C’est aujourd’hui que débutent les travaux de la Commission culture et éducation dans le cadre des séances et des auditions publiques sur le document intitulé :« Document de consultation sur la réglementation du prix de vente au public des livres neufs imprimés et numériques ».
Pour réfléchir et aller plus loin au sujet du débat sur la réglementation du prix des livres au Québec, voici des suggestions de lecture :
1. La série des billets préparatoires de Clément Laberge pour sa prestation devant la Commission constituent un exercice pédagogique incontournable.
- L’art de réglementer
- Réglementer le prix des livres? Contexte.
- Réglementer le prix des livres? L’édition.
- Réglementer le prix des livres? Le gros mot.
- Réglementer le prix des livres? Une spécificité du numérique.
- Réglementer le prix des livres? Pourquoi.
2. Les nombreux avantages pour une loi québécoise sur le prix unique du livre (Me Charlaine Bouchard ) __ Trois constats : La fixation du prix du livre a un effet déterminant sur la structure du réseau de diffusion du livre; Le choix du système de prix a une influence indirecte sur l’offre éditoriale ; Le caractère supposément inflationniste du prix fixe est totalement infondé.
3. Le débat entre les éditeurs Jacques Fortin de Québec Amérique et Gilles Herman, au Septentrion.
- Nuisible aux libraires (Jacques Fortin/La Presse)
- Prix unique du livre: une mesure inutile et nuisible (Jacques Fortin/LeDevoir)
- Réponse à M. Jacques Fortin (Gilles Herman)
4. L’ABPQ se prononce en faveur de la réglementation du prix du livre (Association des bibliothèques publiques du Québec) __ Afin d’offrir aux Québécois des bibliothèques disposant d’une collection de qualité, diversifiée et à jour, l’ABPQ se prononce en faveur de la réglementation du prix du livre. Nous croyons fermement qu’une telle disposition viendra compléter la Loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre qui est maintenant devenue insuffisante pour soutenir les librairies et les bibliothèques dans l’accomplissement de leur mission. Une telle réglementation permettra de maintenir l’accès à une offre littéraire variée partout au Québec.
Le mémoire déposé par l’ABPQ auprès de la Commission de la culture et de l’éducation peut être consulté en ligne à l’adresse : http://www.abpq.ca/pdf/2013-08-19-MemoireABPQ.pdf
5. Prix du livre : une règlementation sensée (Simon Tremblay-Pepin / Institut de recherche sans but lucratif indépendant et progressiste (IRIS) __ [Le] mémoire de l’IRIS à propos d’une règlementation sur le prix du livre en commission parlementaire à l’Assemblée nationale … porte sur la proposition d’un regroupement du milieu du livre de limiter les rabais à hauteur de 10% pendant les neuf premiers mois de vie commerciale d’un livre. Globalement, après recherches et analyses, [L’IRIS trouve] que cette proposition est tout à fait raisonnable.
Les mots-clics des travaux de la Commission : #prixdulivre ou #prixlivre
Ce billet a été mis à jour à 18 h 50.
Je ne sais pas trop quoi penser de tout ce débat. J’achète des livres neufs dans les librairies, des livres usagés (à moitié prix) dans des boutiques de livres usagés, et aussi d’autres livres neufs ou usagés sur le site de Amazon.ca. Je n’ai pas l’impression de nuire aux libraires en agissant de la sorte bien que je sois conscient qu’il s’agit d’un problème de compétition féroce entre différents marchands.
S’ajouterons aussi les ebooks qui pousseront les prix vers le bas. Il y a de cela quelques mois, je critiquais un roman «Le maître et Marguerite» sur mon blogue. J’ai eu la surprise de trouver un lien sur Google, juste en bas de celui conduisant à mon texte, qui offrait ce livre gratuitement en numérique. Tout cela me semble plus axé sur les $$$ que sur la culture.
Vouloir légiférer le prix du livre ressemble un peu à vouloir se doter d’une loi sur les conditions météorologiques… En s’imaginant du coup qu’il serait désirable que le même temps puisse prévaloir sur l’ensemble du territoire visé. Est-ce à dire que ce serait alors du beau temps pour tout le monde?
Plutôt, un prix unique risquerait de pousser vers le haut ce qu’il en coûterait pour lire. Car il ne faut surtout pas s’imaginer que ce serait l’inverse qui se produirait.
D’autant plus que l’ajout de législations (et des multiples tracasseries administratives que cela entraîne toujours, et par conséquent des frais additionnels) ne saurait alléger le processus opérationnel de quiconque. On risque donc de se retrouver avec du mauvais temps partout. Tous égaux dans une même météo déprimante et pas tellement enclins à rigoler…
Et puis, certains livres seraient possiblement beaucoup plus avantagés que d’autres. Ceux davantage susceptibles de se vendre. Comme le genre best-seller, malgré le coût dorénavant plus élevé. En moindre quantité qu’à présent peut-être – mais malgré tout mieux que d’autres livres de type plus littéraire. Ce dernier type étant probablement appelé à en pâtir terriblement dans un contexte de prix unique, d’ailleurs.
Un consternant et prévisible nivellement par le bas. Où les romans à l’eau de rose et les livres de recettes surnageront vraisemblablement autrement mieux que d’autres catégories de bouquins qui couleront pour leur part à pic. Égalitairement, soit. Mais une bien triste consolation que l’égalité dans pareilles circonstances.
Enfin, rien ici qui incite à la lecture ou qui favorise le moindrement la culture, que cette culture soit d’ici ou d’ailleurs.
Et attendons-nous à ce que les petits libraires mordent rapidement la poussière, laissant bientôt toute la place à quelques gros joueurs ne proposant principalement plus (en succursales, du moins) que des rayons pleins de romans à l’eau de rose et des livres de recettes (à prix unique plus élevé) et quelques autres ouvrages plus consistants pour les férus. Sur commande spéciale bien souvent, et sans le moindre rabais pour ainsi respecter le prix unique obligé.
(Mais j’ai certainement tout faux ici, n’est-ce pas?)
Pas tout faux, mais un point en particulier mérite d’être mentionné: Les grandes surfaces (Costco, Walmart de ce monde) ne vendent QUE des livres à grand tirage et n’en ont rien à cirer des livres plus sérieux, qui se retrouvent chez les vrais libraires. Comme ces petits libraires ne sont pas de poids face à Goliath, je pense que la politique du prix unique a du sens. Sinon, on se retrouve uniquement avec les clones de Twilight, 50 Shades of Grey, et le guide de l’auto 20… comme lecture de chevet. Il y a de la place pour la diversité, et sans prix unique, cette diversité est condamnée à disparaître…
Nous sommes presque d’accord, Monsieur Couture.
Sauf pour l’avènement d’un prix unique.
Car cela, à mon avis, ne peut que mener à la disparition des petits libraires.
Les gros libraires? Eh bien, ils compenseront alors l’obligation du prix unique par autre chose. Des points AirMiles, par exemple. Des programmes-clients (comme chez Metro ou Pharmaprix).
Le prix unique ne peut que faire couler les petits.
Dommage. Mais c’est ainsi…