un ou une, continuez d’avoir peur pour les vitrines, exigez qu’ils et qu’elles soient tous et toutes lapidéEs sur ce qu’il vous reste de place publique. Ne vous éloignez surtout pas deux secondes du gros confort de vos préjugés.
Parce que, c’est dit, blâmer les anarchistes, c’est simple, pratique et utile.
*Écrit avec la collaboration de David Chabot
Si vous voulez obtenir un peu de respect « de la masse », faudrait peut-être les mépriser un peu moins? Habiter en banlieue, avoir une famille, ça n’égale pas forcément manquer de jugement ou d’esprit critique. Je suis plutôt sympathique avec la cause de la brutalité policière, et tout à fait d’accord qu’il y a profilage et que c’est inacceptable. Mais traiter avec autant de mépris des gens qui n’adhèrent pas a vos valeurs, ce n’est pas faire exactement la même chose que ce que vous leur reprochez?
Il ne faut pas confondre « ironie » et « mépris ».
Plutôt d’accord avec toi Minutepapillon. Mme Lemieux-Couture, en quoi croyez-vous qu’un texte comme celui-là puisse servir notre cause? Ça défoule et ça fait du bien je dois l’avouer mais seulement à ceux qui sont familiers avec les concepts de l’anarchie. Pour la vaste majorité des gens anarchie=chaos et violence. Utiliser l’ironie de cette façon est plutôt rébarbatif pour quelqu’un qui ne connaît l’anarchie que par les médias de masse et j’avoue que ça peut sembler méprisant. Il ne faut pas confondre ironie et mépris, mais il ne faut pas croire qu’il n’y a aucun mépris dans l’ironie.
La raison d’être de ce texte est justement de décrier que, pour la vaste majorité des gens, il y a une adéquation entre anarchie, violence et chaos. Mais s’il y a du mépris dans ce texte, ce n’est pas envers ce qu’on qualifierait péjorativement de « masse » — je déteste d’ailleurs ce terme —, mais envers les chroniqueurEs qui entretiennent cette confusion. Cependant peut-être que, tels de bons judéo-chrétiens, devant le mépris de ces chroniqueurEs, devrions-nous tendre la joue gauche ou tous et toutes posséder à la maison notre réplique parfaite desdits chroniqueurEs pour leur flatter les cheveux la nuit?
Ceci dit, je prône la diversité des tactiques. Je n’écris pas pour servir ou nuire à une cause, mais je ne suis pas certaine que le port du bâillon, recommandé par un camarade, serve plus la cause. Je vous invite fortement à écrire, vous aussi, après tout, d’une certaine façon l’anarchie, c’est aussi d’opposer la multiplicité des voix à une voie unique, non?
Je ne suis pas anarchiste comme MCLC. Cela dit, j’ai beau chercher, je ne trouve pas le soi-disant mépris des banlieusards qui ont une famille auquel vous faites référence. De plus, je ne ressens pas l’ironie du texte comme visant toute personne qui ne serait pas anarchiste, mais bien ceux qui tentent de tourner en dérision les anarchistes et leurs préoccupations.
Certainement le meilleur texte que j’ai lu.
Vraiment chiant ces cathos qui nous écoeurent avec leur amour infini. Faut les mépriser ces pourritures qui forment le terreau du fascisme. La question est de savoir si on le fait de manière intelligente pour déstabiliser leur bêtise et leur ouvrir un peu l’esprit. Ce texte est puissant.
Quant à savoir si je devrais moi aussi mépriser comme le font les pourritures à mon égard, je dis bien sûr. Je ne détermine la légitimité de mes sentiments ou de mes actes en fonction de la voisine en me disant: je dois faire ou ne pas faire comme elle. Je le fait parce qu’il est juste de le faire. La justice est fondée sur des principes, pas sur des sophismes. Du moins, dans l’idéal.
Là, la police est allé plus loin encore. Elle a concrètement criminalisé la manifestation du 15 mars. Je dis qu’il faut déchaîner le verbe contre la matraque. La ligne de front est celle qui est en face de toi.
À Evo,
L’imbécilité et le manque de réflexivité critique est certes un terreau fertile pour le fascisme. Il y en a un autre: la haine. «Faut les mépriser ces pourritures qui forment le terreau du fascisme. » J’espère que vous ne deviendrez pas vous même un outil objectif de votre supposé ennemi.
Homère misère… Si tu penses que la haine est une manifestation du fascisme, alors la haine du fascisme devient du fascisme. T’as déjà essayé ça la double pensée? Je te conseille fortement d’appliquer à toi-même tes propres suggestions et de mener plus loin ta réflexion au lieu de sombrer dans le sentimentalisme fleur bleu.
Evo gros Ego,
J’ai bien dit que la haine pouvait être un terreau du fascisme, ce qui est différent que de dire que la haine est nécessairement une manifestation du fascisme. Elle en est une, certes. Mais la haine est très présente du côté anarchiste (ou plutôt chez certaines tendances anarchistes); elle n’est simplement pas canalisée au même endroit que le fascisme (haine des riches, de la police, des nationalistes, de la «petite-bourgeoisie» réformiste et du fascisme vs haine des minorités ethniques, du socialisme, etc.).
En ce sens, ta « double pensée » n’est le fruit que de la simplification et du travestissement de mon argument.
Pour ce qui est du sentimentalisme fleur bleue, ça me déçoit beaucoup comme attaque. Mais ça ne me surprend pas. Il est bien évident que tout ceux et celles qui ne partagent pas la « stratégie » suicidaire du black-bloc ne sont que d’imbéciles « paciflics » qui n’ont rien compris à la politique et aux rapports de force. C’est pas mal plus bandant d’appeler à la Révolution et à la lutte des classes, c’est beaucoup plus facile en fait d’être le plus extrémiste possible et de dénoncer les 99,7 % qui sont trop mous; plutôt que de nuancer certaines réalités et d’appeler au clame lorsque la stratégie violente ne conduit qu’à une répression encore plus grande et surtout à une défaite encore plus humiliante.
