Ça faisait un bail qu’on ne l’avait pas fait entre quatre murs. Tout l’été durant au grand air. De festivals en shows de ruelle, sous le soleil ou à la belle étoile. Mais ce soir, avec le retour des frisquettes, on s’en retournait un brin penauds au bon vieux concert en salle.
En entrant, on a tout de suite senti la douce brise du pacifique nous flatter le visage et ça a fait du bien. En effet, sous ce toît ce soir, allaient se succéder trois bands de jeunes californiens en vogue. Juste pour se faire croire qu’un été éternel vivrait bel et bien, encore et toujours.
Et pour l’occasion, le Métropolis suintait la jeune fille en fleur. Extasiée dans l’espoir d’avoir la chance de peut-être croiser du regard, ne serait-ce que pour un instant, le beau gosse dont les portraits tapissent le mur rose. Car, il faut bien le dire, ce soir c’est The Neighbourhood qu’elles attendent et c’est bien connu, Jesse James Rutherford, le leader de ce quintette de la banlieue de L.A., a de la graine de sex-symbol (..sans mauvais jeu de mots ici s.v.p.).
En première partie de Rutherford et de sa bande d’égérie-rebelles, se déhanchaient nonchalament les nombreux membres du groupe indie-rock Hunny. Il y avait quelque chose de bizarrement rafraîchissant dans leurs longs tricots rapiécés et leurs moues de dépravés. La bouteille de rouge au bout des doigts, ils sont naturellement désinvoltes dans une espèce de version revampée de The Killers un brin sur la brosse. Leur demi-heure fut définitivement agréable.
S’installèrent ensuite les gentils petits rockers de Bad Suns. Juste le nom, ça partait mal. Je sais pas, c’est comme trop facile. Et, effectivement, ce l’était jusqu’à la dernière goutte. Le chanteur Christo Bowman a bien une voix, ça oui. Puissante, feutrée, rapellant par moment des as tels Davey Havok (A.F.I.) ou même Robert Smith (The Cure), mais la bande-son qui l’enveloppait fut à ce point quétaine et formatée qu’elle en est morte, noyée dans cette mare stagnante. Triste pour elle.
Et malgré que cette foule impatiente les attendait affamée, The NHBD a su créé le frisson en entrant sous un son grincant et assourdissant de grosse guit sale qui nous a tous fait sursauté. Une des plus belles et surprenantes entrées en matière que j’aie vu, lorsque leur silhouettes ont empli la scène comme englobées dans le strobe aveuglant d’un écran mural gigantesque. Et c’était fort, très fort, de dire un tympan amateur de métal qui en a vibré d’autres.
Et c’était parti pour l’expérience. Car, c’est vrai que le beau Jesse sait séduire, torse nu, tatoué, ondulant dans les projecteurs, mais ce que ces gars-là ont à proposer est une véritable oeuvre d’art. Leur musique pompe l’obscurité de beat lourds et enivrants dans lesquels on est aspirés tête première. Et elle n’est qu’une des facettes de l’oeuvre dans son ensemble. Visuelle avant tout, léchée, frappante dans sa vision à la fois séduisante et troublante de la beautée californienne maudite.
Leur cheptel de vidéoclips est large et ils sont plus magnifiques les uns que les autres. Sur scène, ils ont su faire exploser cette imagerie hantée avec brio. Sur l’écran derrière eux, un fleuve de beautée monochrome s’est écoulé, atteignant son paroxysme autour d’un Rutherford soudainement seul, se laissant aller à un aparté rappé, allongeant du coup une des franges de leur rock expérimental en constant flirt avec son penchant hip-hop. Tout un spectacle, vraiment.
Au-delà des flashs de la pop, il y a ici une réelle vision, un réel talent. Faut se donner la peine des fois.