J’écris ces lignes les idées encore légèrement égarées dans les vapeurs de la folie que fut ce week-end. La gorge en feu, les oreilles qui bourdonnent. Comment pourrai-je arriver à faire resurgir dans mon crâne les flashs de tous ces instants de dérape, de tous ces visages distordus..est-ce même possible. Je me racle la luette, j’angoisse. Fuck. De toute façon je n’ai plus le choix..ils m’ont envoyé là pour une raison, leur rapporter des mots. Les voilà.
Je ne croyais plus y arriver. L’attente était insupportable, ma jeep brûlante, tout liquide à bord, desséché depuis longtemps. Pris sur une route de campagne au milieu d’une ligne de véhicules immobiles qui s’étirait à l’horizon de devant et derrière. Je ne pensais qu’à cette immense glacière qui gisait lentement dans le coffre, à ces petites cannettes argentées flottant dans les glaçons jusqu’au goulot. Le claquement de ma langue pâteuse contre mon palais, la torture la plus atroce.
En tournant enfin dans la cour et en voyant leurs jolis visages pleins de sourire, je me suis rappelé ce que c’était, ce que ce serait. Débarque, caresse, high five..la première a coulé toute entière dans ma gorge avec la fraîcheur d’une brise d’été..j’y étais.
Après avoir salué bien bas tous ces p’tits charmants qui m’accueillaient et m’être garni l’œsophage de tout ce qu’il fallait, j’y allai. Je devais partir. Première direction, et celle-là avait le mérite d’être claire : Le grandiose Château Montebellisimo.
Quelques pas. La route fourmillait déjà de personnages tatoués, teindus, percés..des amateurs de rock n’roll par milliers. Rassemblés sous le soleil de la Petite-Nation pour ce qui est devenu avec les années le plus gros festival du genre au pays. L’an dernier on parlait de 160,000 têtes, cette année on en attend plus de 200,000. Deux jours par an, la jolie bourgade gonfle et gonfle à en éclater, débordant de tous ces punks et ces métalleux des quatre coins de la planète qui se répandent dans chaque orifice de son territoire et en pervertissent l’âme. J’en croise qui cherchent à me faire peur et y arrivent presque, d’autres qui me fascinent par la complexité de l’œuvre d’art que leur corps est devenu. Cette foule me nourrit, me stimule, me provoque. Je l’adore.
Puis en tournant le coin, je pénètre entre les immenses piliers de bois massifs et m’enfonce dans un coquet sentier boisé. Le Château, la plus grande construction en bois rond sur Terre. Un ilôt de quiétude pour les plus blairés de ce monde. Les petits oiseaux, les écureuils qui grignotent et dans mon dos, le puissant son de la bass qui fait vibrer le feuillage jusqu’ici, à presque 2 km du site. En longeant la piscine, je regarde tous ces vieux corps orange, luisants. Une vision d’horreur à laquelle je ne m’attendais pas. Les quelques canettes qui pendent au bout de mes doigts ne font pas bonne impression. Ils me méprisent. Ah ! Arrière ! Je fuis.
Le sentier de nouveau, puis la petite tente médias. Bien assise à l’intérieur, une jolie vieille dame, souriante, aimable. C’est la grand-mère du fondateur Alex Martel qui m’enfile le petit bracelet rouge en me racontant comment l’homme était bon, un enfant admirable, protecteur avec ses petits doigts, ses petits bras. Je l’écoute, attendrie, mais sous mes yeux, son visage usé commence déjà à se déformer. J’ai un peu honte d’être à ce point affecté devant une femme d’une telle candeur. Je sais qu’elle le sait. Un ponton vous attend à la marina mon cher monsieur. Merciiii…Je fuis.
Arrivée sur le site par derrière la grande scène, contraste frappant avec les heures passées à suer sur mes congénères dans la monstrueuse file d’attente qui nous accueillait l’an dernier. Bon. Quelle heure il est. Ok. Direction : Guttermouth.
Le band de skate-punk californien est relégué à une des deux scènes secondaires à l’autre bout. La prestation est solide, rentre-dedans, et irrévérencieuse à souhait comme on pouvait s’y attendre, même si leur chanteur Mark Adkins a pris la sage décision de garder sa graine dans ses pantalons cette fois. J’imagine que de se voir banni du pays pendant 1 an et demi après s’être foutu à poil sur une scène de Saskatoon lui aura fait changer ses habitudes.