Et l’une de ces premières réalités qui devrait te secouer dans ton ghetto idéologique, c’est que la belle théorie anarchiste, elle est bien belle oui, merveilleuse même, qui est contre le paradis ? Mais les collectifs anarchistes et certaines psychés d’individus anars sont bien la preuve que l’intolérance n’est pas le lot que du fascisme ; que le machisme n’existe pas seulement à droite ; que l’absence de règles au nom d’une pseudo-liberté et d’un anti-autoritarisme primaire ne se résume en fait qu’à la loi du plus fort et à la plus grande gueule du collectif. Sans parler des nombreuses dérives post-modernes qui affligent ce mouvement et qui lui donnent à certains égards des couleurs se rapprochant davantage du libéralisme dominant que de la tradition socialiste.
Oh, mais si tu voulais faire dans la nuance, fallait le dire plus tôt. Et surtout pas en rajouter avec des préjugés du genre: « Il est bien évident que tout ceux et celles qui ne partagent pas la « stratégie » suicidaire du black-bloc ne sont que d’imbéciles « paciflics » qui n’ont rien compris à la politique et aux rapports de force. »
La haine, c’est un mal? Dis? Lorsqu’elle est orientée vers mon ghetto idéologique?
Ce n’est pas la haine qui est un facteur déterminant du fascisme, mais l’ignorance. L’ignorance de l’autre qui engendre des haines infondées. Car la haine exprimée dans un débat et qui est utilisée comme style est une affaire de forme. C’est aussi le cas de l’intolérance et de toutes autres formes de négativité. C’est bien ça la bêtise du libéralisme fleur bleu qui vise à dénoncer les formes de la négativité pour neutraliser le conflit. Mais tu mets en relation la dénonciation de ces formes négatives avec une dénonciations de fond, celui du machisme par exemple. Tu confonds donc la forme et le fond.
Pour ce qui est des réalités qui devraient me secouer, n’ait crainte. Tu ne m’apprends rien. Ça fait longtemps que j’ai compris ces choses là. Sauf que la tradition socialiste est issue de la tradition libérale, une variante tout au plus qui a rapidement sombré dans le totalitarisme et donné naissance au post-modernisme en se réconciliant au libéralisme. En d’autres termes, les anarchistes qui débattent encore de la pureté socialiste ou libérale de leur doctrine n’ont pas encore compris la portée fondamentalement subversive de l’anarchisme et donnent de l’eau au moulin des détracteurs dans ton genre.
Clarifions certaines choses ici Evo,
C’est vrai que je n’est pas été nuancé moi-même au niveau de ma critique de l’anarchisme. Ce n’est pas si évident que ça d’être nuancé sur ce genre de plate-forme de communication. J’avais naturellement compris que tu ne cherchais pas la nuance dans tes propos, puisque justement ce moyen de diffusion encourage la rapidité. Mais ce que je voulais dire, c’est qu’à mon avis, l’anarchisme comme doctrine politique manque de nuance; au-delà des individualités qui la porte et la forme qu’elles et ils choisissent pour l’exprimer.
Tu conviendras avec moi que la phrase de moi que tu cites n’es pas un préjugé. C’est une généralisation, mauvaise il va de soi. Je suis certain qu’il y a des anarchistes pacifistes… Ce que je voulais dire par là c’est que durant le printemps érable, un certain nombre d’anarchistes considéraient leurs camarades plus modéré-e-s et prônant des méthodes politiques pacifiques et non-violentes comme étant des naïfs et naïves qui ne comprenaient rien « à la politique et aux rapports de force ». Sans vouloir généraliser à l’ensemble des anarchistes cette pensée sans nuance (comme je l’ai fait précédemment), il me semble que je n’ai pas tort sur ce point. J’avancerais même que les blacks blocs ont tendance à instrumentaliser la manifestation. Pendant la manif, ces groupes fonctionnent démocratiquement à l’interne bien sur, mais de manière autocratique vis-à-vis le reste de la manif. Aucune consultation du reste de la manif (ce qui est en soit impossible) ou même des organisateurs et organisatrices n’est fait.
Je n’aurais pas dû traiter l’anarchisme de ghetto idéologique (là, j’ai voulu te provoquer un peu). L’anarchisme est une théorie (et dans une certaine mesure une pratique) politique très vaste, qui comprend plusieurs ramifications. Ces ramifications se matérialisent souvent dans de toutes petites organisations qui constituent à mon avis, de véritables chapelles souvent en conflit les unes avec les autres. Ces chapelles qui dans certains cas frôlent le sectarisme et très souvent l’esprit de clocher; un peu à la manière des sectes trotskistes qui sont toujours prêtes à une scission s’il y a une virgule de trop dans la bannière (c’est une litote, enfin je pense ?). Cela va de soi: les idéologies plus radicales, religions plus radicales sont sujettes à faire preuve d’un plus grand purisme (ce qui est une bonne et mauvaise chose à la fois, cela dépend du dosage de purisme) et donc à s’isoler en petits groupes homogènes.
Quant au fond et à la forme, disons que sans être un littéraire, il me semble qu’elles se confondent parfois. L’utilisation d’une certaine forme (par exemple un manifeste) est liée au contenu que l’on veut passer. Ainsi, utiliser une forme langagière violente amène généralement (il y a une nuance ici) la transmission d’un message qui se veut radical voire violent lui-même.
