Tout au long du mois de décembre, ce calendrier de l’Avent vous invite à découvrir à chaque jour un créateur ou une créatrice dont l’oeuvre s’élèvera dans le domaine public en 2018. Aujourd’hui, Gisèle Guay, bibliothécaire à l’UQAM, présente Robert Charbonneau et son oeuvre.
Discipline: littérature
Il est rassurant de constater que Robert Charbonneau n’est pas complètement tombé dans l’oubli. La preuve : le plus récent prêt, à la bibliothèque où je travaille, remonte à 2017 et c’était pour La France et nous : journal d’une querelle. Né en 1922 dans un milieu ouvrier et mort en 1967, il aura touché à tous les aspects de la carrière des lettres, et ce dans une vie relativement courte, 56 ans.
De l’homme, on retient qu’il était réservé, solitaire, tourmenté. Ne dit-il pas dans son Journal : « Je suis né angoissé ». Profondément croyant, il avait soif d’absolu comme bien des jeunes issus des collèges classiques de son époque.
L’homme de lettres marque son époque, celle des années précédant la Seconde Guerre jusqu’à la Révolution tranquille. Avec Paul Beaulieu, il fonde la Relève en 1934, qui deviendra plus tard la Nouvelle Relève. Sa mission: « jouer un rôle social en rendant pour sa part dans le monde la primauté au spirituel ». Charbonneau rallie des confrères du collège Sainte-Marie, son alma mater, dont Hector de Saint-Denys Garneau, Jean Le Moyne et Robert Élie. Revue d’influence catholique, avec Maritain et Mounier comme modèles, on y traite de littérature, d’arts, de spiritualité, de politique et de société. L’engagement est davantage spirituel et ne prône aucune appartenance à un parti politique.
En 1940, la France est occupée et les livres français sont introuvables. On voit la création de maisons d’édition québécoises qui prennent la relève en éditant et diffusant les auteurs français. C’est dans ce contexte que Claude Hurtubise et lui fondent les Éditions de l’Arbre en 1941, une aventure qui se termine en même temps que la Nouvelle Relève, en 1948. La devise de la maison : « Des œuvres de la plus haute qualité, des livres dont l’intérêt dépasse l’actualité ». Nommé directeur littéraire, Charbonneau accorde une bonne place aux auteurs d’ici, des débutants pour la plupart, tout en publiant des auteurs français contemporains et classiques. C’est aux Éditions de l’Arbre qu’Anne Hébert est publiée pour la première fois avec Les songes en équilibre. On retrouve aussi les jeunes Roger Lemelin et Yves Thériault ainsi que Rex Desmarchais et Berthelot Brunet. La fin de l’Arbre est marquée par une polémique avec des écrivains français : Charbonneau affirme l’autonomie de la littérature canadienne-française face à celle de la France, la comparant à un arbre plutôt qu’une simple branche de l’arbre qu’est la littérature française.
On peut lire la suite sur le calendrier de l’Avent 2018.