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Philip Zimbardo, Tania Young et autres agitateurs

Ça s’est passé en 1971, en Californie. Le psychologue Philip Zimbardo a sélectionné 24 personnes qui allaient lui servir de cobayes pour une expérience. Les douze premiers seraient des prisonniers, et les douze autres des gardiens de prison. Les rôles ont semble-t-il été attribués au hasard.

La première journée, ça s’est plutôt bien passé. La seconde, une émeute a éclaté et, au cours des quatre jours qui ont suivi, la situation a tourné au vinaigre. En effet, bien que Zimbardo ait spécifié qu’aucune violence physique envers les prisonniers ne serait tolérée, les gardiens ont abusé de leur pouvoir à maintes reprises. Retrait des matelas, humiliation sexuelle, privation de nourriture et autres attaques à l’extincteur ont été au menu de cette expérience qui devait initialement durer trois semaines, mais qui a finalement été annulée après seulement six jours.

Ça s’est passé en 2009, en France. Christopher Nick produisait un documentaire sur une fausse émission de télévision animée par Tania Young, Zone Xtrême, au cours de laquelle des candidats envoyaient des décharges électriques à d’autres participants.

Les décharges en question n’étaient bien évidemment pas réelles et le candidat qui les recevait était un comédien mais ceux qui les administraient, eux, croyaient réellement qu’ils participaient à une émission de télévision et qu’une décharge était envoyée à l’autre participant.

Le tout était basé sur l’expérience de Milgram et cherchait à mesurer le degré d’obéissance chez les individus.

Ça s’est passé en 2012, à Montréal. Chaque soir, des étudiants marchaient dans les rues afin de protester contre la hausse des droits de scolarité imposée par le gouvernement Charest. Certains soirs, lorsque la situation dégénérait – ou pas -, des policiers chargeaient la foule et aspergeaient cette dernière de gaz irritant avant d’effectuer une série d’arrestations au cours de laquelle les « malfrats » étaient menottés à l’aide de tie-wrap, et installés dans des autobus pendant plusieurs heures. On dit même que certains ont été contraints d’uriner dans leurs pantalons puisque les policiers ne voulaient pas les laisser aller au petit coin.

Ces trois événements, bien que très différents, ont néanmoins certaines choses en commun. Par exemple, dans tous les cas, il y avait confrontation entre deux clans. Aussi, on ne peut nier que, à la fois en Californie, en France et à Montréal, l’autorité encourageait la violence. En 1971, bien que le docteur Zimbardo ait spécifié qu’il était interdit de faire acte de violence physique envers les prisonniers, il n’est intervenu qu’à de très rares reprises et laissait plus souvent qu’autrement les gardiens de prison harceler les prisonniers. Qui ne dit mot consent. En France, l’animatrice de l’émission invitait quant à elle les gens à lancer des décharges électriques aux autres candidats. Maintenant, qu’en est-il de Montréal?

Est-ce que le matricule 728 aurait poivré les manifestants comme elle l’a fait au printemps dernier si le gouvernement en place avait dénoncé l’abus de pouvoir de certains policiers? Après l’arrestation du 2 octobre, aurait-elle traité aussi ouvertement Rudy Orchietti et ses amis d' »ostie de carrés rouges », de « mangeux de marde » et de « de criss d’artistes » si ses collègues ne pensaient pas comme elle? Est-elle vraiment une pomme pourrie?

J’en doute.

Du moins, si le matricule 728 est une pomme pourrie, je ne crois pas qu’elle soit la seule. Je crois au contraire que le mutisme du gouvernement et du SPVM qui voyaient très bien le ver pénétrer dans le panier y est pour quelque chose. Idem pour les autres bozos qui vomissent des « analyses » de 200 mots en moins de temps que ça peut prendre à ma grand-mère pour engloutir une boîte de After Eight. Pensons à Stéphane Gendron qui traitait les manifestants de « bande d’esties de puants sales ». Pensons à Jacques Villeneuve qui en a rajouté en demandant aux étudiants d’«arrêter de faire les fainéants».

Au même titre que Philip Zimbardo et Tania Young, nombre de commentateurs, politiciens et autres policiers sont responsable des actes de la matricule 728 et ses amis.

Comme le disait Rima Elkouri dans sa chronique du 15 octobre, la crise étudiante a rendu légitimes des propos injurieux à l’égard du mouvement étudiant et des gens qui les appuient. On a vu des policiers matraquer des étudiants et des professeurs dans des manifestations pacifiques. Loin de s’en offusquer, bien des gens ont applaudi, même après des interventions policières très violentes. Le gouvernement Charest n’a jamais dénoncé ni même remis en question ces interventions, comme si c’était finalement normal de taper sur les étudiants.