Les liens entre libéralisme, socialisme et anarchisme sont complexes et je ne veux pas ici prétendre détenir la clé de leurs interactions. Par contre, je suis en désaccord avec toi (ou ce que j’ai bien pu comprendre de ton texte). Selon toi, l’anarchisme semble sortir en quelque sorte de nulle part; il n’est rattaché à aucune autre théorie et pratique politique. L’anarchisme serait la subversion même de toutes les autres doctrines nécessairement autoritaires. Or, si le socialisme découle effectivement du libéralisme mais en s’opposant à lui. Le socialisme nait puisque le libéralisme lui a donné les conditions pour naître. S’en est de même de l’anarchisme qui avec Max Stirner, se rapproche et radicalise le libéralisme ; et avec Proudhon (quoique misogyne), Bakounine et Kropotkine, se rapproche du socialisme mais en gardant un vieux fond libéral anti-État. Maintenant, ni le libéralisme n’est homogène, ni le socialisme en entier n’a conduit à l’URSS (il a aussi conduit à l’État-Providence et à la social-démocratie, qui s’est ensuite dégénérée en social-libéralisme) et au totalitarisme, ni l’anarchisme est complètement libéral ou social.
Du côté de la post-modernité, tu m’excuseras mais en quoi le socialisme s’est il réconcilié avec le libéralisme ? Si c’est de social-libéralsime dont tu parles, je me garde moi de classer cela comme du socialisme. À moins de penser que le PQ soit socialiste… Certaines formes d’anarchisme sont carrément post-moderne: nous n’avons qu’à penser à ces clowns D’Hors d’oeuvre (probablement des agents du service de renseignement) qui se sont réclamé pendant un temps de l’anarcho-ganstérisme entre deux ligens de poudre et en affichant un logo à connotation éminemment bourgeoise (un verre de martini). La vieille gauche socialiste québécoise dont je me réclame n’est justement postmoderne, puisqu’elle place l’amour et la libération de la patrie comme condition nécessaire à l’amour et la libération de la classe ouvrière québécoise, et vice-versa. La dénonciation en bloc du nationalisme, la coupure avec nos racines pour prétendument atteindre l’universel et la citoyenneté mondiale (à partir du vide?), voilà une attitude essentiellement post-moderne… et libérale. La défense des langues menacées, la défense des cultures face à l’homogénéisation anglo-saxon, l’autodétermination des peuples est constituante de la lutte sociale. Le changement ne se fera pas uniquement en construisant des HLM en G-prock et en donnant la gratuité scolaire. Voilà ce qu’une gauche québécoise traditionnelle véhiculait (et véhicule encore), des Michel Chartrand, Fernand Dumont, Michèle Lalonde, Marcel Rioux, Émile Boudreau, Michel Freitag avaient conscience de la nécessaire libération nationale pour atteindre la libération sociale ; et dans certains cas, ils et elles ont même compris que le socialisme (tout comme l’anarchisme) découle directement des enseignements des Évangiles. En ce sens, avec (en général, me semble t-il) son dégoût du nationalisme et souvent son mépris envers le Québec, avec sa dénonciation radicale du christianisme en bloc (sans comprendre que l’anarchisme lui-même découle de certains de ses enseignements, dont l’esprit du sacrifice et du martyr, l’antibureaucratisme organisationnel), avec sa volonté de faire tabula rasa du passé sans comprendre que cela est le meilleur moyen d’en arriver au totalitarisme (capitalisme financier mondial ou l’expérience soviétique prétendent la même chose), cela est foncièrement post-moderne ; pas mal plus en tout cas que ce bon vieux socialisme québécois ou la théologie de la libération.
La confusion est si largement répandue et profondément ancrée dans la culture qu’il faut à un individu déterminé des années pour clarifier sa pensée et des générations pour un société à y parvenir.
Je crois bien que nous ne partageons pas la même idéologie politique, nous partageons certaines analyses. Ce qui diverge, de toute évidence, c’est sur la post-modernité.
D’abord, disons d’entrée de jeu qu’il y a autant de socialisme qu’il y a d’anarchisme. Que l’on retrouve du bon monde dans ces deux courants, à moins de vouloir faire de la psychologie politique. Et l’on trouve aussi partout de la misère. Finalement, je crois qu’il serait plus intéressant de s’attarder à l’idéologie et d’en faire une étude de cas.
La postmodernité, qu’est-ce que c’est? Un des premiers penseurs de la postmodernité, c’est Marx. Il n’avait pas formulé le mot, mais c’est le postmodernisme de gauche, le vieux socialisme que vous appeler, qui s’est toujours bien entendu avec l’organisation nationale étatique. Des postmodernes aussi, il y a en a de toutes les couleurs. Tiens, voilà Habermas. Vous le connaissez?
Certaines disent que le postmodernisme est un courant de droite en occident. Bien sûr, tout ceci existe. De sorte que le socialisme d’hier devient le libéralisme de demain. Une sorte de phase de transition à l’intérieure d’une progression technoindustrielle sans idéologie propre que de durer, récupérant toutes les formes les plus complexes de conditionnement produite par les idéologies passées.
Libérés des idéaux-logies, les socialismes d’hier se convertissent à la société marchande finalement. Ça laisse aussi des traces. Du monde comme toi qui ont refusé d’abdiquer les idéaux, qui croient encore au progrès social, pas juste technique. Beaucoup de gens prétendument conscientisé ont de la difficulté à se croire eux-mêmes manipulés par le jeu politique de leur époque et ce qu’elle charrie.