Je n’ai plus l’habitude d’aller trasher comme on dit, de me balancer dans le moshpit coudes et genoux levés pour danser avec les plus excités d’entre eux, mais lorsqu’ils ont poussé leur classique ritournelle sur Lucky, l’âne mexicain qui se gâte avec la maman d’Adkins, j’ai senti l’appel et j’ai foncé, sauté, frappé, rebondi et ce fut le début d’une interminable série de spectacles au cœur de laquelle la violence se ferait mère de tous les plaisirs. Je le savais désormais.
Pas l’temps pour le rappel, je m’extirpe et je file. Direction : Dance Laury Dance. Le poilu et suant groupe métal de Québec qui jouait sur une belle grosse scène. Leur show était tout ce qu’il y a de plus rock-fêtard dans les veines. Du gros rock sale, des bedaines, des tetons et des tounes hard, oui, mais un brin racoleuses et stickées en esti sur le mood groupie-lover. En somme: bon show, du charisme, de l’énergie, dans la lignée des groupes de power metal des années 80, avec moins de dentelle pis plus de crasse autour du col.
Je me retourne. Autour de moi, la foule qui gonfle et se compacte encore. La soirée s’annonce psychotique. L’autre côté de cette mer humaine qui déferle, l’auberge se dresse. Je m’y réfugie. Le hall des médias, c’est une première pour moi, les fromages, la bière dans la glace..quel endroit merveilleux. Je vais repasser. Dans la file pour la (vraie) toilette (contraste frappant avec les cônes de merde qui dépassaient de la cuvette des toilettes chimiques l’an dernier), je rencontre le claviériste non-officiel des Planet Smashers qui m’raconte comment les gars sont crinqués de jouer tout à l’heure devant tout ce beau monde. Ça risque d’être tout un party qui dit. All right ! Il n’en fallait pas plus. J’te vois taleur su l’stage buddy !
Et c’est reparti. Une cannette dans chaque main, les poches pleines de fromages, je descends l’aller comme un perdu. J’ai l’temps d’attraper la fin du set de MXPX. Le groupe d’emo-punk de Seattle est fidèle à lui-même, des hymnes adolescents bien sentis, le set est bien rodé, la foule ravie. Des souvenirs de secondaire 1 remontent à ma mémoire, cette belle brune assise à côté de mon pupitre, un poing sur la gueule dans l’allée des casiers. Nostalgie pré-puberte.
Bon, c’est l’temps ! On se r’joint à Planet Smashers ! Autre amélioration notoire : la tour wi-fi hyper-efficace permet de retracer ses congénères préférés en quelques txts. Yeah !! High five multiples ! Le party commence pour vrai. Les gars sont en feu ! Ils ont offert à la foule désormais gigantesque, une prestation ska hyper-vitaminée. Quel spectacle ! Sous le soleil, le trombone, le sax, la foule qui skank joyeusement de la scène jusqu’à la tente de son. Les sourires fendus bien haut. Les musiciens montréalais ont un plaisir fou et ça se sent. Dose de bonheur.
Puis : 1ère pièce de résistance du week-end : NOFX baby ! Les gars avaient laissé courir la rumeur qu’ils se taperaient leur classique Punk in Drublic du début à la fin pour en fêter le 20eme. Ce ne fut pas l’cas, mais, qu’à cela n’tienne ! Leur show était juste parfait. Rapide, tranchant, plogué sur le 220. On ne sait jamais à quoi s’attendre de l’icône punk Fat Mike. On est tombé sur une bonne journée. Grosses lunettes en cœur, le mohawk rouge bien pointé, il a enligné les pièces explosives du band une après l’autre, ses pots survoltés de chaque côté qui sautaient en l’air à chaque breakdown, Montebello a viré cinglé. Le moshpit était brutal, dans le sable à kicker, à hurler. Les verres qui éclatent en s’écrasant sur l’épaule du voisin. En en ressortant j’avais certainement un quart de pouce de sable collé dans le palais. Mais, wow ! Première rencontre interposée avec un mythe, splendide.
Sur mon petit horaire déjà tout humide et à moitié déchiré, c’est l’heure de la pause. Je retourne au campement un peu endolori déjà. Je dois refaire le plein de toutes ces petites substances merveilleuses et clairement me taper une légère saucette et pt’être une pomme. On décolle. A tantôt.
Suite à venir sous très peu…
« je regarde tous ces vieux corps orange, luisants. Une vision d’horreur à laquelle je ne m’attendais pas. »
Pourquoi insulter ces gens ? C’est pas nécessaire….
Bonjour Max Clark,
Ton blog est très rocky! J’aime ça.
J’ai l’impression de te suivre pas à pas dans cette galère de spectacles rock.
J’ai hâte de te lire à nouveau.
NicoLa
Merci Nicole! Je suis heureux de voir que tu aimes! Il faudra que tu m’accompagnes la prochaine fois!…:)