BloguesMarie-Hélène Poitras

Rockjavik

Immense coup de coeur pour l'Islande que j'apprends à connaître. La dernière fois que je m'étais ainsi éprise d'un pays ou d'une ville, c'était de Prague.

Je suis arrivée hier au moment où le soleil se levait, me laissant entrevoir les champs de lave noirâtre et le givre qui les coiffait (on se serait cru sur la lune) sous une douce lumière rose-orange. Les couleurs ici, sont dédoublées. La mer du Nord est bleu nuit et vert bouteille en même temps.

Le Iceland Airwaves bat son plein. Le festival a lieu dans des petits bars, salles de spectacles et musées d'art du centre-ville de Reykjavik, tous à quelques pas les uns des autres. Ici il y a une sorte de loi qui dit qu'on croise immanquablement tous ceux qu'on souhaite apercevoir. Vu en arrivant : Dan Beockner de Wolf Parade en train de manger sa soupe aux poissons orange fluo. Plus tard dans la soirée, le batteur de la formation, Arlen Thompson, m'a confié que l'accueil avait été excellent et la salle bien remplie. Les Loups commencent à travailler sur un second disque.

Nous avons soupé avec Pat Watson et sa gang avant d'entamer la soirée. Premier concert : un trio grunge de jeunes Islandais qui chantaient avec une voix d'hélium. L'un avait une basse en forme de coeur et l'autre une guit triangulaire.

Ensuite, direction Musée d'Arts de Reykjavik pour le show de Daniel Agust. Les Go! Team avaient fait leur show la veille et c'est une de leur chanson qui joue lorsqu'on entre. C'est un bien drôle d'endroit blanc et cubique, qui ressemble un peu à une passerelle de navire. Le frontman de Gusgus a présenté un set correct qui n'a pas impressioné la mélomane montréalaise exigeante que suis.

 
Norton

Changemen de cap jusqu'au Gaukurinn où une suite de bands émergents est monté sur les planches en rafale, nous démontrant qu'il s'agit là d'une scène très éclectique, qui ne s'inscrit pas obligatoirement dans la lignée des Sigur Ros et mum. Ça a commencé avec Norton, un band électro-jazz à la Plaster et Artist of the year. Très entraînant avec un trombone bien à l'avant et des grooves contagieux.

Ensuite : Audio Improvement. Sur un fond sonore pouvant rappeler Rage Against the Machine relevé de quelques pointes de funk, un chanteur rappait des textes avec emphase.

 
Johnny Sexual

Deux Vikings (la bière locale, une dorée assez douce) et un Opal (shooter typique de l'Islande, on jurerait un mélange de syrop Bénylin et de vodka) plus tard, Johnny Sexual, un des bon moments de la soirée, a entamé un set d'électro dégourdie. Une voix à la Damon Albarn, quelques éléments sonores pigés sur un GameBoy (un peu comme notre Matt Fuzz montréalais). Je me suis plu à imaginer un show réunisssant Uberko (de Québec), les Montréalais Sexyboy et Numéro et ce duo islandais, Johnny Sexual.

Ensuite, le combo noise-pop Sometime, une descendante de Björk avec un tronche à la Marlene Dietrich, puis Ruxpin, un show de laptop ambiant par un remixer bien connu ici. Puis un groupe islandais de rock éclaté, artsy, (le nom m'a échappé) mené par un chanteur téméraire, une asperge de 6 pieds qui faisait des bonds d'un chaise chambranlante à l'autre. Ce fut le premier band de la soirée que l'on a entendu chanter en islandais, une langue qui, pour moi, sonne comme un mélange d'allemand et d'espagnol jouée à l'envers.

 
Jens Lekman

Puis, on s'est dirigé vers le National. Gros coup de coeur pour Jens Lekman, un Suédois qui remplirait très facilement la Sala Rossa à Montréal. Imaginez Tintin avec un chapeau très eighties qui joue seul avec sa petite guitare à 5 piastres (c'est lui qui me l'a dit), des airs enchanteurs qui ramènent Belle and Sebastian en tête. Très très chouette. À découvrir.

Puis le tour de notre Montréalais en cavale Pat Watson est arrivé. Lui et sa bande ont fait un excellent set, joué les nouveaux titres de Close To Paradise, que nous avons d'ailleurs vu en vitrine chez un disquaire. Le National était plein à craquer, Watson, très charismatique, a su charmer l'auditoire à qui l'on avait annoncé un chanteur dans la veine des Jeff Buckley et Antony and the Johnsons. Il rejoue ce soir comme invité spécial vers les 23h. J'y serai.

Vers les 3h du mat, le centre-ville était très agité, ça grouillait de monde sur la rue et il paraît que c'est comme ça chaque samedi soir jusqu'à 5h du matin! Un p'tit shooter de Brennivin (alcool de pommes de terre parfumé à l'angélique) pour la route et puis repos de la combattante dans sa petite chambre d'hôtel.

À la télé, une grosse baleine que l'on dépèce. Avec son canif, un marin au coeur solide vient d'en trancher une lamelle et le bouffe tout cru. C'est pourpre et ça me semble gras.

Dehors, l'air est vif et frais (environ 2 ou 3 degrés). Le matin ça réveille et la nuit ça dessaoule.

Vous ai-je dit que je prenais mon pied?