Enfin, le postmodernisme dont tu parles, déteste les avant-gardes trotkystes, hors-d’oeuvriste, etc. HO n’est pas postmoderne d’un point de vue conservateur-critique. Ce dont tu parles d’eux c’est leur truc provoc, ce qui n’a rien à voir avec la postmodernité.
Par contre, puisque nous sommes toutes et tous postmodernes comme nous sommes toutes et tous des romaines ou des américains, je ne mettrais pas l’appel aux racines nationales comme un rejet de la postmodernité. Car le conservateur anti-postmoderne voit la postmodernité comme le rejet des cadres nationaux, alors que la gauche voit généralement la postmodernité comme une résurgence de tous les conservatismes.
Ma conception de l’anarchisme quant à elle. Je vais vous la décrire simplement. Je me considère supérieur à vous, politiquement du moins, je ne connais pas votre grandeur de tête ou de taille. Et puisque vous vous croyez supérieur à moi, nous sommes égaux. Je suis supérieur parce que je sais que nous sommes égaux. Or, tout ce que je sais est que je ne sais rien, qu’il faut me connaître moi-même et qu’en fin de compte je dois devenir ce que je suis. L’anarchisme est une philosophie politique et la philosophie un anarchisme politique. Ce qui distingue l’anarchisme du libéralisme et du socialisme est qu’il refuse le faux dilemme entre individualisme et collectivisme, qu’un individu fort fait une société forte et vice versa, le paradis en effet. Ce paradis ne sort pas du néant postmoderne, l’idéal est ancré dans les mythes les plus anciens de l’humanité.
Intéressant Evo.
Je considère effectivement tout comme toi qu’il y a du bon et du mauvais chez les anarchistes et les socialistes, chez les québécois francophones et les anglophones, chez les blancs et les noirs, etc.
Je comprend le lien que tu fais entre le marxisme (théorie socialiste dominante pendant longtemps) et la société de consommation actuelle qui voit en la croissance économique un progrès. Bien qu’une lecture écologiste de Marx semble possible, force est d’admettre que les régimes s’ayant réclamé de lui ont été aussi voire même davantage « productiviste » que le capitalisme. À cet égard, je porte une énorme critique envers ces régimes; totalitaires, policiers et écocides. À ce bon vieux socialisme québécois dont je parlais, éminemment démocratique et pacifiste (donc en rupture avec soviétisme ou le maoïsme, etc.), il faut bien dire que je me réclame également de l’écosocialisme et qu’en cela, je ne croit pas à la croissance économique. Je suis pour une décroissance conviviale, voire la simplicité volontaire (qui est un défi de tous les jours ; j’en suis pas un modèle parfait).
En ce qui a trait au postmodernisme, effectivement je crois que nous nous accordons pas complètement. Les thèse fusent de toutes parts en ce domaine. L’une d’entre elle considère que le postmodernisme, essentiellement d’origine culturel, prend vie avec Baudelaire et les poètes symbolistes qui le suivent de près. Ce que nous appelons la modernité serait donc la post-modernité (la modernité serait alors le mouvement des Lumières). Une autre thèse évoque les années 1960, la contre-culture, la perte d’audience du mouvement ouvrier traditionnel (syndicats et partis politiques communistes et socialistes) au profit de «nouveaux mouvements sociaux», femmes, étudiant-e-s, homosexuel-le-s, etc. Parallèlement à ces transformations induites par la contre-culture (libération sexuelle, accès élargi à l’éducation, intégration de la classe ouvrière dans la société de consommation, chute de la pratique religieuse, etc. ), le capitalisme devient néolibéral dans les années 1980 et nous assistons à la montée de « l’individualisme ».
L’individualisme peut être décortiquer de plusieurs manières également. Nous nous y référons généralement pour dire qu’il s’agit d’un repli sur soi, de l’agrandissement de la sphère privée au détriment de la sphère publique (avec privatisation), de Narcisse qui a perdu foi dans les métarécits et les idéologies collectivistes. Ce phénomène existe bel et bien dans nos sociétés et il est éminemment critiquable. Or tout comme toi, je pense que l’individualisme peut correspondre à quelque chose de positif et être lié au collectif. À travers ce que certain-e-s nomment l’autonomie. Fini le militantisme dans des organisations centralisées et autoritaires, ce qui ne veut pas dire que le militantisme est mort. Même le syndicalisme peut se renouveler, comme avec SUD en France ou du côté étudiant avec l’ASSÉ au Québec. L’autonomie de l’individu signifie qu’il contrôle son activité militante et qu’il a un poids dans l’organisation ; que l’organisation elle-même tente de se dégager le plus possible des contraintes institutionnelles pour être autonome justement. En ce sens, notre époque postmoderne peut redéfinir le militantisme, redéfinir la gauche afin de définitivement faire le deuil de l’expérience soviétique.
Tant mieux si tu réfères tes idées anarchistes à des idéaux mémoriaux. Diogène peut-être ? En autant que nous ne sombrions pas dans la dictature du Ici et Maintenant, du présent totalitaire sans lien avec le passé et aucune perspective pour le futur. En autant aussi que les critiques de certains aspects de la contre-culture puissent toujours s’exprimer. Que, par exemple, celles et ceux qui conçoivent la monogamie positivement ne soient pas traiter de sale réactionnaire. Il faut garder en tête que la contre-culture a été récupéré par le système marchand et que la liberté sexuelle s’est rapidement transformé en acceptation sociale de la marchandisation du sexe (à travers la porno notamment). Qu’en cela, nous ne pouvons bâtir un projet politique et social sur le seul socle de cette contre-culture ; même si elle a apporté du positif à certains égards.
Je ne crois pas au Paradis mais je crois que nous pouvons nous en inspirer pour nous en approcher. Mais pour cela, il faut aussi qu’une large part de la population soit prête à embarquer dans le mouvement.
