Déjà plus de quarante-cinq jours depuis que je me suis commis dans un premier texte au Voir. Il portait sur le sujet de l’intimidation en milieu scolaire, « Une intime idée ». Le suicide de Marjorie Raymond de Sainte-Anne-des-Monts quelques jours avant s’était avéré l’élément déclencheur de mon texte et depuis ce temps, nous sommes nombreux / nombreuses à avoir écrit sur le sujet.
Le titre de ce billet est un emprunt. Ce sont les mots d’une élève de 5e année de l’École Laflèche (secteur Grand-Mère) qu’on peut voir dans une vidéo produite sous l’initiative d’une enseignante de la même école, Eraklis Tzavellas. Son projet « Tous unis contre l’intimidation » constitue un autre de ces cris d’alarme invitant chacun à rester sensible au phénomène qui a pris une toute autre proportion avec le décès de Marjorie Raymond.
Vendredi soir dernier à la télévision, J.E. (TVA) présentait même une « émission spéciale sur l’intimidation et le harcèlement à l’école » où intervenait la ministre de l’Éducation, du loisir et du sport pour dire que des mesures allaient bientôt être annoncées. Bientôt…
La Fondation Jasmin Roy fait déjà un gros travail pour agir sur cette problématique et, dans plusieurs écoles du Québec, de plus en plus d’initiatives naissent et font en sorte qu’il est permis de croire qu’on va s’attaquer sérieusement au fléau, cette fois.
J’ai pu parler avant le congé des Fêtes à une recherchiste de l’équipe de J.E. et voici trois pistes d’action que je lui ai partagées à partir de mon expérience de directeur d’école et d’observateur en éducation :
- Dans chaque école, il devrait y avoir une ressource dédiée spécifiquement à l’intervention (préventive et consécutive) face à l’intimidation. Cette ressource devrait former et coordonner une brigade institutionnelle de pairs-aidants, dans la respect de la philosophie du professeur de l’Université de Sherbrooke, Jacques Limoge. Les jeunes ont tendance à se tourner vers leurs semblables pour demander conseil, la recherche le démontre assez clairement. D’où l’importance que certains jeunes soient formés en tant qu’aidants. On ne leur demandera pas de tout faire. Ne serait-ce que de leur apprendre comment référer… Cette ressource dédiée devrait aussi faire le pont entre la direction, les enseignants et les parents qui vivent des épisodes de doutes face à la réalité des jeunes confrontés avec l’intimidation parce que trop de parents se sentent persona non grata à l’école.
- Les interventions institutionnelles consécutives à l’intimidation devraient s’inspirer du modèle « conséquence / réparation », popularisée au Québec, entre autres, par Camil Sanfaçon. Le plus important dans la démarche étant ce qui entoure le processus de réparation…
- Dans la foulée du principe qu’on pourrait résumer par « cessons de se mettre la tête dans le sable », les C.S. devraient cesser immédiatement de mettre des filtres dans les réseaux informatiques qui bloquent les médias sociaux de l’intérieur des établissements scolaires. Le message envoyé aux jeunes quand on bloque c’est « vous êtes entre vous… y aura pas d’adulte » dans les médias sociaux; ce n’est ni le bon message, ni la bonne façon d’agir. Aussi comme parent, on devrait souvent demander à nos enfants « Comment ça va dans ta vie numérique? ». Rien de mieux que d’être présent dans la vie numérique de nos enfants, en tout respect d’une certaine intimité et vie privée qu’il est raisonnable de leur accorder…
Les solutions les plus simples sont les plus efficaces même si elles requièrent une « gymnastique » plus complexe, le résultat n’en est que meilleur. Ça fait plus de trente ans que je travaille en petite enfance et ça fait plus de dix ans que j’attends qu’on trouve des solutions en fonction des enfants et non en fonction de la morale et des préjugés de tout un chacun. Quand je vois ce qu’on a pu faire avec certains de mes extraordinaires tout-petits c’est vraiment désolant. Voilà le premier texte complètement sensé que je lis depuis le temps que je m’intéresse à la question.
