Par tous les diables – Notre épopée au Rockfest 2016
BloguesMax Clark

Par tous les diables – Notre épopée au Rockfest 2016

Les fidèles sauront de quoi je parle. Dès le moment où notre cerveau a repris un brin du poil de sa bête, dès qu’il reprend conscience dans les vapeurs de ce monstrueux week-end, il se met déjà à imaginer l’édition de l’an prochain.

L’Amnesia Rockfest c’est de la musique, oui, une overdose totale de musique, mais c’est aussi et surtout une expérience pleine et complète. Deux jours à vivre dans un village de barbares, au milieu de dizaines de milliers de vikings brutaux et assoiffés. Deux jours à marcher dans la poussière, la crasse et la bière répandue, à gueuler et à se poussailler joyeusement. C’est assez pour en oublier le monde, pour se laver l’âme de toute sa laideur et pour en purger toute la haine qu’on lui porte dans une orgie de bruits et d’alcool. Des fois, ça fait du bien.

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Et ça allait commencer solide. Les frères Cavalera en personne qui nous proposaient leur emblématique Roots, d’un couvercle à l’autre. J’avais prévu une saucette sur les petites scènes pour voir les champions du Hardcore canadien Comeback Kid mais j’ai malheureusement dû me contenter de les entendre du fin fond d’une file d’attente compressée, immobile et suante. On y a passé plus de deux heures, honnêtement, faudrait y voir. Mais bon, on l’a fait à temps pour notre rencontre avec le duo de frangins barbus et les brésiliens nous ont remmené à leurs sanglantes racines avec une énergie béton. Et c’est ainsi que c’était parti!

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Suivaient les floridiens de Against Me!. Sans être complètement inintéressant leur rock à tendances arénaesques nous a laissé un peu sur notre faim. Aussi anarcho-revendicateur peut-il être, il manquait cruellement de mordant. Et pour ça par contre, on savait à qui s’adresser. On a donc déménagé nos pénates pour attraper la fin du set des punks sales de The Casualties. AH!…en terme de hargne, là tu jases.

Prochaine étape: un dilemme irréconciliable. Dans le coin droit, les routiers québécois de WD-40 dont les frasques polliwogiennes hantent encore nos stades de baseball. Dans le coin gauche, les icônes du Black Metal britannique Cradle of Filth. Égalité, split decision. Première moitié Country crasse, deuxième sous les hurlements du succube. Tout un mixte: les deux totalement s’a coche dans leur genre respectif.

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Suivait pour clore l’après-midi, la bande de déglingués de NOFX. Fidèles à eux-mêmes: rapides, pétants, parfaits. Et on ne s’attendait à rien de moins. Puis, poutine. Puis, Billy Talent: un départ au quart de tour, des enchaînements huilés à souhait et une finale la face plantée dans l’asphalte. Oh que c’était oui, comme d’habitude.

Et la soirée ne faisait que commencer. Une fois l’obscurité tombée, c’est la gang de néo-métalleux de Korn qui s’en venait nous montrer s’ils pouvaient encore nous brasser la cage comme dans le temps. Et bon dieu, la bande de Jonathan Davis n’a pas vieilli. Ils sont identiques: aussi énergiques, aussi enragés. Tout un show. Mais la palme de la soirée revient sans hésitation à une bande de matelots norvégiens à la sexualité débridée. En effet, le show que Turbonegro a offert sur une des petites scènes en fin de soirée était tout ce qu’il y a de plus exquis. Une gang de poilus, maquillés et totalement décomplexés qui se la pètent joyeusement. Un party-rock juste assez glam, juste assez punk. Définitivement la foule la plus agréable de la fin de semaine.

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Et pour ce qui est de la tête d’affiche du vendredi: et bien Blink-182 sans Tom DeLonge, ce n’est tout simplement plus Blink-182. Ça sonnait à la limite comme un mauvais groupe-hommage qui en faisait des covers. Très décevant après le party qu’ils avaient levé il y a quelques années au festival. R.I.P. petit lapin.

Jour 2

Deuxième journée sous un soleil de plomb et ça décolle avec les irrévérencieux skate-punkers de Guttermouth. Je ne sais pas ce que Mark Adkins a pris ce matin-là, mais c’était fort. Il avait l’air de Denis la menace sur un rush de slush puppie. Trop excité pour savoir quoi faire de ses membres, hésitant entre grommeler d’interminables platitudes entre les pièces et en oublié les paroles. Bref, le gars a foiré big time.

Nouveau détour par les petites scènes pour assister à la prestation de ceux qui se verront décerner la palme de l’intensité pour cette année. C’est officiel, les australiens de King Parrot sont des débiles mentaux. Un son à la jointure du Sludge et du Hardcore avec une scie mécanique Grind de pogné dans le gargoton. Les veines pétées dans le front, les globes oculaires sur le bord de fendre. On en est resté totalement sur le cul.

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Dîner sous les mélodies des punks suédois de Millencolin. Je les avais raté lors de leur dernier passage, pris dans la file d’attente à l’entrée, encore, mais cette fois j’étais aux premières loges et c’était délicieux. Et puis, on s’est évanoui, sieste. Au réveil, comme s’il l’avait senti, le Fest nous accueilli avec la portion relaxation de son horaire. L’invité Hip-Hop du week-end était loin d’être le moindre: Ice motherfuckin’ Cube. Tout en groove et en ondulation, l’offrande qu’il nous a apporté était exactement ce dont on avait besoin pour se remettre en selle.

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Et on allait en avoir besoin parce que l’énergie que la bande de Limp Bizkit allait insuffler à cette foule en a fait un océan des plus menaçants. Gonflant sans cesse de tous bords autour de nous, ses vagues immenses nous emportaient vers les profondeurs avant de nous recracher brusquement vers la surface. Peinant à garder la tête hors de l’eau, on l’a aperçu au loin: Captain Coolax, le pot Fred Durst soufflant sur les braises au creux de cette foule qui, à la limite de l’extinction venait de reprendre de mille feux. Le show du week-end.

Et c’est ainsi qu’il est mort ce week-end, doucement, en berçant nos tympans meurtris au son de la transe psychédélique des québécois de Grimskunk, qui dignes de leur réputation, ont fait honneur à leur place de choix dans l’horaire et nous ont rappelé à quel point ce festival est une véritable bénédiction. Nous reviendrons Montebello. Nous reviendrons.

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