Au plaisir.
J’en viens à me dire qu’on préfère voir les jeunes dans la porn plus que dans la rue.
Je ne suis pas anarchiste, mais ce discours m’apparait porteur, parce que l’état actuel des choses est trop déprimant. Susan Georges, une militant d’ATTAC, annonçait la multiplication rapide des crises économiques et sociales. Les signes sont là: il vaut mieux s’accrocher ça va secouer de plus en plus.
On peut faire semblant de ne pas le voir ou essayer de ne pas s’en mêler, sauf qu’avant longtemps beaucoup seront interpellés. Les jeunes ont raison de se fâcher devant l’avenir assombri qu’on leur présente: des jobs de plus en plus difficiles et de moins en moins payantes, un climat qui deviendra de plus en plus instable, des migrants scolarisés que l’on traite comme du bétail, des pauvres, des vieux et des malades qu’on abandonne.
Vous êtes confortables dans le monde dans lequel on vit? Moi, je le déteste de plus en plus.
Je trouve l’article excellent et ça montre une fois de plus qui si certains citoyens (les anarchistes) ne se lèvent pas pour aller défendre leur droits et leur espace, la majorité des est tout à fait prête à rester coller sur sa télé au fond de son sous sol. Paresse quand tu nous tient.
Je vous lis et je pense à Nietzsche: «Lorsque l’anarchiste, comme porte-parole des couches sociales en décadence, réclame, dans une belle indignation, « le droit », » la justice », » les droits égaux », il se trouve sous la pression de sa propre inculture qui ne sait pas comprendre pourquoi, au fond, il souffre, en quoi il est pauvre en vie… Il y a en lui un instinct de causalité qui le pousse à raisonner: il faut que ce soit la faute de quelqu’un s’il se trouve mal à l’aise… Cette belle indignation lui fait déjà du bien par elle-même, c’est un vrai plaisir pour un pauvre diable de pouvoir injurier, il y trouve une petite ivresse de puissance.» (Crépuscule, Flâneries inactuelle, §34)
Pour être allée quelques fois à ces fameuses manifestation du 15 mars, je peux vous dire que le bordel prend à chaque fois par la faute des manifestants. Il s’y rendent déjà gonflés à bloc, armés, sans réfléchir, prêts à tout casser. Je suis absolument contre la brutalité policière, mais il se trouve que les manifestations du 15 mars soient un VRAI cirque et que la faute n’incombe pas qu’aux policiers. Loin de là. (Mais peut-être l’ignorez-vous puisque vous n’y étiez pas.)
Pour ce qui est de la victimisation des anarchistes… Vous décrivez ce qu’est, pour vous, l’anarchisme, mais vous ne traitez pas de l’anarchisme insurrectionnaliste (dont le sabotage est la signature), alors que c’est clairement de cet anarchisme dont il s’agit dans le cas de la manifestation du 15 mars. Donc oui, il y a une adéquation entre anarchisme et chaos, ici. Et elle est sans équivoque.
Comment donc vous conférez de la crédibilité à ce sujet? Comble du ridicule, vous vous dites anarchiste et dénonciatrice, entre autre chose, du culte de la personnalité et de l’héroisation alors que vous endossez pourtant ce culte comme un chandail moulant en affichant sur la sphère publique une image physique qui n’a absolument rien à voir avec votre réalité corporelle. (Je vous ai déjà croisée dans un évènement). Donc, anarchiste, vous? À temps partiel, peut-être.
Je vous suis depuis longtemps. Vous vivez dans la Société du Spectacle et vous vous y conformez avec un étonnant brio en croyant faire l’inverse.
Sur ce, je vous conseille fortement de relire Nietzsche. Ça risque de mettre en lumière certaines de vos impostures intellectuelles.
Cette réponse serait-elle une attaque à la personne?
Non, c’est une attaque à la crédibilité d’une personne.
Chère Mme Ferry,
Je vous lis et je suis aveuglée par la lumière de vos paroles. Je croyais avoir besoin d’un psy, mais je comprends maintenant que c’est Nietzsche qui me sauvera de mes contradictions, de ma souffrance et de la pauvreté de ma vie. Je crois, par contre, que vous souffrez d’une certaine désillusion de toute-puissance (peut-être trop de Nietzsche) et cela me chagrine beaucoup.
Je suis bien surprise de constater que vous possédez un pouvoir divinatoire qui vous permet de connaître mes pensées les plus intimes, mes déplacements, le déroulement des manifs du 15 mars ainsi que l’agencement de couleur entre ma brassière et ma petite culotte. Vous savez donc que je ne suis jamais allée à une manif du 15 mars, vous savez que le bordel prend à chaque fois par la seule et unique faute des manifestants (pas un, pas deux, mais tous les manifestants). Vous savez aussi que le 15 mars, il y a non seulement que des anarchistes, mais, qui plus est, que des anarchistes insurrectionnalistes. Mais que faisiez-vous donc là?
Je suis flattée que vous me vouiez un culte de la personne. J’ai toujours voulu être l’héroïne des « couches sociales en décadence ». En espérant qu’un jour vous appreniez à commenter un texte et non sa co-auteure, parce que ça vous donne trop de crédibilité.
Spectaculairement vôtre,
MCLC
Ce n’est pas Nietzsche qu’il vous faudrait lire Anne Ferry. Il vous faudrait commencer à lire autre chose, car on ne répond pas à des faits par l’opinion d’un auteur. Mais bon, si Nietzsche le dit, c’est que votre idôle doit dire vrai.
