Chaude soirée de mai et L’Olympia qui affiche complet. Pas surprenant d’un poil avec la venue de la nouvelle sensation de l’humour québécois, l’excessivement chevelu François Bellefeuille. En effet, arrivé comme une touffe de cheveux sur la soupe, il a définitivement marqué la dernière année dans la province. Un visage marquant, s’il en est, qu’il façonne habilement en exorbitant ses grands globes bleu clair et en s’ébouriffant la tignasse. Définitivement, ce qu’on apelle un personnage.
Le spectacle, couronné show de l’année dimanche dernier au gala les Olivier, en plus de valoir le trophée de la mise en scène à Martin Petit, a coulé comme le fleuve. Au clignement d’une paupière, j’ai vaguement redouté le moment où ça se terminerait et puis hop…ça y était: Fin! C’est que le gars a un débit naturel vraiment agréable. Il y va doucement, nous emmène dans sa tête de sauté-capoté avec un mathématique doigté. Et tout est dans le ton, dans les accents, les intonations. Il y va délicatement, bin bin cute, les p’tits chatons, les poussins pis toute pis toute, et là, soudainement au détour, il pète les plombs solide et se met à gueuler comme un perdu.
Bellefeuille surprend et c’est immanquablement hilarant. Et puis la mécanique reprend..il se calme, prend son souffle et repart la p’tite voix, d’aigu en aigus, pas à pas vers une autre de ses désormais célèbres éruptions. Efficace à chaque fois.
Mis à part son faciès qui se fait aller en ti-péché, il gesticule peu. On pourrait même dire qu’il est un brin statique. Et on s’en plaint parce que les rares fois qu’il s’agite un peu les membres, c’est crampant au possible. Notamment, lorsqu’il s’imagine se pavaner en skinny jeans autour d’un mourant ou en imitant sa blonde de 8 pieds se promener dans un appartement au plafond trop bas. Ça vous donne une idée?
Il y a bien un ou deux numéros plus faibles au centre, comme celui où il s’est amusé à refaire la mappemonde à sa façon ou bien celui pendant lequel il nous a fait la lecture de livres pour enfants en s’aidant de graphiques sur un écran géant derrière lui. Des séquences sans grande surprises qui sonnaient un peu comme un ramassis de vieilles blagues plutôt mal ficelées. Malgré tout, pour un premier one-man, notre hôte s’en tire à merveille.
En bonus, il s’est permis de nous retenir après sa prestation pour tester quelques numéros en prévision de ses diverses apparitions à venir. Un beau cadeau. Un moment privilégié où on a pu s’asseoir tranquillement avec l’auteur, tout d’un coup détendu, et le sentir dans ce qu’il est vraiment, dans sa vulnérabilité et ce qu’il a de plus brut. Un beau moment.
Et c’est ainsi que le rouquin ménestrel poursuivra son immense tournée de plus belle jusqu’en 2016 partout dans la province.
Et les billets sont disponibles ici: http://www.francoisbellefeuille.com