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Affreux, sales et méchants, au Voir

Je l’ai trouvé plutôt difficile à avaler la chronique Ne plus voir clair que Marc Cassivi a publiée dans La Presse du 11 juin dernier.

Grosso modo, il accusait le Voir de  mélanger pernicieusement, dans son édition du 6 juin dernier, le contenu rédactionnel et la publicité.

« Le dernier numéro de l’hebdomadaire, consacré à «L’été culturel», est l’un des exemples les plus navrants d’intégration de contenu publicitaire qu’il m’ait été donné de voir en 20 ans de carrière, écrit-il. Dans une mise en page pratiquement identique, le numéro alterne entre des reportages rédigés par des journalistes et des reportages publicitaires.

Le comble de l’ironie, c’est que les publireportages de l’Équipe Spectra, identifiés de manière on ne peut plus discrète comme du «contenu promotionnel», ont été rédigés par Laurent Saulnier, un ancien journaliste emblématique de Voir. On aurait voulu leurrer le lecteur (ce dont se défend le rédacteur en chef, Simon Jodoin) qu’on ne s’y serait pas pris autrement».

En effet, dans le numéro du 6 juin qui portait sur les événements culturels de l’été, en plus des textes de mes collègues de la rédaction, des institutions culturelles signaient des « publireportages » et informaient les lecteurs de ce qu’ils leur réservaient pour la saison estivale. Par exemple, Laurent Saulnier nous parlait de l’ambiance des FrancoFolies et des découvertes qu’il  fait quotidiennement en participant à la programmation du Festival International de Jazz; le Festival d’été de Québec traitait du retour dans la Capitale nationale de Paul McCartney; l’OSM survolait sa programmation estivale; etc. Bref, on ne parle pas ici d’un journaliste qui écrit un article sur le dernier modèle de Cadillac en échange de 3 années de location ou de plusieurs voyages dans les salons de l’auto de Paris, Shanghai ou autres… On parle d’institutions culturelles qui s’adressent au public dans un contexte visuellement différent.

Selon Marc Cassivi, «non seulement les médias doivent-ils identifier clairement les textes publicitaires, mais ils doivent les présenter dans une forme qui les distingue de façon manifeste, par leur mise en page, des autres textes, précise le code de déontologie du Conseil de presse du Québec. C’est une question de respect du lecteur, qui a le droit de savoir clairement, sans faux-fuyants, que ce qu’on lui offre à lire a ou n’a pas été commandité».

Je comprends bien le point – et je suis d’accord – mais, puisque les articles en question arboraient nombre de photos en couleur – ce que vous ne verrez pas souvent dans le Voir – et qu’ils étaient accompagnés de la mention «Contenu promotionnel» en entête, en tout respect pour l’individu, ce serait de prendre les lecteurs pour des plantes vertes que de supposer qu’ils n’ont pas compris qu’il s’agissait ici d’intégrations de contenu.

Mais bon. Ce n’est pas mon « rôle » d’aller au front afin de défendre le journal pour lequel je travaille depuis de nombreuses années aux côtés de mes quelque 70 collègues – tous payés grâce à la publicité, doit-on le rappeler. Simon «Boss» Jodoin s’en charge déjà très bien. Toutefois, puisque je mets énormément de « coeur à l’ouvrage », je dois avouer que des chroniques assassines comme celle de M. Cassivi m’affectent particulièrement. Je pourrais même dire qu’elles m’ébranlent, voire me mettent en colère. Surtout lorsque je sais que l’arroseur pourrait lui-même être arrosé. Et encore plus lorsque je constate que le journal pour lequel il bosse fait pratiquement la même chose…

Comme dans cet article de Nathalie Collard qui célèbre l’anniversaire du magazine Urbania alors que ce même magazine bénéficie d’une intégration de contenu sur le site Web de La Presse, tout en prenant bien soin d’écorcher au passage – deux fois plutôt qu’une – le Voir qui n’a pas, quant à lui, bénéficié d’une quelconque couverture alors qu’il soufflait 25 chandelles l’année dernière.

[…]

Doit-on par ailleurs comprendre que la seule façon de survivre à la crise dans l’industrie des médias est de concevoir une application iPad comme le fait La Presse et que tout le reste n’est que de la bouillie pour les chats?

Je ne voudrais pas participer à une gué-guerre par média interposé ici, mais j’aimerais vraiment comprendre en quoi le Voir est plus affreux/sale/méchant/capitaliste/«plus ce qu’il était»/diabolique/pernicieux  que tous les autres.