Comme vous, peut-être, j’ai participé à plusieurs 15 mars, mais aucune de ces manifestations ne méritaient dès le départ d’être déclarée illégale. S’il y a des insurectionnalistes ou des anar-chaos qui brisent de vitrines ou font des grafs à un moment ou un autre de la manif, il ne s’agit pas d’un raison valable pour battre les gens. Ce dont on a affaire maintenant est une répression politique brutale et totale.
En fait, l’opinion que vous vous faîtes de ces 15 mars lors desquels la responsabilité « n’incombe pas qu’aux policiers. Loin de là. » me semble totalement déconnecté de la réalité. D’ailleurs, si vous aviez été là ce 15 mars 2013, au lieu de déverser ici votre ignorance lettrée, vous n’auriez certainement pas écrit ça.
Evo, vous dites qu’on on ne répond pas à des faits par l’opinion d’un auteur. Depuis quand n’est-il plus d’usage d’appuyer sa pensée sur une citation? C’est nouveau ou est-ce que vous venez de décréter cela parce que ça vous arrange?
Pour ce qui est du fait que la manifestation ait été déclarée illégale. Bien sûr que c’était justifié (selon la loi): le trajet n’avait pas été communiqué aux policiers. Les anarchistes savaient très bien à quoi s’en tenir. Battre des gens n’est certainement pas justifié, personne n’a dit une telle chose. Mais casser des vitrines, jeter des pierres ou déroger stupidement à la loi (quand ça ne vaut pas la peine) ne l’est pas non plus. Il faut savoir nuancer, ce qui semble vous faire défaut à vous et à l’auteure de ce texte.
Se poser en victime en faisant mine de ne pas comprendre pourquoi les policiers ont dû agir ainsi n’est certainement pas une solutions intelligente qui fera évoluer les choses. Ne pas comprendre que les policiers obéissent à des ordres, non plus. Bref, personne ne changera notre système en ne respectant pas un minimum les règles du jeu.
Pour les suggestions de lecture, je suis toujours ouverte.
Bonjour Mme. Ferry,
Voici une suggestion de lecture:
http://www.ruedeslibraires.com/livres/histoire-raconter-pour-mieux-comprendre-ecrire-142285.html
Bonne journée,
Citer Nietzsche n’est pas interdit, mais le faire pour prouver que les anarchistes sont stupides, c’est nul parce que l’opinion de l’auteur n’est pas basé sur des faits. Alors au lieu de vous appuyer sur des faits, vous avez bien fait d’aller tirer une citation de l’auteur, ça vous dispense de faire dans la rigueur.
Ensuite, après avoir cité Nietzsche, vous justifiez la répression politique de la manif du 15 mars 2003 en invoquant quoi? La loi? Faut vous brancher. Soit vous êtes favorables à l’État policier et aux lois qui permettent que s’instaure une dictature policière et vous appuyer l’usage de la force contre la dissidence, soit vous vous positionner contre cette brutalité et les lois qui la permette. Alors oui, vous appuyer la brutalité policière, même si vous ne le dîtes pas directement. Parce que vous prétendez « comprendre pourquoi les policiers ont dû agir ainsi ».
Car laissez moi vous donner une petite leçon de rigueur intellectuelle, je vous permettrai de me faire le reproche d’être arrogant. Donner le trajet à la police, seules les organisations qui ont les moyens de mettre en place un système de sécurité peuvent se permettre de donner un trajet, parce que si la manif est détournée, on peut vous mettre à l’amende. Alors le simple citoyen qui veut faire une manif, dans une supposée démocratie dont on se pense libre de manifester librement, n’a pas les moyens d’organiser ça. Même chose pour les petites organisations. Avec le règlement municipal, dont vous cautionner l’application, seuls les gros syndicats et leurs dirigeants ont les reins suffisamment solides pour organiser des manifs avec trajet déclaré.
Ça c’est juste pour ce qui est des contraintes réelles d’organiser une manif sans trajet déclaré. Maintenant, pour ce qui est de la légalité-légitimité d’un tel règlement, si vous êtes pour la démocratie, les libertés civiles et tout le tralala, vous conviendrez avec moi que ce règlement est irrecevable. Pourquoi? Parce que la liberté d’expression de laquelle découle la liberté de manifestation n’a de sens que s’il est possible de manifester librement, donc de circuler librement dans les lieux publics, ce qui inclut la voie publique. Or, il est contraire à l’esprit d’une démocratie de considérer que la liberté de manifester passe après la fluidité de la circulation automobile.
Les policiers ont toujours démontré être capables d’exercer leur pouvoir discrétionnaire. S’ils ont décidé de réprimer brutalement cette manifestation, ce n’est pas parce que le trajet n’a pas été donné, car ils ne l’ont pas fait pour d’autres manifs, et ce n’est pas parce qu’on avait commis des méfaits non plus. Ils diront certainement qu’ils ont agit ainsi par mesure préventive. Alors, auriez-vous dit certainement avant de lire ceci, c’est dans la droite logique des choses que de laisser la police réprimer les manifestations qu’elle souhaite, non pas en fonction des gestes commis, mais en fonction des gestes que certain-e-s pourraient commettre.
Si c’est cette marge de manoeuvre que vous souhaitez donner à la police, alors vous êtes favorables à tous les États policiers de ce monde qui donne la même marge de manoeuvre à leur corps policiers. Tant pis pour nous. Nous ne sommes que des anarchistes. Cela mérite qu’on ne respecte pas nos droits. Et honte à vous, vous vous rangez derrière les salauds.
Ha! Fabuleuse époque!
