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Le septième art ou l’art de divertir

Dans une récente chronique, Marc Cassivi écrivait que, selon lui, même si certains critiques annoncent la mort imminente du cinéma tel qu’on le connaît, il n’en est rien. Le cercueil est vide, écrivait-il.

D’abord, afin que vous ne me prêtiez pas de mauvaises intentions, je dois dire que je considère mois aussi qu’il se fait de très beaux et de très bons films encore aujourd’hui.

Mais comme le dit le chroniqueur de La Presse, il n’existe pas aujourd’hui de courant cinématographique aussi fort que pouvait l’être la nouvelle vague française ou le néoréalisme italien, par exemple.

En effet, de mémoire, le dernier courant à avoir eu le même type d’impact sur l’industrie du cinéma (mais à plus petite échelle), c’était le Dogma 95 qui fut notamment créé par Lars Von Trier dans les années 90.

Jadis, les cinéastes travaillaient de pair pour faire évoluer le septième art et en faire un carrefour de questionnement social. Aujourd’hui, ils se servent certes de leur art pour dénoncer des injustices spécifiques ou des mauvaises pratiques, mais d’aucune manière on nous propose des initiatives collectives qui permettraient du même coup d’ajouter une valeur historique au cinéma contemporain.

Pensons aux réalisateurs issus du néoréalisme italien qui, pour dénoncer les films de la période des téléphones blancs qui ne reflétaient aucunement la réalité, nous ont donné des œuvres très dures qui montraient des situations que nous n’avions pas l’habitude de voir au cinéma; et le tout d’une manière très réaliste, en engageant notamment des acteurs non-professionnels.

C’est peut-être ce qui manque au cinéma contemporain, soit l’élaboration de codes ou de techniques qui ajouteraient une valeur historique aux films d’aujourd’hui tout en dénonçant certaines mauvaises pratiques ou autres enjeux sociaux. Or, ce sont plutôt les technologies qui révolutionnent le cinéma de nos jours. En effet, les studios nous proposent des versions 3D dans des salles IMAX ou ultra-AVX avec des bancs qui bougent et des parfums qui sentent bon la fraise (odorama).

Je le répète, il se fait encore de très bons films, mais on ne peut nier que, de plus en plus, le cinéma bifurque vers le divertissement, si bien que, dans certains cas, on peut pratiquement parler d’oeuvres multimédia unidirectionnellement interactives.

Ceci dit, je ne suis pas en train de jeter le blâme sur les majors de l’industrie du cinéma ni de les accuser de tuer le cinéma tel qu’on le connaît; même que, au contraire, peut-être qu’un jour nous les remercierons d’avoir sauvé l’industrie et ses artisans qui doivent à leur tour faire face au piratage. En effet, toutes ces valeurs ajoutées incitent les gens à continuer de fréquenter les mégaplex dans lesquels on peut toujours voir quelques films d’auteur; ce qui ne serait peut-être pas le cas si l’industrie cinématographique avait fait comme celle de la musique, soit absolument rien sinon poursuivre les internautes qui téléchargent des fichiers via les applications P2P.

N’empêche que je considère un peu dommage que, lorsque je me rends au cinéma, j’ai davantage l’impression d’aller dans un parc d’attraction.

Et si je ne crains pas la mort du cinéma, je dois quand même avouer que je m’ennuie d’une certaine époque où un exercice de style cinématographique consistait à briser collectivement des codes établis afin dénoncer une tendance qui laisse à désirer.