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Hommage au Renaud-Cyr

Il est rare qu'en ville on ait l'occasion de manger à côté de la personne qui a mis les mains dans la terre pour cueillir les petits légumes croquants qui enchantent nos papilles ou en face de l'éleveur qui a nourri et pris soin du cerf dont on savoure la tendre côte déposée dans notre assiette.

C'est ce que nous proposait Normand Laprise mardi soir au Toqué avec un menu hommage au prix Renaud-Cyr orchestré dans le cadre du Festival Montréal en Lumière et mettant à l'honneur des produits des finalistes des années précédentes. Crée en 1998, ce prix qui souligne le travail combiné des chefs et des producteurs du Québec pour améliorer la qualité des produits de notre terroir doit son nom et sa vocation au regretté chef propriétaire du Manoir des Érables à Montmagny, Renaud Cyr, qui dès les années 1970 s'était fait le champion défenseur des produits locaux et du terroir québécois. « C'est grâce à lui que les chefs ont arrêtés de chialer contre la mauvaise qualité des produits d'ici. Ils sont allés dans les fermes, dans les champs, rencontrer les producteurs pour créer avec eux des produits de qualité » affirme Normand Laprise qui met quotidiennement en pratique la philosophie du prix Renaud-Cyr dans son restaurant.

Hier soir avec son chef de cuisine Charles-Antoine Crète, il déclinait dans les assiettes son hommage au foie gras de Mme Fleury de chez Palmex à Carignan, aux légumes, graines et petites herbes de Calendula poussées à Dunham dans le jardin de l'étonnante horticultrice autodidacte Diane Duquet, au cerf de Boileau produit par Denis Ferrer en Outaouais, au fromage de chèvre Cap Rond de la ferme Tourrilli près de Québec à St-Raymond de Portneuf et à mille et une baies (sureau du Verger du Sureau de Jacinthe Desmarais et Sylvain Mercier en Montérégie ou argousier produit à Dunham par M. et Mme Gagnon).

Ce repas restera longtemps dans ma mémoire : non seulement grâce à la finesse des mets préparés mais aussi grâce aux personnes avec qui j'ai pu partager ce merveilleux souper. Assise à la même table que les chef Richard Bastien de Leméac et Anne Desjardins de l'Eau à la Bouche, j'ai pu apprécier en direct la qualité de leurs échanges avec les producteurs qui se sont succédés à notre table et entendre tout ces merveilleux artisans de notre terroir et de notre gastronomie parler avec passion de leur métier et de la terre d'ici.