Époque ou les quelques centaines de personnes qui sont incapable de fonctionner dans la société cassent tout afin que les millions de citoyens fonctionnels puissent, eux aussi, devenir non fonctionnels…
»Nous sommes peu, et pourtant, on nous craint… »
Si vous êtes vraiment, mais VRAIMENT convaincu de cette affirmation, vous ne pourrez qu’être frustrée et incomprise toute le reste de votre existence.
Mais bon, la vie étant ce qu’elle est et la nature humaine étant ce qu’elle est, vous tournerez bien à droite(du moins au moins au centre) vers vos 30-40 ans, comme tout le monde…
Life is life…
Cher M. Perreault,
Au risque de vous décevoir, et puisque après mon apparence, il faut bien en venir à mon âge, je tenais à vous dire que j’ai 32 ans. J’ai aussi un enfant et je me marie tous les jours, bien que se soient apparemment des vecteurs de changements d’opinions politiques pour migrer vers la droite mature, je n’y ai toujours pas girouetté. Qu’à cela ne tienne, je me prends dès aujourd’hui une hypothèque en me croisant les doigts pour enfin être capable de plier l’échine et de rentrer dans les rangs.
Merci à la grande sagesse Churchill style.
Toi, t’as toujours voulu être cave pis quand t’as atteint 30 ans, tu t’es lâché lousse. Bravo, tu prévois quoi pour ta retraite? Torturer des enfants soldats à Guantanamo?
À force d’écouter et lire des ordures, t’as fini par croire tous les mensonges qu’on te répète. Aye, je vais avoir 38 ans, j’ai deux enfants, classe moyenne inférieure, je fonctionne très bien en société. C’est la société qui est malade et qui produit des détraqués dans ton genre.
Entrez dans les rang?
Je suis marié, deux merveilleux épagneul, j’ai une hypothèque(pas trop grosse), deux voitures, voyage à toutes les années, des amis, 8 semaines de vacances par année etc…
Je le répète: Mais de quel rang parlez vous?
Parce que vu d’ici, le rang est confortable en tab…….
Les rangs de la (centre-)droite-mature. Ceux qui permettent d’oublier au détriment de quoi se bâtit le confort des uns. Mais tant mieux si vous êtes confortable, ne réfléchissez pas plus, vous n’en dormiriez plus.
En attendant, je vais aller m’inscrire sur réseau contact, voir si je peux me faire des amiEs, parce que, c’est bien connu, les anarchistes n’ont pas d’amiEs, et c’est ce qui justifie leur grande victimisation.
Cher M. Perreault,
Vous voyez bien que vous vivez dans une fabuleuse époque! Votre conscience s’est perdue dans votre confort et vos divertissements ouvrant ainsi la porte à un immense bonheur partagé entre épouse et épagneuls. C’est à se demander pourquoi la majorité de la population mondiale n’a pas compris tout ça et ne s’achète pas tout de suite deux voitures. Il faut croire qu’ils et qu’elles sont moins intelligentEs que vous.
Vous êtes marrant. Vous vous reconfortez dans vos préjugés.
Vous dites à tout vents que ceux et celles qui ne pensent pas comme vous s’abreuvent de médias de merdes crasseux ou qu’ils sont endormis……………….et ce à quelqu’un sur le blogue de Mdm Couture dans le voir…(?????????)
Youhou!!!!
Youhou!!!! Peux-tu nous dresser un tableau de l’univers médiatique au Québec et nous démontrer comment ce blog peut être considéré comme faisant partie de ce qu’on appelle les mass médias qui structurent l’opinion publique dominante?
Jalousie et mépris de la majorité.
La gauche quoi…
Si j’en crois votre commentaire, M. Perreault, la gauche serait la jalousie et le mépris de la majorité. Pensez-vous que vos deux voitures — un pour chaque épagneul —, vos 8 semaines de vacances, vos voyages et tout le tralala représentent la majorité? Je vais répondre pour vous : non, vous n’êtes pas un fier représentant de la majorité. La majorité se crève au travail dans des conditions de travail de merde pour que vous puissiez jouir de la marchandise que vous consommez.
Le mépris de la majorité, c’est plutôt de jouir de son confort en se foutant éperdument du sort des autres, c’est mettre ses petits intérêts avant ceux de la collectivité, c’est préférer frapper le mur des limites de la croissance à un environnement sain, etc. Ça, c’est le lot de votre droite-mature.
Je ne suis absolument pas jalouse de votre mode de vie. Je me pendrais plutôt que d’échanger ma vie avec la vôtre. Je préfère vous pensez endormi, ça m’évite de vous savoir inhumain.
Merci! Marie-Christine,
J’adore ton style d’écriture et ton ironie!
Cet article est un vent de fraîcheur qui fait du bien!
Il faut parfois secouer un peu la cage, et par le plus de moyens possibles, pour que les gens qui se sentent concernés, se dévoilent, apportent leur soutien, leur opinion, deviennent des membres d’une société participative à refaire!
Good job!
l’idée de l’anarchisme a un certain romantisme qui arrive encore à me séduire, mais je prône un anarchisme plus éthique et individualiste à la Stirner. Un anarchisme politique est sinon impossible du moins non souhaitable ne serait-ce que par les enjeux écologiques qui menacent l’humanité. Devant la possibilité d’une annihilation de l’individu, il est primordiale de se doter de certains outils de gouvernance mondiale pour endiguer le réchauffement climatique, corriger les défaut du capitalisme (évasion et paradis fiscal en premier lieu) et contrer les mafias.
