Tout au long du mois de décembre, ce calendrier de l’Avent vous invite à découvrir à chaque jour un créateur ou une créatrice dont l’oeuvre s’élèvera dans le domaine public en 2018.
Dès aujourd’hui, et chaque matin, une fenêtre s’ouvrira sur des auteur.e.s, des scientifiques, des artistes dont les oeuvres entreront dans le domaine public à partir du 1er janvier 2018. Des amoureux du domaine public se retrouvent depuis trois ans pour les signaler, les célébrer et les rendre aux publics à qui ils appartiennent désormais.
Le domaine public rassemble l’ensemble des œuvres de l’esprit pour lesquelles les droits d’auteur sont expirés. Au Canada, cette expiration des droits se produit 50 ans après la mort de l’auteur.e. En vertu de ce statut, les oeuvres sont désormais librement accessibles. On peut les partager, les copier, les remixer sans demander d’autorisation ou payer des droits. Ces sont des biens communs, des trésors patrimoniaux.
La liste des entrants a été réalisée avec l’aide avisée des bibliothécaires de Bibliothèque et archives nationales du Québec (BAnQ). Il est prévu que les oeuvres des auteur.e.s québécois qui accèdent cette année au domaine public seront numérisées. Est-ce que les coupures subies récemment par BAnQ compromettront ce projet de mémoire ?
L’an dernier, le domaine public québécois et canadien avait accueilli des figures telles que Pierre Mercure, André Breton, Anna Langfus, Dantès L. Bellegarde, Suzanne Césaire, Alberto Giacometti. Cette année, la célébration débute avec une femme qui a défoncé des portes bien avant que s’ouvre pour elle, celle du calendrier de l’Avent : Geneviève Acloque.
Voici ce que Christian Aubry, qui a écrit la notule qui lui est consacrée, nous dévoile sur elle :
Née à Lyon (France) le 5 mai 1884, Geneviève Léopoldine Marcelle Aclocque, future vicomtesse de Croÿ, est la première fille de Gratien Fernand Aclocque, un ingénieur militaire et chef d’escadron d’artillerie qui décédera en 1897. Sa mère, Blanche Duchanoy, est elle-même fille d’un ingénieur en chef des Mines. Geneviève a également une sœur, Suzanne, sa cadette de deux ans.
En 1906, elle se présente au concours d’entrée à l’École nationale des chartes, une grande école française spécialisée dans la formation aux sciences auxiliaires de l’histoire. Elle se classe quatrième sur les vingt candidats reçus. Quatre ans plus tard, est la première femme française diplômée de l’École des chartes à titre d’archiviste paléographe, ce qui lui confère une certaine renommée. Elle devient en effet un symbole des nouvelles possibilités offertes aux femmes et c’est ainsi qu’on peut lire, dans le journal Le Radical du 12 novembre 1906, ceci:
« Le public qui constate qu’en dépit des difficultés accumulées devant elles les femmes… en la personne de Mlle Acloque [sic], arrivée quatrième à l’École des Chartes, sur vingt élèves admis; le public ne peut plus croire à l’infériorité du sexe féminin. Alors ! Qu’attend-on pour faire, des équivalentes des hommes, leurs égales devant la loi? »
On peut lire la suite sur le calendrier de l’Avent 2018. Les révélations se succéderont dans les prochains jours.
| Par Dessendier (Archives privées) [Public domain], via Wikimedia Commons |