BloguesMax Clark

AMNESIA ROCKFEST 2014 @ Montebello – Dans le ventre du dragon..deuxième partie

crowd
Crédit photo: Valérie Ménard

Le soleil qui baisse tranquillement sur l’horizon. Les pieds dans l’herbe tendre, j’inhale en  nettoyant doucement le sang séché agglutiné dans le poil de mon mollet. Cette baignade fut une bénédiction. Je me sens frais, prêt à plonger dans cette soirée de malade qui nous attend. Provisions, équipement, les lacets bien serrés. On repart.

Le village grouille. Les notes des musiciens improvisés et des stéréos de fortune se mélangent aux hurlements, aux chants d’ivrogne. Au passage, un vieil homme aux longues dreads grises et mauves m’offre un verre de plastique fumant..j’hésite un peu, mais la vision enchanteresse du Chef Boyardee généreusement garni de rondelles de saucisses ne tarde pas à dissiper mes doutes salubres. Un petit délice comme celui-là, offert sur le bord d’une roulotte, sans un mot. Je suis choyé.

Les rues sont en vie, les filées de personnages hétéroclites s’entrecroisent dans tous les sens. On sent l’énergie des fêtards encore tout pimpants, prêts pour un party dont on n’aperçoit pas la fin. A la gate, la ligne est longue, mais ça avance bien, on sera sur place à temps pour les géants du Heavy Metal que sont Megadeth.

10. Megadeth-2
Crédit photo: Mihaela Petrescu

La foule est monstrueuse, dense, elle ronronne. En gros, la gang à Dave Mustaine donne un bon show, mais on dirait que leur moyenne d’âge se fait sentir un brin. Ça sonne bien, mais l’énergie n’y est pas et la foule suit le même beat. Les têtes se balancent lentement, les poings en l’air s’agitent sans trop de conviction, rien pour écrire à sa mère. Il y a bien eu quelques éclats quand ils nous ont poussé leur puissante Symphony of Destruction et que leur iconique mascotte Vic Rattlehead s’est pointé (en chair et) en os…mais sans plus. Quand le high light d’un show c’est une mascotte, ça en dit long.

Au programme, il était prévu que nous assistions ensuite à une des réunions les plus surprenantes du festival qui, au fil des ans, a fait de ce genre de retour, son créneau. En effet, trois des cinq musiciens du célébrissime groupe québécois Simple Plan avaient annoncé que le temps d’une soirée, ils feraient une prestation de leur premier band, Reset après plus de 15 ans. Encore une brise de mélancolie, mon premier show punk, à la Roulathèque (ça sonne vieux en prêtre ça!). J’avais quand même hâte. Quand ils ont commencé de leur côté, la foule entière s’est retourné et a fait quelques pas dans leur direction, mais c’est exactement ce moment que Megadeth a choisi pour entamer son rappel. Les deux se chevauchant, on a senti la foule hésitante, un peu étourdie, puis, elle a décidé de rester en place, de finir ce qu’elle avait commencé. Pendant ce temps, on pouvait entendre Pierre, Chuck, Dave et Phil qui jouaient déjà dans leur coin les quelques succès pour lesquels on aurait voulu les revoir. C’était fait, ça ne valait plus la peine de traverser, valait mieux en profiter pour se rapprocher de la scène principal en prévision de Weezer qui s’en venait. Dommage pour eux, mais pour nous, ce fut vite oublié.

Weezer
Crédit photo: Valérie Ménard

La prestation de Weezer était solide, avec la ribambelle interminable de succès qu’ils avaient à nous offrir. La foule qui se dandine, chante en chœur, mais encore une fois, les musiciens semblaient être plogués sur le pilote automatique. Si j’avais eu un mot à dire pour décrire l’attitude de leur leader Rivers Cuomo, ça aurait probablement été: blasé. Il a avait l’air de ce qu’il est j’imagine, une star de L.A., désabusée, qui en a vu d’autres, qui passe et qui repart. Encore, je sentais la crowd suivre son rythme, tout en mollesse. De la joie, des pétards, mais, de toute évidence, on était prêt pour davantage.

Peut-être était-ce moi aussi..qui, dans le ressac d’un trip géré sur le long terme, avait frappé une période d’engourdissement émotif qui me faisait percevoir tout ce beau monde sur le ramolli. Peut-être tout cela était-il de ma faute..je devais remédier à la situation..le fond du verre. Sorcière! Dressée sur ton trône plastifié, laisse couler ce brun liquide dans ce gargoton jusqu’à sa lie. Ça ne pouvait qu’aller mieux.

Aaaaah..Ok, regard à droite, L’Académie du massacre qui commence, cet improbable agencement du chansonnier trash Mononc’ Serge et des as métalleux hispano-montréalais Anonymus. Encore une fois, leur cue était trop hâtif et Weezer leur enligne son rappel dessus. La confusion de nouveau. Dans un élan de sagesse, et il faut dire que la même chose était arrivé à Mononc’ l’an dernier alors qu’il était programmé pour suivre la prestation de Rise Against, le band a décidé de se taire, de patienter et de repartir du bon pied. Bon choix.

crowd-2
Crédit photo: Valérie Ménard

Les gars d’Anonymus sont les musiciens métal québécois les plus drettes que j’ai eu la chance d’entendre. Je les suis depuis près de 15 ans maintenant et ils sont toujours aussi solides, serrés, brûlants d’une passion pour leur musique tellement puissante qu’elle nous en chauffe le visage comme un grand feu de joie. Mononc’ était correct. Le gars a du talent dans son genre, parolier grossier, habile écrivain qui établit son point sans détour, le poing sur la table qui fait voler la grosse 50. Mais, on le sentait aigri, s’en prenant aux autres formations, flattant avec un peu trop d’ardeur la couenne nationaliste, qui mélangée à de la brutalité verbale et à quelques propos simili-racistes complètement déplacés, ont créé le malaise plus que le plaisir.

OK. Sans aucune hésitation : Fuck le rappel! On s’garoche en avant pour le show de Blink-182, icône pop-punk californien, qu’on attendait depuis longtemps. Et, c’est simple, leur show fut complètement débile. Trois bombes d’énergie. On les sentait heureux de jouer ensemble, on l’était aussi. Par moment, le moshpit (plutôt doux mais tellement confortable) s’élargissait autour de moi à perte de vue. Les succès s’enlignaient un après l’autre au rythme d’un Travis Barker complètement hallucinant, une bête.

14. Blink - 182-1
Crédit photo: Mihaela Petrescu

En rappel : la délicieuse Carousel de leur premier album Cheshire Cat, pour lequel je les avais vu dans un gymnase d’école primaire à Desbiens (les temps changent…), l’hymne adolescent Dammit pendant laquelle tout a explosé et enfin, la foule qui scande les insanités de leur Family Reunion jusqu’à ce que la lumière s’éteigne. Succulent.

Wooo…mon poulx qui reprend tranquillement son rythme pendant que les hordes de punks quittent le terrain. Je regrette encore de ne pas avoir traversé voir les légendes que sont Suicidal Tendencies, mais sérieux, j’était brûlé et l’appel de ces verres qui s’entrechoquaient, de ces débordants sachets, de ces belles moustaches humides et jolies nymphes tatouées fut trop fort en cette heure déjà tardive de la nuit. Je plongeai. On se reverra au petit matin!

Suite à venir sous très peu…

14. Blink - 182-5
Crédit photo: Mihaela Petrescu