Dans une étude américaine récente, les décideurs étaient invités à se prononcer sur le rôle des bibliothèques sur leurs territoires. Parmi les rôles prioritaires identifiés, celui de forum citoyen arrivait en seconde place. Plus précisément, les gouvernements locaux s’attendaient à ce que les bibliothèques accueillent les conversations des citoyen.e.s qui concernent la communauté aussi bien que les grands enjeux de notre temps. C’est une demande qui s’inscrit dans le prolongement de leur fonction séculaire de pivot de la sphère publique en adoptant un vision actualisée des citoyen.ne.s qui participent activement et de façon créative à la vie démocratique et au développement communautaire. À ce titre, les bibliothèques deviennent des alliés potentiels du municipalisme en encourageant d’autres manières de délibérer, mais aussi d’exercer leurs compétences civiques, leur devoir et leur pouvoir de citoyen.ne.
La bibliothèque Père-Ambroise (Montréal), en accueillant l’un des premiers cafés citoyens sur le développement responsable de l’intelligence artificielle s’est faite espace pour la création de communs, tiers lieu de cocréation, plate-forme de médiation et de partage des savoirs contenus dans la communauté.
Comme le dit David Lankes, les bibliothèques d’aujourd’hui ne sont plus exclusivement à propos des livres, mais à propos du savoir et de la communauté. On pourrait appeler cette approche, le virage intentionnel. Elles sont là, selon ses termes, pour « faciliter la création de savoir dans la communauté ».
Plusieurs bibliothèques publiques au Québec, à la façon de Père-Ambroise hier, sont appelées dans les prochains mois à exemplifier cette approche en pratiquant des ateliers de codesign citoyen sur le développement de l’IA responsable. Ce sera aussi l’occasion d’explorer, plus spécifiquement pour elles à travers cette initiative portée par l’Université de Montréal, les contours à venir de leur rôle dans une monde de machines qui pensent.