À deux ans, j’ai été diagnostiqué asthmatique.
Je ne m’en souviens bien évidemment pas, mais je me rappelle toutefois avoir été hospitalisé à de nombreuses reprises alors que j’étais encore très jeune. Les bronches complètement bloquées – avec un tout petit espace qui laissait pénétrer l’air dans mes poumons -, j’ai passé de nombreuses nuits à l’hôpital à paniquer, m’imaginant déjà dans ma tombe jusqu’à ce qu’une infirmière vienne me pluguer sur la machine qui m’alimentait en oxygène.
Malgré tout, j’étais très sportif. J’ai tout essayé. Hockey, handball, judo, soccer, football, baseball (en fait, c’était de la balle molle), natation, basketball. J’aimais surtout le basketball. J’ai même participé au Jeux de Montréal en tant que joueur et entraîneur. Il y a aussi l’athlétisme que j’aimais. Si bien que, en cinquième année, j’ai gagné une médaille lors des olympiades scolaires. C’était la médaille de bronze, mais tout de même… Toutefois, ça n’a pas été le cas chaque année. Je me souviens même que, l’année d’avant – en quatrième année -, j’avais été contraint de ne pas participer aux olympiades annuelles. Ça m’avait tué. Pas littéralement, mais presque. En effet, la veille, étant essoufflé au moindre effort, mes parents et moi nous sommes rendus à l’hôpital pour un traitement d’oxygène. Hélas, étant donné que mon état ne s’améliorait guère, le médecin avait décidé de me garder sous observation. Un autre séjour au septième étage de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont s’amorçait. J’y suis resté quelques jours, jusqu’à ce que je sois apte à marcher plus de 2 minutes sans avoir à prendre une pause.
Bref, en matière d’essoufflement, je m’y connais. Je suis même étonné qu’on ne m’ait pas contacté pour m’interroger sur le sujet. Parce qu’on en parle beaucoup ces jours-ci dans les médias, de l’essoufflement. Je parle bien évidemment de celui du mouvement étudiant.
À la veille de la reprise des cours (au lendemain pour certains), alors que plusieurs cégépiens votent en faveur d’une trêve ou d’un retour en classe, plusieurs chroniqueurs et commentateurs parlent d’essoufflement du mouvement étudiant.
Si vous voulez mon avis, certes il s’agit là d’un essoufflement. En fait, il y a bien longtemps que le mouvement s’essouffle. Comment pourrait-il en être autrement. La courbe de la loi normale est ce qu’elle est. À force de courir sans cesse, un jour ou l’autre, on s’essouffle. Prenez moi, par exemple. Aux olympiades, en cinquième année, après le 100 mètres, j’étais très essoufflé! Dès que j’ai franchi la ligne d’arrivée, j’ai sorti ma pompe de Ventolin et j’ai pris les deux puffs qui allaient me permettre de participer au 4X100 mètres en relai, et de le remporter. Mais en quatrième année, étant trop essoufflé, j’ai décidé de passer mon tour et de ne pas participer aux olympiades. Le docteur avait voté en faveur d’une trêve qui m’a permise de me soigner, de me préparer pour les olympiades de l’année suivante, et de remporter une médaille (de bronze, merci de me le rappeler).
Bref, cet essoufflement du mouvement étudiant, je le vois comme une préparation à affronter la bête qui a présentement les deux pieds dans le tas de merde qu’elle a elle-même produit.
Essoufflé ou non, j’ai toujours eu le même objectif lorsque je courais après un ballon ou contre la montre, celui de gagner – et je suis persuadé que, peu importe qu’ils soient pour ou contre un retour en classe, ils sont plus que 50 à avoir ce même objectif.
Bonne rentrée à tous (surtout aux asthmatiques – et que je n’en vois pas un me traiter de bébé lala).