Ma gracieuse ville qui m’donne un show. Moriarty en plus, on rit pu. Sérieusement, christie de belle initiative de Gatineau qui a décidé de nous offrir à nous, ses humbles citoyens, quelques beaux p’tits pestacles gratos. En plus de celui-là, il va y avoir, dans le cadre de leurs mercredis découvertes, la chaude voix de Patricia Cano le 26 mars et les taquines ritournelles des 3 gars su’l sofa le 30 avril..quand même.
Mais un show assis, à la salle Jean-Desprez, ça reste quand même ce que c’est, c’est-à-dire, beaucoup de touffes incolores qui avaient vraiment pas l’air d’avoir trop d’fun. Peut-être qui en ont eu, mais en tous cas, ils l’avaient pas dit à leur face. Bon, on pourrait chiâler d’même encore longtemps, comme en disant qu’on était gêné de taper des mains tellement c’était mort, mais bon, on va arrêter ça là parce que le show, lui, y’était délicieux.
Moriarty c’est une bande de français, plusieurs d’origine américaine, qui traînent avec eux le bagage de leur descendance. Ils jouent du bluegrass, du country à l’ancienne qui tantôt sonne le swing western et tantôt quelque chose de plus fond de saloon emboucané.
Ils ont monté Fugitives, leur dernier album sorti il y a quelques semaines à peine, en mettant bout à bout des légendes du sud des États-Unis, comme Mississipi John Hurt et Hank Williams, dans le répertoire desquels ils avaient originalement été pigés pour présenter une expo sur Dylan à Paris. Des histoires d’adultère tragique, de bandits de grands chemins et d’esclaves qui courent pour leur vie. Et ils sonnent profond, le bayou, les champs de coton. Une diligence qui s’éloigne dans un nuage de sable.
Sur scène, il y a Stephan, Vincent et Arthur, qui s’échangent guitares et contrebasse, et Thomas, maniant ses harmonicas et sa guimbarde comme des revolvers.
Pas de percus pour la tournée québécoise. C’est Vincent qui s’en charge habituellement mais, étant donné que Charles, le joueur de Dobro, n’a pas fait la traversée, il s’est mis à la guitare et à la contrebasse et c’est Arthur qui alterne entre sa propre guitare et le Dobro, qu’il se permet même de faire pleurer en lui caressant les résonateurs à l’archet. Je sais c’est mêlant mais, sur scène c’est comme ça, les instruments sont posés là et chacun semble se servir à sa guise.
Ils sont là, ils sont bons, mais tous les yeux sont sur la belle. Rosemary a une voix sublime. Celle d’une gente damoiselle, fragile, mélancolique mais aussi celle d’une battante, forte le visage au vent. La femme d’un autre temps. La robe de dentelle tachée de boue. Elle chante son blues, son vieux folk cajun qui goûte la poussière. Un rayon du soleil bas qui fait plisser les yeux.
Et on a tapé du pied comme un vieillard sur sa galerie de planches ou un mineur enivré, la nuit autour d’un feu de broussaille.
En sortant, j’aurais eu envie de longer le chemin de fer et de m’accrocher au prochain convoi pour traverser l’Amérique comme le héros de Kerouac qui a donné son nom au groupe. Mais c’est mercredi et le boulot m’attend. Ce sera pour une prochaine fois.
En attendant, le groupe sera à à Sainte-Anne-des-Monts le 7 mars et à New Richmond le 8. Allez.