On l'annonce pour mai. Le titre de ce 9e opus est American Doll Posse. Écrit et réalisé par l'incendiaire rouquine, il contiendrait pas moins de 23 titres. On souhaite un album moins mielleux que son précédent The Beekeeper, plus fielleux et tourmenté dans la veine des Little Earthquakes, Under the Pink et Boys for Pele. Ce n'est pas gagné d'avance, mais les mélomanes et ex-fans déçus de ses derniers efforts ont bien le droit de rêver un peu, non?
En une minute vingt-cinq secondes, le coup de pied est donné ou serait-ce un pied de nez?
La généreuse (78’55 ») poupée américaine se révolte contre le roi fou, prénommé George, dont elle renie les politiques. S’ensuivront 22 cris emprisonnés entre Laurie (Anderson) et Kate (Bush) nous entraînant aux quatre coins des U$A arnaqués dans cette grande roue carrée surgissant du buisson maléfique, à moins que ce ne soit un champignon noir vénéneux issu de la frétillante «Bouncing off clouds», suivie de la tonitruante «Teenage Hustling».
La puissance de l’amour d’une femme aguichante et insatisfaite. Jugez-la, vous serez damnés; aimez-la, vous serez chouchoutés. La décision vous appartient, mais gare à vous! La prêtresse fauve vous aura prévenus plus d’une fois : ne jouez pas avec elle comme avec une Barbie, sinon qu’avec des gants de plastique. Notre belle rebelle fut jadis expulsée de Babel et sous ses diverses facettes de prédicatrice sensuelle, elle nous admoneste encore, nous gronde, nous rejette et nous menace, code rouge oblige, d’une invasion de putes affamées, obsédées par la victoire illusoire du clitoris énigmatique, nouvelle religion du corps convertit à l’esprit. Et défilent alors les néons au vitriol dans la dèche du stupre : «Fast food on the moon», «Dark side of the sun» (Floyd Pink), «For Sale» et «Fried in fat» comme autant de rêves américains.
Ne reste qu’à siphonner, en présence de grosses escortes lascives, une coke cerise, ou un cactus aux fraises, ou un soda vanille en étirant ce festin luxurieux. Devons-nous pour autant nous inquiéter du sort secret des catins disparues dans la zone interdite maculée de sang? Stérile question.
Le prochain opus n’y répondra pas et apportera son lot de préoccupations nouvelles changeant assurément de direction, car Tori Amos refusera toujours de prostituer son art au profit de l’industrie.
Vivace Tori la dure, l’inflexible, l’intraitable, l’impitoyable, la brûlante.