BloguesMax Clark

The Cat Empire @ le Métropolis – Faire rire les oiseaux

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Crédit photo: Véronique Ethier

Jolie petite soirée printannière qui se dessine et la Catherine qui a le sourire en coin. Les croûtes glacées qui, il y a de cela quelques lunes à peine paraissaient de pierre, ne sont plus que gravas et concassé humide. Le fouet du vent se fait désormais caresse. Et oui, on dirait bien que ça y est. La grisaille de cet hiver interminable semble enfin avoir lâchée le morceau. Et juste comme si on ne l’avait pas déjà vécu année après année depuis qu’on a mis les pieds dans ce monde, chacun s’emporte encore une fois de plus, dans son espoir récompensé d’une vie qui s’en retournera au dehors.

Ensemble, on a donc décidé de se rassembler, de s’enlacer, de s’embrasser pour célébrer en choeur la fin d’un énième hiver qui, on se l’avouera, ne nous a vraiment pas manqué. Et ce soir, le théâtre de notre envol sera celui des mariachis globe-trotters de The Cat Empire. Leur ska, salsa latina, sera la parfaite bande-son pour achever de dégourdir ces corps ankylosés.

En y mettant le pied, on a tout de suite senti l’excitation de la masse, sa chaleur. La coquine se dandinait déjà sans gêne. Croyez-moi, il ne lui en faudra que très peu ce soir pour se déclencher la machine à houler. Il est clair que ceux parmi elle qui en ont déjà fait l’expérience ne l’ont pas oublié, une nuit avec cette bande de félins c’est un aller-simple para la fiesta, amigo. Une nuit de carnaval en spirale, les pieds dans le sable sous les flambeaux étincelants. C’est en plein ce dont avaient besoin nos petits orteils.

Et pour l’occasion, ils avaient invités avec eux les Victoriens de Current Swell. Une gang de buddys, amoureux fous de leurs guitares, qui se la déclinent à toutes les sauces, dans un folk-rock plutôt upbeat pas vilain du tout. On a même pu sentir l’air tiède et doux de la westcoast à travers leurs tournures smooth reggae nonchalante. Jam session improvisée dans le coucher de soleil. Pas vilain du tout, je vous dis.

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Crédit photo: Véronique Ethier

Et puis là, ce fut leur tour et sans se faire prier plus longtemps, ils ont bondi sur scène comme de véritables fauves. Contrebasse, trombones et trompette. Djembés en pétards. C’était parti mon kiki. Comme prévu, la foule hurlante n’a pas pris trois notes à s’enflammer et elle n’a jamais ralenti. Partout les bras vers le ciel, jusque dans les tréfonds de cette salle immense et ce n’était pas pour se brandir le portable, seulement pour se les balancer, comme avant, simplement, pour onduler ensemble comme si tous les lendemains de ce monde venaient de s’éteindre. C’était beau. Ça sentait fort l’herbe et la sueur dégoulinante. Ça sentait l’été.

Il y avait bien le pot Felix Riebl avec sa voix suave et sa gueule de playboy, mais le noyau de leur comète c’est sans conteste l’hirsute trompettiste et chanteur Henry James Angus. Sa voix nasale, à la fois haute et rauque est envoûtante dans toute la singularité de son grain. Et quand le rythme s’emballe, il explose et la fait claquer et frapper dans tous les sens dans un espèce de scat du diable et instantanément, c’est la salle entière qui part en vrille. Par moment, on aurait réellement pu croire que le plancher était pour y pousser son dernier souffle.

Angus est un musicien jazz gradué et c’est la puissance de son cuivre qui prend le dessus et mène tout le reste. C’est lui la pièce maîtresse. Lui et le pianiste Ollie McGill qui, du bout de ses touches sûres et justes, aligne toute la fondation mélodique et donne un peu de coffre à cette musique du plaisir. Du bout des doigts, il fait prendre son envol à ce gigantesque oiseau de feu qui s’élance et éclate d’un rire clair en étendant ses ailes dans l’azur…

Sur ce, bon été les poussins.