Je trouve aussi toujours paradoxal et pour être plus honnête intenable la position politique anarchiste contemporaine qui demande toujours moins d’État en en demandant toujours plus. Plus d’implication de l’État dans l’éducation (ce que j’approuve), plus de contrôle du marché (J’approuve aussi), plus de politiques publiques. Mais que feront les anarchistes de cet état monopolistique quand ils atteindront leur but, c’est à dire quand ils auront fait la révolution prolétarienne? Quand on discute avec eux, plusieurs répondent le plus sérieusement du monde que c’est jsutement quand l’État occupera toute la vie sociale qu’il sera le plus facile de le détruire. Peut-être serait il bon de se faire quelques sessions de rattrapage sur la révolution soviétique pour comprendre qu’il est beaucoup plus simple de batir que de détruire une bureaucratie .
Ouf. Il y a tellement d’orientations politiques différentes qui convergent dans votre commentaire que je ne sais pas par quel bout le prendre… De l’anarchisme individualiste (Stirner) à la sociale-démocratie (corriger le capitalisme), en passant par la droite (la « bonne gouvernance »), puis le léninisme (détruire l’État une fois qu’il aura occupé toute la vie sociale), c’est un tantinet mélangeant! 😉
J’ai comme l’impression que les anarchistes auxquels tu fais référence n’en sont pas.
Qui en dit trop, vend la mèche.
La liberté ne ce gagne plus dans la rue mais
plutôt dans la clandestinité.
Pour ce battre, même à armes inégales,
encore faut t-il un général.
Si seulement tous ceux qui se prétendent anarchistes l’étaient vraiment, mais ce n’est pas le cas. Ce titre est souvent galvaudé par ceux qui y voient un tremplin pour leur propre pouvoir abusif.
Un certain Eric B. a fondé en janvier dernier un groupe facebook appelé: « IDLE NO MORE Montréal », mais au début les idées et textes des fondatrices d’idle no more n’y étaient pas partagées, au contraire lorsque quelqu’un relayait les appels des fondatrices pour le pacifisme dans les manifs INM, il se faisait injurier et même bloquer. Eric B. utilisait cette tribune pour ses besoins personnels, il affirmait que ce mouvement n’apparternait pas à ses fondatrices ou aux autochtones mais à tous ceux qui voulaient en faire ce que bon leur semble. Eric B. y pronait la diversité des tactiques en se foutant de l’opinion des autres. Ce n’est pas ça un anarchiste, Eric B. a beaucoup plus la personnalité arrogante et autoritaire d’une police undercover que d’un anarchiste.
Heureusement, INM a su reprendre le contrôle de son mouvement.
Bonsoir Madamme,
Est-ce parce que je viens d’un pays de dictature extrême où le passe temps préféré des gens en pouvoir est d’exécuter les gens impunément… Un pays ou les femmes sont violées et ensuite punies pour l’avoir instigué… Ou excisée question de les réduire à de simples esclaves. Un pays ou les enfants en bas age travaillent 18 heures par jour pour fournir des supers t-shirts H&M… Ou qui doivent passer leur journée à nettoyer des « dumps » pour trouver un tant soit petit quelque chose qui fournira un peu de nourriture pour le mois… Ou un pays où le fait d’être homosexuel te vaut une lapidation à mort instantanée… Et je vous épargne Mademoiselle une pléiade d’autres bonnes nouvelles quotidiennes…
Mais bon, vous devez avez raison, les injustices Québécoises… c’est vraiment le même combat…
Humblement votre…
Je suis désolé de ce que vous avez vécu, mais nous dites-vous que parce qu’il y a pire ailleurs, qu’on devrait tout tolérer ici?
Nina, je vous recommande fortement de lire Chomsky, entre autre, pour comprendre que les combats sociaux d’ici influencent les politiques étrangères du Canada et, par conséquence, l’appui de celui-ci aux dictatures de ce monde.
Si vous n’êtes pas citoyenne, fine. Sinon, votre refus de combattre ici est un appui à la dictature de votre pays d’origine.
Je trouve insupportable votre manie de forcer les mots au «bi-genre», cette curieuse mode universitaire qui sévit depuis quelques années. Cet E majuscule qui surgit à tout bout de champ agresse l’oeil et brouille la lecture et la compréhension du texte. Utilisée pour marquer la présence du féminin et ainsi équilibrer les genres, la majuscule insiste au contraire sur la forme féminine, ce qui alourdit le texte. En plus de fausser les graphies: chroniqueurE (avec ou sans la majuscule) n’existe dans aucun dictionnaire sinon comme exemple de forme fautive.
Désolé, mais j’ai décroché au troisième paragraphe.
Répétez après moi : Nobody ha to read that crap.
Moi ce que je trouve insupportable, c’est de reléguer dans l’ombre un peu plus de la moitié de l’humanité sous prétexte que «ça alourdit le texte». Contrairement à l’allemand par exemple, le français est une langue avec deux genres, le féminin et le masculin. Il faut être donc être conséquent-e: supprimer le féminin, c’est supprimer la place des femmes dans notre langue.
Je remercie Marie-Christine de prendre le rôle inconfortable, dans notre société, qu’est le porte voix d’une opinion non-majoritaire et surtout mal comprise. On voit assez rapidement en lisant les commentaires que c’est une position difficile, voire méprisée. À en croire certains « commentateux » (oh que non, je ne leur donnerai pas le nom de commentateurs), MCLC devrait, avant chacun de ses écrits, justfier son âge, son statut matrimonial, sa situation financière, sa manière d’écrire. Je n’ai jamais vu autant de sohismes en si peu de commentaires. Passant de l’ad hominem, à l’homme de paille, à la fausse appel à l’autorité (ça ç’est quand un cite une personne compétente, genre Nietzsche, dans un domaine dont il n’est pas compétent), MCLC devient la cible, voire l’objet, quand c’est son texte qui devrait être critiqué. Encore une fois, merci de prendre cette place dans un espace social où la critique est trop souvent confondue avec l’opinion…