L’habitude qu’il sera la plus difficile à briser sera certainement celle d’avoir ignoré systématiquement pendant tant d’années le « contexte social » d’un enfant dans le traitement chez lui d’un trouble de comportement, de personnalité, d’attention, etc…. En ne se rabattant presque toujours que sur les familles et l’enfant pour expliquer ces problèmes on n’a fait qu’encourager l’évolution et le débordement des problèmes d’intimidation et de violence à l’école. Dommage qu’il y ait des morts à déplorer et des victimes à traiter avant que le « système » ne puisse repartir du bon pied. Mais j’espère que ce sera pour très bientôt.
Merci pour vos deux derniers commentaires Mme Blaquière. Ils participent à garder le sujet « ouvert »; c’est en discutant qu’on trouvera les meilleures solutions.
Je recevais hier un courriel d’une personne qui oeuvre pour le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale et elle me rapportait l’existence de deux programmes (un pour le primaire et un autre pour le secondaire) issus de leur réseau, quelque 50 maisons membres implantées à la grandeur du Québec.
Au-delà des divergences d’opinions sur le « comment agir », il importe que nous prenions au moins conscience de la gravité de la situation.
Bonjour monsieur Asselin.
J’habite entre une école secondaire, 500 mètres à gauche et une école primaire 200 mètres à droite depuis plus de 26 ans. J’ai eu au moins un enfant au primaire pendant 26 années consécutives à partir de 1980 et au moins un enfant au secondaire pendant 24 années consécutives moins les deux années où mon fils handicapé a dû changer d’école, victime qu’il était de sévices et/ou de taquineries de toute sorte. Mon « bébé » terminera son secondaire en juin prochain. Monsieur Asselin je me demande sérieusement où sont allés la « passion » et « l’engagement » en éducation pour que les choses dégénèrent à ce point. Pourquoi un tel « enfermement » dans des pratiques qui ne fonctionnent pas? On parle d’enfants de 5 à 17 ans!
Ce que j’ai trouvé le plus difficile dans mon travail d’éducation auprès de mes enfants c’est de les sensibiliser aux problèmes d’intimidation et de violence à l’école qui se sont tellement « institutionnalisés » au fil des ans, qu’ils ne comprenaient pas que je lutte tant pour un des nôtres qui en souffrait. Ça a été plus facile finalement pour l’école de s’attaquer à une mère qu’aux « vrais » problèmes. Les conséquences furent très graves pour ma famille. Un autre aspect est cette « immunité » démesurée que l’on accorde à l’école alors qu’il n’y a aucun système d’évaluation en place. Les plaintes et les procès ce ne sont pas ce qui fait avancer les choses bien au contraire.
Un autre aspect enfin du problème, qui finit par être une conséquence grave c’est l’ « institutionalisation » des victimes » qui draine des budgets coûteux sans nécessairement le régler. C’est probablement cet aspect qui m’a le plus marquée en tant que mère. De voir mon enfant se faire traiter comme une « victime » et d’être traitée comme un bourreau parce que ça prenait bien un coupable pour supporter les « théories » de l’école. Aucune mention à son dossier sur l’intimidation malgré le marché conclu (pour qu’on s’occupe du problème d’intimidation) afin de donner mon accord à un plan d’intervention!!!
Il faut « agir », c’est vrai, la prise de conscience aurait dû se faire il y a longtemps, mais tout en ce faisant il faudra se rendre compte de nos erreurs pour ne pas les reproduire. Il y a des « responsabilités » à prendre quelque part et il faudra bien définir ce qu’elles sont et qui devra les prendre et comment on devra en rendre compte, les anciennes comme les nouvelles. Moi je serais bien d’accord pour que certaines directions démissionnent et qu’on redéfinisse la mission d’une commission scolaire ou qu’on l’abolisse. Encore une fois bravo à monsieur Roy pour cette implication gigantesque dans le bonheur de nos jeunes et tous ces jeunes qui se mobilisent et qui veulent faire une différence… et enfin toutes ces directions qui ont réellement fait une différence dans leur vie.
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