La Ville de Montréal a inauguré son premier fab lab en bibliothèque publique le 1er août dernier : le BennyFab. Plusieurs bibliothèques ailleurs au Québec ouvriront dès cet automne des laboratoires de création et d’innovation, qu’ils soient fab labs ou médialabs, ou les deux, et se joindront au mouvement des makers. Les porteurs de ces projets en émergence ont été invités à une journée d’échanges et de cocréation dans l’espace de District 3 profitant de l’occasion pour y visiter le makerspace. Sur le thème « Bibliothèques et fab labs: Mode d’emploi des communs », les participants ont exploré la situation et l’horizon des bibliothèques en regard des [youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=UvvDthsT608″]communs numériques[/youtube] à travers les questions : Quelles ambitions communes portons-nous avec l’ouverture de ces fab labs en bibliothèques? Qu’est-ce que l’on peut faire en commun concrètement?
L’histoire des labs en bibliothèques remonte à 2010 avec l’inauguration du premier fab lab en bibliothèque à la Fayetteville Free Library (NY). Lauren Britton a contribué à initier une nouvelle vision de la bibliothèque comme lieu de créativité et surtout comme place qui soutient les capacités créatives des citoyens. Cette vision, qui renouvelle la signification de la bibliothèques tiers lieu, prolonge la conversation et le lien social à travers des activités d’apprentissage et de fabrication. Depuis, les fab labs et les makerspaces ont rapidement essaimé aux États-Unis, au Canada et en Europe.
Les bibliothèques publiques québécoises ont pris le relais en proposant d’abord des ateliers autour de l’imprimante 3D. Le medialab de la Bibliothèque Marc-Favreau a ouvert en 2013. En 2014, la bibliothèque Monique-Corriveau a hébergé un organisme qui offrait des ateliers de fabrication quelques fois par semaine. Le fab lab de la Bibliothèque de Polytechnique a entamé ses activités en 2015. Puis au mois août dernier, le BennyFab, premier espace fab lab en bibliothèque publique à Montréal a été inauguré. Dans les prochains mois, un joyeux cortège de projets vont voir le jour et qui s’inscrivent dans ce mouvement. La rumeur couvait depuis le début de l’année, il fallait la vérifier. Ils sont tous venus, les anciens comme les nouveaux, pour le confirmer : Les bibliolabs qc explosent ! Ce rassemblement aura permis de dresser un portrait vivant des projets et de la vision qu’ils portent. Scoop.
- La Créasphère de la bibliothèque Marc Favreau (Bibliothèques de Montréal) – ouverte en 2013.
- Polyfab que soutient la bibliothèque de Polytechnique – ouvert en 2015.
- Le Benny Fab de la bibliothèque Benny (Bibliothèques de Montréal) – ouvert le 1 er août 2016.
- Le Square de BAnQ/La Grande bibliothèque dont l’ouverture est prévue pour le 25 octobre prochain.
- Deux medialabs dans les Bibliothèques de Québec qui ouvriront aussi cet automne.
- Le Fab lab de la bibliothèque de Brossard – qui ouvrira cet automne.
- Le medialab de la bibliothèque de Ste-Julie – prévu pour le début de 2017.
- Le projet de « Sandbox » de la Bibliothèque Concordia – début 2017.
- Le Fab lab de la bibliothèque de Repentigny – dont la responsable avait répondu à l’invitation mais qui n’a pas pu nous rejoindre : ouverture prévue pour cet automne.
- Le Fab Lab CSMB, un réseau de (6) fab labs dans les écoles de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeois, en pleine expansion depuis 2014, cet ami des bibliothèques et complice dans la famille des fab labs éducatifs était représenté par l’exceptionel innovateur pédagotechnologique qu’est Mathieu Dubreuil-Cousineau,
Plusieurs autres projets en gestation ont été mentionnés, notamment du côté du Réseau biblio de la Montérégie, de Montréal, de Laval. C’était aussi l’occasion d’entendre toutes sortes d’histoires qui sont des récits de pionniers et de pionnières : « C’était la fois ou j’ai mis le feu à ma découpe laser » ou « Voici comment je suis devenue experte en buse… » considérant qu’avec l’audace vient le droit à l’erreur. 🙂
Monique Chartrand, directrice de Communautique et de échoFAB (premier fab lan au Québec), a présenté les grandes lignes du rapport du MCC dont la démarche a pavé la voie pour ces audaces, l’an dernier. Les recommandations issues de ce rapport viennent à point pour alimenter la réflexion et le développement en cours. IL serait intéressant d’y revenir quand le rapport sera officiellement publié.
L’après-midi a été consacré à la conversation sur les communs. Souvent évoqués dans le discours à propos des labs par l’entremise du partage des savoirs et de l’économie sociale, les communs s’installent comme un obscur objet de désir et de voeux pieux. Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce ça fait en bibliothèque ? Quelles initiatives existantes liés aux communs peut-on relayer ? Comment, pour faire écho à la conférence de Valérie Peugeot, l’acteur-bibliothèque publique est-il en relation avec les communs ? Que pourrait-on faire en commun et… comment? Josée Plamondon a présenté les exemples des ateliers de contributions du Café des savoirs libres (avec la Fondation Wikimedia Canada et Open Street Map) dans les bibliothèques ainsi que le projet du Calendrier de l’Avent du domaine public pour aider à rapprocher ces notions de l’expérience concrète de chacun.
Le moment de prototypage autour des questions « Que pourrait-on faire en commun et… comment? » a permis de faire émerger trois projets de liés à 1) un outil de collaboration et de partage professionnel à mettre en place et à expérimenter dès cet automne, éventuellement au sein du wiki de Fab Labs Québec; 2) une stratégie de développement pour rejoindre une clientèle diversifiée et 3) une stratégie d’advocacy des labs visant sensibiliser et faire tomber les résistances au changement au sein des professionnels, des structures et du politique (considérant que celles-ci ne viennent pas des publics).
À faire et à suivre !
Cette journée, qui s’est déroulée dans le cadre de la 8e édition de la Semaine québécoise de l’informatique libre, est une initiative de Montréal, ville intelligente et numérique.