WD-40 + Québec Redneck Bluegrass Project @ les Katacombes – Tout pour le rock
Tel un de ces succulents trios poutine au gras de porc le lendemain d’une solide cuite, l’appel de ces trois éléments réunis ne laissait aucune place à l’hésitation. Le temps d’une soirée les légendes du rock de rue WD-40 allaient en effet s’associer aux bardes de brosse de l’heure Québec Redneck Bluegrass Project sous le toît de nos mythiques Katacombes. Il n’était pas question qu’on manque ça.
Ce sera donc sous le signe de la poésie crasse et de la cervoise renversée que nous passerons notre jeudi. Va falloir être sérieusement prêts.
Et comme prévu, c’en fut une mémorablement trash. Dans la filée, la question était sur toutes les lèvres, qui jouera avant qui? Il n’y a pas si longtemps, il aurait été évident que le trio d’Alex Jones aurait été en tête d’affiche. Véritable monument de la scène underground d’ici, la qualité des partys que ces road warriors saguenéens ont su levés à travers la province au cours des 20 dernières années leur en aurait assurée. Mais, la fulgurante ascension de la bande de JP le Pad ces dernières années et leur impressionante capacité à étendre un mosh pit jusqu’aux tréfonds les plus obscurs d’une salle de spectacle, leur a permis de ravir la finale.
Qu’à cela ne tienne, WD nous avait réjoui au Rockfest quelques semaines plus tôt et on avait très hâte de s’en régaler en formule intime. Et leur panache était bien affuté. Les années qui s’écoulent sur leur dos ne semblent pas du tout affecter l’énergie du diable qu’ils déversent à grands flots. Quelques pièces plus récentes se sont mêlées à plusieurs de leurs classiques aux titres plus savoureux les uns que les autres, tels Enfant de chienne, Là où les chiens jappent du trou d’cul et Femme tout nue. Sans oublier la suintante Y’en aura pas de p’tites culottes, en version à peine un peu plus prude qu’autrefois..
Bref, la foule était chaude, très chaude pour l’arrivée de nos, tout aussi saguenéens, seigneurs du folk sale. Et c’est partie tout seul, en commençant à brasser en avant jusqu’à s’étendre à la grandeur de la pièce en l’temps de l’dire. Au son de ce joyeux quatuors à cordes, les plus timides s’emballent et se mettent à barouetter, à se poussailler, puis à giguer ferme comme dans l’temps, dans la chaleur du campe. La sueur, les giclures de bière, c’était pareil comme la dernière fois. Trimballant une grosse canne de Pabst effoirée je me laissais aller à la défonce sous des airs de trad gaiement repiqué à la sauce punk trash et moi, j’étais bien.
Toute une veillée donc qui ne s’en finissait plus de finir, étirant les grincements violonneux et les chansons à répondre grivoise jusqu’aux petites heures du matin.
C’est mon vieux corps qui en a sonné le glas. Brûlé, trempé, le rock en est venu à bout. Et je suis rentré déglinguant les ruelles sous la chaude pluie de juillet. Aucun remord, aucun regret.
(CRÉDIT PHOTO: Guillaume Bell)