BloguesMarie D. Martel

La mort comme maximonstre : Maurice Sendak (1928-2012)

Ah oui, nous avons lu Max et les Maximonstres, et bien d’autres oeuvres de Maurice Sendak. Et lorsque nous l’avons lu, j’ai souvent dit que Maurice Sendak avait commencé à écrire des livres à neuf ans, comme quoi la littérature n’appartient pas qu’aux grands. Et, j’ai dit aussi que Sendak était un de mes auteurs préférés, comme quoi les bons livres n’appartiennent pas qu’aux petits.

Max et les Maximonstres a été consacré chef d’oeuvre de l’histoire de la littérature pour enfants. Dans cet album, publié en 1963, Maurice Sendak a changé les règles du jeu, bougé les normes et les standards de l’écriture pour la jeunesse, bouleversant même ce que signifiait «être un enfant» dans son rapport moral à la colère. Du coup, on est prêt à le lire dès que l’on commence à négocier avec ces maximonstres sociaux : les autres, et avec la colère qui les suit comme une ombre (sur nous-mêmes).

Depuis le geste fondateur, les enfants du livre peuvent se laisser emporter, naviguer par monstres et par vaux sur les mers de ce sentiment sublime, informe, indéfini, profondément angoissant, le dompter, et puis grandir. Et tout ça, sans rater le souper malgré ces «terribles cris», ces «yeux terribles», ces «terribles crocs» et ces «terribles griffes».

Cet album se distingue, non seulement pour l’audace de la vision sombre qu’il véhicule, mais aussi pour la manière unique dont l’économie du texte est complétée par les illustrations supportant la narration. Le dessin est le roi du récit pour ceux qui lisent à voix haute les images. Et l’on sait bien que la densité de la lecture en images n’a pas de fond, surtout vers quatre ou cinq ans.

Au revoir Maurice Sendak. Nous avons fait notre lecture commémorative, et nous nous sommes arrêtés, songeurs, songeuses, sur ce passage :

« Ne partez pas, ne nous abandonnez pas Nous vous aimons terriblement, nous vous mangerons. » « Non », dit seulement Max.

Autour de l’oeuvre et de l’auteur :